6. Traître à la magie

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Chez les Ashford, quand Marcus revint ce soir-là chez lui, ce fut l'ouragan. Sa femme, Enid, était déjà au courant de ce qui s'était passé : Mrs Boswell, la voisine du deuxième, avait surpris Marcus dans l'escalier alors qu'il rentrait avec Rebecca et Maud en piteux état ; elle l'avait intercepté lorsqu'il redescendait pour aller chercher Edward et, pour la mettre en garde, il lui avait confessé à mi-mots ce qui s'était passé en lui recommandant bien de ne pas ébruiter l'affaire ; sauf que son fils dont Marcus avait oublié le prénom les avait surpris et avait tout raconté à Roderick, à qui sa mère avait fait cracher le morceau. Enid n'avait pas apprécié, et Marcus n'avait pas pu retenir un soupir. Par Merlin, même dans un immeuble où tous les habitants se méprisaient cordialement, pourquoi fallait-il que les rumeurs se répandent plus vite qu'une grippe contagieuse ?

« Non mais j'aimerais bien savoir ce qui t'est passé par la tête ! hurlait-elle alors que son mari se servait une bière en essayant de ne pas broncher. Aller affronter tout seul des Détraqueurs ! Tu n'as même pas de Patronus !

-L'important, c'est que je m'en sois sorti, répondit Marcus d'une voix égale. Tout va bien, Enid.

-Non, tout ne va pas bien ! cria son épouse en lui arrachant sa bière des mains. Tu as une femme et quatre enfants, dont deux ne sont même pas encore à Poudlard ! Tu aurais pu te faire attaquer, te faire embrasser, et tu ne t'es pas soucié de nous un seul instant ! »

Marcus Ashford ne répondit pas, mais la vérité était qu'il n'avait pas arrêté de penser à sa famille. En voyant Maud et Rebecca sur ce trottoir, sans défense, il avait songé que si ç'avait été Enid et Flora à la place, il aurait donné son âme pour qu'un sorcier les défendît. Alors, il ne pouvait pas rester sans rien faire.

« Et j'aimerais bien savoir ce que tu faisais là-bas, d'ailleurs, reprit sèchement Enid. Au milieu des Moldus.

-Je me promenais en rentrant du travail, je fais souvent ça ...

-C'est la première fois que je t'entends en parler, et comme par hasard, tu tombes sur la Moldue ! Tu la suivais ou quoi ?

-Non, Enid, non ...

-Alors pourquoi, lorsque tu as vu que la situation était dangereuse, tu t'es précipité dedans pour aller aider une traînée qui n'a rien fait d'autre que salir du sang de sorcier ? »

Marcus n'eut pas le courage de lui demander de ne pas traiter leur voisine de traînée. A la place, il articula douloureusement :

« C'est notre voisine, Enid ... Bon, ce ne sont pas nos amis non plus, mais ça fait douze ans qu'on vit dans le même immeuble. Tu imagines dans quel état aurait été Edward s'il était arrivé quelque chose à sa femme ?

-Bien fait pour lui, rétorqua dédaigneusement Enid. Il n'avait qu'à épouser une sorcière, elle aurait été capable de se défendre elle-même sans mettre en danger son mari. »

C'était la peur, se répéta Marcus intérieurement, c'était la peur qui la mettait dans cet état de fureur. Une fois qu'elle serait calmée, elle reviendrait sur ses mots si durs.

Enid lui jeta un dernier regard noir et assena :

« Je ne veux plus jamais que ça se reproduise, tu m'entends ? Pense à ta famille ! »

Sans attendre de réponse de Marcus, elle sortit de la cuisine où elle hurlait depuis une bonne demi-heure, et fit irruption dans le couloir où ses deux enfants attendaient, scotchés contre le mur. Elle poussa un soupir agacé, mais pas mécontente qu'ils eussent entendu sa conversation avec son mari : eux aussi, il fallait qu'on apprenne ce qu'on risquait si on ne fréquentait pas les bonnes personnes.

La guerre aux yeux gelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant