Hélène

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Il est parti.

Papa.

La dernière fois que j'ai vu mon père, je lui ai demandé de ne plus chercher à me voir. Il était souvent absent, et cela, au plus grand désespoir de maman.

Nous étions pourtant proches autrefois. Enfin, je crois que nous l'étions, En tout cas, je faisais tout pour quitte à lui coller aux basques lors de ces sorties ''loisirs''. La boxe, la chasse, les stands de tir, les randonnées et ses cours de survie. Tout ce qu'il aurait voulu apprendre à son fils, s'il en avait eu un. 

Or, il m'a eu moi. Une fille grincheuse et associable. J'étais fille unique, je n'avais pas pour habitude de côtoyer les gens en général, Mis à part ma meilleure amie et ma mère.

Ma mère, toute de noir vêtu, était assise à côté de moi. Elle regardait de ses yeux vides le prêtre gesticuler sur la bonne foi de mon père ou peut-être était ce son cercueil. Depuis qu'elle ait appris la nouvelle, elle n'a plus prononcé un mot. Toute tentative finissait en sanglot incontrôlable. Je me contentais seulement de la prendre dans mes bras en lui disant que tout allait bien. Maman ne voyait pas le mal en mon père, elle l'aimait tout simplement. Je ne pouvais pas lui en vouloir, il était manipulateur et menteur.

Il n'était jamais là, toujours à la base avec ses collègues militaires. Il était recruteur d'après ce qu'il disait. Un recruteur était réellement censé être absent du matin au soir et parfois rentrer tard la nuit ? Voire pas du tout ? Mais petite, je ne me posais pas toutes ces questions. Je lui collais au cul comme bébé caneton colle sa maman. 

Je l'aimais profondément jusqu'à ce que je comprenne qu'il n'en avait rien à faire de moi à part me faire souffrir.

Un courant d'air me chatouilla la nuque. Agacée, je tournai la tête en direction de la porte ouverte sur trois silhouettes sombres dans l'encadrement de la grande porte. Toutes trois avancèrent vers l'autel, la mine sombre. L'un d'entre eux était une jeune femme, magnifique, châtain aux yeux océan. Elle était soutenue par un grand gaillard aux cheveux foncés avec des lunettes de soleil sur le nez. Soutenue à cause du chagrin ou d'une bonne cuite non assumée de la veille.

Derrière eux, un autre grand gaillard aux cheveux d'un blond presque blanc suivait les mains dans les poches de sa veste noire. Son regard bleu glacé fixait le cercueil de mon père. Il me fila la chaire de poule. Mais pas de peur, non. Il était d'une beauté renversante, l'homme le plus beau que je n'ai jamais vu. Ils prirent place sur le banc à notre droite sans un regard vers nous.

Nous étions des étrangers parmi des étrangers. Je ne connaissais personne dans cette église. Surement des amis et des collègues à mon père. Eux au moins avaient eu la chance de le voir plus souvent...

C'est à mes 18 ans que j'ai décidé de me réveiller et de tout envoyer bouler. Je me suis éloignée de lui, mais aussi de ma mère. Elle l'aimait plus que tout, quitte à en souffrir, il ne méritait pas son amour. J'essayais de prendre un maximum de ses nouvelles. Elle était ma seule raison de tenir le coup et j'étais la seule raison pour elle de vivre.

Je la regardais pour la dixième fois depuis que nous sommes entrés dans cette église. Des larmes silencieuses roulaient sur ses joues, inondant nos mains jointes. Je serrai sa main et elle posa sa tête sur mon épaule.

Elle vivait chez ma tante et mon oncle Polo depuis le décès de mon père. J'étais soulagée de ne pas la savoir seule. J'étais aussi honteuse de ne pas lui avoir proposé de revenir vivre avec elle. Je savais qu'elle aurait refusé. 

Depuis presque 10 ans, je vivais sur Lyon avec mon chat. Cinq ans en ayant coupé les ponts avec mon père. J'avais fait ma vie et quelques amis. Enfin une amie.

Le prêtre se mit à chanter. Les yeux levés au ciel, je jurai intérieurement. Mon Dieu quelle casserole ! Je crus entendre ma mère gémir à côté de moi. Je la regardais dans l'idée de la réconforter, mais je fus surprise. Elle riait la tête baissée. Je serrai sa main en me mordant les lèvres et en fermant les yeux pour ne pas rire avec elle. Je l'aimais tellement. Là, voire sourire pour la première fois depuis plusieurs jours me réchauffait le cœur, car même si j'avais beaucoup de ressentiments envers mon père, sa perte me faisait mal. Il nous abandonnait une fois de plus.

Alors que nous nous reprenions, le prêtre nous invita à sortir de l'église. Ma mère se leva, sa main toujours dans la mienne et commença à avancer. C'est alors qu'une masse noire et excessivement dur me percuta.

-Pardon. Dis-je doucement en levant mon visage vers ma victime.

Un regard bleu glacé me répondit avec froideur. C'était le grand costaux blond. Il devait faire deux tailles de plus que moi, sa carrure imposante me cachait la vue, voire mes angles mort. Il était d'une beauté saisissante et à la fois effrayante. Mon cœur s'était arrêté le temps d'une seconde. Une seconde qu'il brisa en soupirant avant de partir vers la sortie.

-Quel drôle d'énergumène. Murmura ma mère.

-Flippant, tu veux dire.

-Viens ma fleur.

Elle me tira vers la sortie. Si elle ne m'avait pas lâchée la main, je crois que je me serais effondrée, électrocutée par ses yeux effrayants et attirants à la fois. Il était encore plus beau de près, incroyablement irrésistible.

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Hey mes guimauves! J'espère que vous avez apprécié ce premier chapitre! Hi hi!

Qu'en pensez vous?

La bise à Denise <3

Protection (très) rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant