A l'intérieur du Centre Communautaire, la soirée battait son plein : la musique cognait fort dans la poitrine et les tympans d'une foule de jeunes gens exaltés, remplis d'une formidable joie de vivre. Des couples s'étaient formés un peu partout, même en dehors de la piste de danse, dans les salles annexes. Ils s'enlaçaient lascivement en s'observant les yeux dans les yeux. Beaucoup s'embrassaient, avec passion.
Parmi la foule, trois couples manifestaient des comportements distincts : rieur et insouciant du côté de Zeke et Chenoa, avec leurs tempéraments spontanés ; vibrant chez Tyler et Ciara qui se fixaient dans les yeux comme deux âmes transies ; joueur et ambiguë en ce qui concernait Divine et Ehawee.
Au dehors, si ce n'est l'ambiance musicale plus tribale et rythmée, les feux tenant lieu de spots et de fumigènes, la soirée présentait le même visage. Sous les regards vides des patrouilleurs, nombre de jeunes gens s'enlaçaient, par couples, tous emportés par la même fièvre.
La grande silhouette de Nero ne les remarquait même pas, et personne ne semblait le remarquer en retour. Le garçon était focalisé sur ce sifflement intriguant, qu'il avait déjà entendu dans l'après-midi. Cela s'était arrêté deux bonnes heures, mais avait repris dès leur arrivée ici. Et même davantage, le sifflement s'accroissait en intensité.
Ce n'était pas assourdissant, seulement lancinant, un peu comme une alarme de voiture lointaine, qui ne s'éteint jamais et reprend régulièrement de la vigueur, en moins aiguë peut-être.
Nero sortit du Centre communautaire à la recherche de l'origine de cette sonorité. Il ne ressentait pas la fièvre ambiante. Non pas qu'elle lui inspirât du désagrément, ou une quelconque forme de mépris. Il était simplement indifférent à ce genre de manifestations sociales. Comme si son être tout entier était façonné pour ignorer les pulsions humaines, en se concentrant que la matière cérébrale apportée par le monde autour de lui.
Il voyait la foule et comprenait ses comportements. Mais il les voyait du dehors, pas du dedans. Il les analysait, objectivement. Et là encore, ce n'étaient pas les relations entre ces jeunes gens qu'il cherchait à analyser. C'était autre chose... d'impalpable, et pourtant omniprésent. Il essayait de comprendre quelle sorte de force était à l'œuvre en ce lieu, qui puisse être capable de provoquer l'étonnant ballet qu'il constatait.
Or, le sifflement semblait fortement corrélé à ce phénomène. Au moment où le sifflement avait grandi, les jeunes gens s'étaient rapprochés, l'atmosphère réchauffée. Et Nero savait intuitivement d'où provenait le sifflement. Il le sentait intuitivement, et la logique voulait qu'il en soit ainsi.
C'est à sa rencontre qu'il se rendit: face à l'émetteur supposé de la mélopée, le grand totem dressé entre les feux de joie.
En s'approchant, un peu trop près, du monolithe, Nero fut arrêté par deux patrouilleurs, un homme et une femme, la femme plus grande que l'homme en l'occurrence. Nero, qui n'était pas individu à chercher les ennuis, encore moins la bagarre, s'arrêta à cet avertissement et recula pour seulement examiner le grand mat de bois à distance.
Un Totem des Premières Nations, avait dit Ehawee. Il n'avait pas de raison de mentir, et le monument ressemblait bien à l'idée que l'on pouvait se faire d'un tel ouvrage. Il était finement sculpté, d'un diamètre de trente centimètres au moins. Des couleurs vieillies recouvraient ses reliefs qui figuraient des visages, ou des animaux sauvages.
Éclaboussé par les flammes tourbillonnantes qui le cernaient, le Totem renvoyait des reflets dorés dans la nuit, par certains aspects envoûtants. Mais ce n'est pas ce qui acheva de convaincre Nero : en réalité, le sifflement était plus intense à sa proximité. Le Totem en était clairement l'épicentre.
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Gods Versus Aliens
Science FictionLa guerre entre les Dieux et les Aliens a débuté *** Gods VS Aliens - La sitcom des Dieux *** ---------------------------------------------------------------------------------- Voilà plus d'un demi siècle, nous propulsions dans l'espace les sondes...