Gods Versus Aliens

The Missing

Face à cet étranger aux allures de trappeur, les jeunes gens prirent peur. Sûrement, avec davantage de sang-froid et de maturité, auraient-ils pu tenter quelque chose : rassembler leurs précieux talents et réagir en tant que groupe. Mais ils n'en étaient pas à ce stade. Sans préparation, ce fut la panique qui l'emporta.

Zeke lâcha aussitôt son fusil, qui tomba sur les graviers recouverts du tissu de mousse asséché. Sahar leva les mains en signe de reddition, quoique sans abandonner pour sa part son Tube métallique.

Nero laissa tomber son gourdin pour se précipiter sur Ciara. Car la jeune femme ne put supporter l'afflux simultané à la fois de l'agressivité du trappeur et de la panique de ses compagnons. Elle perdit connaissance et s'effondra sans autre avertissement ; Nero la rattrapa juste avant qu'elle ne se blesse dans sa chute.

  – Lâche-là ! Écarte-toi ! aboya l'autochtone en direction de Nero. Et toi ajouta-t-il pour Sahar, tu poses cette matraque.

En arrière, le husky avança en grondant de plus belle, ce qui poussa Sahar à obéir. Elle se baissa pour poser sur le sol son cylindre électrique. Nero quant à lui déposa délicatement Ciara et recula d'un pas.

Le trappeur fit reculer encore davantage le garçon, puis observa l'adolescente inconsciente avec méfiance. Il pointa le canon de son arme vers son visage pour écarter ses tresses emmêlées. Ce qui fit réagir Sahar.

  – Eh ! s'écria-t-elle en avançant d'un pas.

Immédiatement le trappeur brandit son fusil vers le visage traversé d'une cicatrice, stoppant Sahar dans son élan. Puis il se mit à observer les autres jeunes gens un à un.

Finalement, il gronda à l'intention de la jeune femme :

  – Fais voir cette cicatrice ! Avance !

Sahar obéit. Nero d'un signe de la main l'apaisa, comme s'il avait vu ce qui allait se passer. Elle tendit la joue, et l'autochtone l'observa comme il l'avait fait pour le visage de Ciara. Après quoi il renifla et recula.

  – Vous êtes pas malades ? demanda-t-il.
  – Non, monsieur, dit Nero, qui semblait avoir retrouvé son sang froid.

La réponse arracha un grognement au trappeur. Il ajouta en désignant leurs tenues :

  – Ces vêtements, vous les avez volés aux Nahani.
  – On est désolés d'avoir volé vos amis, dit Nero, jouant la carte de la franchise. On a eu des problèmes et il a fallu qu'on trouve des habits.

Cette réponse soutira un haussement d'épaules au rustre individu.

  – Bah, j'imagine qu'ils reviendront pas les demander...
  – Que voulez-vous dire ? Est-ce qu'ils sont... morts ?

  – C'est tout comme. Avec qui vous avez eu vos soi-disant problèmes ? Vous aussi vous avez vu les Toubibs ?
  – Quoi ? fit Sahar en réagissant brusquement, s'attirant aussitôt un regain de méfiance de la part de leur opposant armé, qui lui brandit le canon de fusil sous le nez.

  – Toi l'énervée tu restes tranquille ! gronda-t-il en même temps.

Nero fit reculer la jeune femme en lui appuyant un nouveau regard apaisant, indiquant qu'il prenait la situation en main. Puis le grand adolescent se retourna vers leur interlocuteur. Il mesurait une bonne tête de plus que ce dernier, et sa silhouette imposante sembla réattirer sur lui toute son attention.

  – Pardon, monsieur, dit-il, mais on sait pas qui sont les "toubibs" dont vous parlez.

  – Vous êtes sûrement trop jeunes pour être avec eux de toute façon, fit le trappeur après un moment à les étudier.