Musique : Sweet Child O' Mine, Guns N Roses
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Le six avril 1997 fut à tout point de vue une journée exceptionnelle. En rentrant chez elle cet après-midi-là, Rebecca Rhyce décida de profiter du soleil qui pointait enfin le bout de son nez après un printemps pluvieux pour faire un tour dans les rues résidentielles qui entouraient sa maison, sans avoir conscience que cette simple décision marquerait indéniablement sa vie.
Lorsqu'elle passa devant le grand immeuble moldu de douze étages, elle prit comme d'habitude soin de faire un grand détour pour éviter la grande benne qui trônait contre un mur et semblait ne pas avoir été vidée depuis une bonne dizaine d'années. Elle foudroya le dépotoir du regard en portant la main sur son nez pour se protéger des mauvaises odeurs, lorsque son regard buta sur une petite ombre, à peine perceptible, qui se faufila parmi les déchets avant de disparaître derrière un carton taché de sauce tomate.
La mâchoire de Rebecca manqua de se décrocher.
Aussitôt, elle prit ses jambes à son cou et courut jusqu'à son propre immeuble, une petite bâtisse de deux étages qui, pour n'importe quel passant, semblait en ruines. Pour Rebecca, cependant, comme pour tous les sorciers qui habitaient là, l'immeuble tenait parfaitement debout, malgré ses murs décrépis. Elle poussa la porte du hall et bondit par-dessus les deux moitiés d'un paillasson mangé aux mites, avant de gravir quatre à quatre les marches de l'escalier, jusqu'au premier étage.
Essoufflée, elle posa l'oreille contre la porte de l'appartement de gauche. Elle ne tarda pas à reconnaître une voix en particulier, et pesta à voix basse : il s'agissait d'Enid Ashford, sa mégère de voisine qui les détestait, elle et sa famille. Qu'à cela ne tînt ! Rebecca était depuis longtemps rompue à éviter Mrs Ashford, et possédait un large panel d'astuces.
Ni une ni deux, elle ouvrit la fenêtre du palier, jeta un regard précautionneux pour vérifier que personne ne pouvait la voir, et sauta sans hésiter. Mais au lieu de chuter comme une pierre, elle flotta dans les airs dans une mécanique parfaitement maîtrisée. Elle contourna ainsi l'immeuble, en volant, jusqu'à une fenêtre qu'elle connaissait bien. Un garçon de son âge s'y trouvait, occupé à recopier quelque chose sur un parchemin. Il était seul.
Rebecca toqua sur la vitre. Il releva la tête, et nullement surpris, vint lui ouvrir.
« Je ne peux pas venir tout de suite, la prévint-il immédiatement.
-Oui, mais ça en vaut vraiment la peine, assura Rebecca. Je te jure.
-Pourquoi, y'a un truc spécial ?
-Oui. Mais si je te le dis, tu ne me croiras pas. Il faut que tu viennes voir par toi-même, puis que tu m'aides à l'attraper.
-A attraper quoi ? Rebecca ! s'exclama le garçon, alors que son amie s'éloignait de la fenêtre avec un petit haussement de sourcils.
-Il faut que tu viennes avec moi pour le savoir ... »
Il jeta un regard hésitant derrière lui, puis adressa à Rebecca un sourire acéré.
« Le quartier nous appartient, assura-t-il avec une certaine fierté. Tu m'aides ? Moi je sais pas faire ça ... »
Il désigna l'air d'un grand mouvement de bras, une pointe d'envie dans la voix. Charitable, Rebecca s'approcha de lui, et il passa par la fenêtre pour s'accrocher à son dos. Elle grimaça : il était lourd, et elle ne maîtrisait pas si bien sa magie que cela.
« Roderick, t'as mangé trop de gâteau, pesta-t-elle entre ses dents serrées.
-Bah, je ne serai jamais au niveau de Grovin, s'esclaffa le garçon. Eh, nous écrabouille pas par terre comme des patates, quand même ! » s'écria-t-il, soudain moins fanfaron, en constatant qu'ils filaient soudain beaucoup plus rapidement vers le sol.
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La guerre aux yeux gelés
Fanfiction"Dans les guerres, ce ne sont peut-être pas les enfants que l'on vise, mais c'est eux que l'on tue." André Frossard Du haut de leurs dix ans, la principale préoccupation de Rebecca et Roderick est d'attraper des papillons et des chats sauvages, de s...