The Good Doctor

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  – Docteur ? dit l'homme en blouse blanche, en pénétrant dans la salle d'observation du Centre de Soins de Buffalo Hill. Excusez-moi... Docteur ?

La personne que l'infirmier interpelait était une femme. Ses subordonnés l'appelaient naturellement "Docteur", mais dans le village, chacun la connaissait mieux sous le nom de "la Doctoresse".

La Doctoresse était apparue dès le début de l'épidémie. Dépêchée par l'agence de santé publique gouvernementale, elle était arrivée rapidement sur les lieux. Elle était accompagnée d'une équipe singulière, spécialisée dans la lutte contre les maladies infectieuses. Ils disposaient d'un matériel de biosécurité haut de gamme grâce auquel ils avaient pu endiguer l'épidémie.

Si les membres de cette équipe restaient secrets et distants, les habitants du village n'en éprouvaient pas moins de reconnaissance envers eux. Quelle que soit leur mission réelle, ils bénéficiaient du soutien de la communauté. Par ailleurs, on ne les voyait guère : ils ne sortaient du centre de soins que pour endosser leurs tenues de sécurité hermétiques, lorsqu'ils partaient en intervention.

Grâce à la Doctoresse, le village avait survécu à l'épidémie. Chacun se félicitait qu'il n'y eut aucun décès à déplorer, et ils accueillaient avec hospitalité les réfugiés ou les malades des régions voisines.

Pour autant, le statut de Buffalo Hill n'était pas encore revenu à la normale. Les troupes de patrouilleurs continuaient à surveiller, et l'on ne pouvait toujours pas communiquer avec l'extérieur. Mais à l'intérieur même du village, les gens étaient libres, saufs, et ne manquaient de rien, si bien qu'ils acceptaient de bon gré cette situation.


Entre les murs du Community Health Center, la Doctoresse se tenait debout derrière une vitre épaisse. De l'autre côté, elle pouvait observer ce qui se passait dans plusieurs alcôves alignées et séparées de rideaux opaques, généralement réservées aux urgences. Ce jour là, les locaux n'accueillaient aucun cas grave. Les alcôves étaient vides, à l'exception d'une jeune femme rousse inconsciente.

La Doctoresse se retourna vers l'infirmier qui venait de l'interpeller.

  – Docteur, répéta-t-il. J'ai les résultats des analyses que vous avez demandées... C'est vraiment étrange, si je peux me permettre. D'après ces résultats, il semblerait que cette espèce de tresse qu'elle a dans les cheveux soit réellement de structure végétale.

L'infirmier tendait une liasse de notes contenant la liste des composés chimiques prélevés sur la tresse. Sa perplexité n'égalait que le manque de réaction de sa supérieure. La Doctoresse n'avait tout bonnement pas réagi à ses paroles.

Elle saisit les résultats mais leur jeta à peine un œil. Elle déclara :

  – Oubliez ça, tout va bien.

L'infirmier eut beau froncer les sourcils, la Doctoresse le congédia d'un geste. Après un instant d'hésitation, il obtempéra et quitta la salle d'observation.

La Doctoresse inséra alors les feuilles contenant les résultats d'analyses dans un broyeur de papier, et pressa sur le bouton. Les documents partirent en confettis à l'intérieur du réceptacle.


Lorsque Ciara se réveilla de son coma, la première chose qui lui vint à l'esprit... ce fut le silence.

Elle ouvrit les yeux, et pendant quelques instants, ne fit que savourer cette sensation, délicieuse. Le silence est un cadeau précieux, que l'on ignore jusqu'à ce qu'il brille par son absence ; car alors, c'est la tyrannie du bruit.

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