Ce même soir, à des centaines de kilomètres de là, Emma Coston était en train de boire sa onzième tasse de café de la soirée. Les doigts fermement serrés autour de sa plume, elle triait les plaintes adressées au Département de la Justice Magique, où elle était secrétaire, en différentes catégories : « usages abusifs de la magie », « non-respect des droits magiques », « escroquerie ». Et cetera, et cetera.
Techniquement, ce n'était pas à Emma, secrétaire au service des usages abusifs de la magie, de faire cela, pas plus qu'elle n'était censée travailler à près de onze heures du soir. Mais alors qu'elle allait partir, à sept heures tout de même, sa supérieure était arrivée avec une lourde pile de parchemins entre les bras, en demandant si quelqu'un était disposé à s'en charger.
Emma s'était immédiatement proposée. Diplômée de Poudlard depuis deux ans, elle avait l'impression de végéter à son poste de secrétaire et voulait grimper sur les échelons. Elle acceptait toutes les missions, faisait toutes les tâches, se proposait pour tous les services, pour montrer qu'elle était capable et volontaire. Même si cela impliquait de se préoccuper de Mrs Colman d'Exeter, 78 ans, qui portait plainte contre son voisin qui avait voulu lui voler son chat ...
La pendule accrochée au mur sonna onze coups et Emma sursauta, manquant renverser les gouttes de café qui restaient au fond de sa tasse. Elle fit craquer son cou et compta les dossiers qui lui restaient : treize. Allez, si elle était efficace, elle serait de retour chez elle avant minuit. D'un coup de baguette, elle envoya le parchemin qu'elle était en train de traiter sur la pile numéro trois, et saisit le suivant.
Un grand fracas se fit alors entendre dans le couloir, et la lumière s'alluma.
« Il n'y a personne ici de toute façon ! criait une voix masculine. On perd notre temps, il faut qu'on file !
-Tu sais bien qu'on a des règles à respecter ! Il faut un greffier qui ne soit pas issu de la police magique pour certifier la scène et prendre les dépositions. Ça s'appelle un contrôle externe de la police, et si on y renonce on fonce vers la dictature.
-Oh, ça va ! Plein de monde l'a déjà fait ! Dictature, et puis quoi encore ... »
La porte du bureau principal du service des usages abusifs de la magie s'ouvrit, et deux sorciers entrèrent brusquement. Apparemment, ils avaient couru. Ils s'immobilisèrent en apercevant Emma, et la jeune fille leur adressa un sourire crispé.
« Il y a quelqu'un, finalement ... fit observer l'un d'entre eux d'un ton narquois.
-Bonsoir, dit l'autre à Emma en ignorant son compagnon. Vous êtes employée ici ? Vous pouvez prendre des notes ? Vous savez transplaner ?
-Oui, oui et oui, répondit Emma du tac au tac. Mais c'est si important que ça ? J'ai du travail ... »
Le sorcier en face d'elle claqua la langue, impatienté.
« On est pressés ! Vous pouvez venir ou quoi ? »
L'instinct d'Emma lui dit de répondre par l'affirmative. Et Emma écoutait son instinct. Elle attrapa sa baguette, des parchemins et son manteau et fit un signe de tête entendu aux deux hommes.
« Allez, on est pressés, répéta celui qui avait l'air de mener la bande en tapant dans ses mains. Allons-y ! »
Il fit sortir son acolyte et Emma, referma la porte d'un coup de baguette, puis les deux hommes se mirent à courir dans le couloir. Avec un temps de retard, Emma les imita. Bon sang, mais qui étaient-ils ? Dans quoi s'était-elle fourrée ?
« Pardonnez-moi, cria-t-elle alors qu'ils arrivaient au niveau de l'ascenseur, mais qu'allons-nous faire, au juste ?
-Vous, vous allez juste prendre des notes, lui expliqua le meneur. Il faut que vous décriviez la scène sur laquelle on va arriver, puis que vous preniez la déposition des victimes. Notez bien l'heure, aussi.
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La guerre aux yeux gelés
Fanfiction"Dans les guerres, ce ne sont peut-être pas les enfants que l'on vise, mais c'est eux que l'on tue." André Frossard Du haut de leurs dix ans, la principale préoccupation de Rebecca et Roderick est d'attraper des papillons et des chats sauvages, de s...