Nero & Ciara

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Nero grimpa au sommet d'un rocher pour examiner avec un peu de hauteur la surface du lac qui s'étendait à leurs pieds. Ciara le rejoignit à cet endroit.

  – On peut faire une pause, s'il te plaît ? demanda-t-elle. Je suis épuisée...

Nero n'eut pas le temps de répondre, que la jeune femme ajouta :
  – Je sais, je ne tiens pas la distance... C'est pas de ma faute.

Depuis qu'ils avaient laissé leur parachute en arrière, les deux adolescents marchaient depuis une vingtaine de minutes dans une zone broussailleuse, au sud d'une large étendue aquatique, dont l'eau limpide reflétait les couleurs du ciel nuageux.

Le garçon était grand et robuste : un mètre quatre-vingt dix environ, même s'il était plus fort que musclé réellement. Tandis que sa compagne semblait son antithèse : elle avait une de ces peaux qui ne bronzent jamais, couverte de taches de rousseur. Elle était petite et menue, ses cheveux lui tombaient loin dans le dos.

  – Tu es connectée en permanence, c'est sûrement ça qui t'épuise, dit Nero. On n'a pas beaucoup de recul, mais jusqu'à maintenant, aucun d'entre nous ne parvient à utiliser son pouvoir en continu. Le mien fait des pauses... je ne sais pas trop pourquoi, il s'arrête et reprend sans prévenir. Toi, c'est comme si tu captais tout le temps la fréquence radio de nos pensées.

  – Les tiennes, en l'occurrence, dit Ciara. J'entends même ma propre voix à l'intérieur de tes pensées... Je t'assure que c'est perturbant. Et c'est quoi en arrière... ? Tu es en train de compter ?

Nero fit la grimace et montra l'horizon, au-delà de la surface du lac. De l'autre côté, des forêts de sapins les empêchaient de distinguer ce qui pouvait se trouver derrière ce rideau de végétation.

  – Je calcule la distance qui nous sépare de Zeke et Sahar, dit Nero. Leurs parachutes sont tombés au nord du lac et nous au sud. La logique veut qu'ils aient pris comme nous la direction de l'ouest, c'est le plus court et nous avions prévu de nous retrouver dès que possible. Considérant notre vitesse, je pense que nous atteindrons le bout du lac dans deux ou trois heures.

  – T'es une sorte de surdoué, c'est ça ? fit Ciara.
  – Qu'est-ce que tu veux dire ?

  – Je ne suis pas sûre que beaucoup de personnes soient capables de tenir une discussion et d'effectuer ces calculs, comme tu le fais, en même temps.

A ce moment, une douleur plomba le crâne de la jeune femme rousse. Elle se prit la tête à deux mains et demanda dans une plainte : 

  – Tu pourrais pas essayer d'arrêter de penser un moment ? J'aimerais tellement me reposer !
  – Désolé, je ne crois pas savoir faire, non, dit Nero. En revanche, on pourrait essayer de se séparer.

  – Quoi ? fit Ciara, à moitié sans comprendre en raison de sa douleur, et à moitié inquiète à cette idée.
  – De quelques mètres. Éloigne-toi... tu verras bien à partir de quelle distance tu ne captes plus mes pensées.

Ciara jugea que c'était une bonne idée et s'éloigna ainsi que le garçon l'avait suggéré. Le signal télépathique, après une vingtaine de mètres, sembla faiblir. Pour s'arrêter complètement au-delà de cinquante mètres.

  – Oh bon sang... souffla Ciara, sentant un poids énorme se libérer de son crâne. Merci ! cria-t-elle au garçon, en dressant un bras avec le pouce tendu en signe de succès.

Nero sourit en réponse. Il cria en retour :

  – Je propose qu'on avance en parallèle, vers l'ouest !
  – Je te suis ! répondit Ciara, plus légère tout à coup, à présent qu'elle était débarrassée du fardeau mental.

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