12. Diffindo

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Le mois de septembre arriva, et rien ne se produisit dans l'immeuble. Le ministère de la Magie avait beau être passé sous les ordres de Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom, d'après Emma, Rebecca ne voyait aucune différence avec le début de l'été. Elle n'avait toujours pas le droit d'aller jouer dehors – Maud riait et disait qu'il ne lui arriverait rien, mais même Edward lui avait demandé de rester dans l'immeuble et Rebecca avait obtempéré, intérieurement soulagée de voir qu'au moins l'un de ses deux parents se comportait comme les autres.

Mais d'un autre côté, il ne s'était rien produit.

Le 1er septembre, c'était la rentrée de Charlotte, et de Xavier et Trevor Ashford. Les deux familles les accompagnèrent, chacune de leur côté. Leurs relations n'avaient jamais été franchement amicales, mais depuis l'histoire du laxatif, Enid semblait sur le point de jeter un sort à sa voisine à chaque fois qu'elle la voyait, et même ses enfants paraissaient remontés.

Rebecca retrouva la même atmosphère sinistre sur le quai de la gare qu'au mois de juillet. Les parents restaient proches de leurs enfants et les enlaçaient sans cesse, certains pleuraient même. Par ailleurs, les contrôleurs étaient bien plus nombreux qu'à l'ordinaire, et patrouillaient entre les familles en observant tout le monde de près. Charlotte fit rapidement ses adieux à sa famille et monta dans le train, et pour une fois, Edward et Maud furent graves. D'ordinaire, Rebecca adorait venir sur le quai du Poudlard Express et rêver au jour où son tour viendrait enfin de monter dans le train écarlate. Mais pas cette fois. Cette fois, elle n'aspirait qu'à rentrer chez elle et à se blottir sous ses couvertures le temps que cette guerre passe, cette guerre qui était si étrange, cette guerre qui ressemblait à sa vie ordinaire sans l'être réellement.

Valerian et Rebecca retournèrent à l'école primaire quelques jours plus tard, avec un certain plaisir. Rebecca hérita d'une maîtresse qu'elle jugea moyennement intelligente mais conciliante : l'année démarrait bien. En plus, elle ne leur donna même pas de devoir pour le premier week-end.

Aussi, ce samedi-là, la petite fille se leva tôt pour réviser sa clarinette. Elle maîtrisait relativement bien le morceau que Maud avait composé pour son mari et sa fille, et elle l'avait d'ailleurs joué à Charlotte avant son départ pour Poudlard, mais maintenant, elle voulait que tout fût parfait. Edward était parti travailler pour la journée, il passait une audition dans le centre-ville. Il était pratiquement midi, et elle était seule pour un long moment encore : il y avait bien sa mère qui chantonnait dans la cuisine et son frère qui faisait un coloriage, mais ça ne comptait pas. Ce qui comptait, c'était que cette andouille de Roderick ne lui adressait toujours pas la parole – elle non plus cela dit – et même Gavin n'était pas là, il était parti faire des courses avec sa mère. Enfin.

Trois coups retentirent sur la porte d'entrée, mais la petite fille ne leur prêta pas attention. Elle était concentrée sur sa partition, et sur les notes qui s'envolaient de sa clarinette, retentissant à ses oreilles et emplissant l'air de sa chambre. Elle aimait beaucoup le résultat. Mais, alors qu'elle arrivait à la dernière ligne, une déflagration suivie d'un long cri manqua de lui faire lâcher son instrument.

C'était sa mère.

Rebecca lança plus qu'elle ne déposa sa clarinette sur son lit et fonça hors de sa chambre. Dans son cœur qui battait à toute vitesse se réveillait une peur qu'elle avait déjà connue, un jour de mai, face aux Détraqueurs. Elle arriva à toute vitesse dans le salon, ne sachant pas ce qu'elle craignait exactement ... et manqua s'étouffer d'horreur. La porte d'entrée était grand ouverte et pendait misérablement sur ses gonds, et quatre sorciers, trois hommes et une femme, se tenaient dans son salon, la baguette sortie. Maud se tenait face à eux, pâle mais droite, et Valerian était recroquevillé dans un coin de la pièce. Rebecca recula d'un pas pour rester dans l'ombre du couloir. Heureusement, aucun des quatre étrangers ne l'avait vue.

La guerre aux yeux gelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant