30. Une famille de bric et de broc

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Annonce importante : il ne reste que deux chapitres avant la fin, et je vais accélérer le rythme de publication car jeudi en huit, j'ai des vacances pour la première fois depuis Noël et je compte bien remiser mon ordinateur. Donc le ch31 sera publié lundi prochain (12 août), le ch32, qui est le dernier, le mercredi suivant, 14 août. Jeudi 15 je publierai un petit mot de conclusion, et après ... Bon, la suite n'est pas encore définie. 

Sans plus de blabla, je vous laisse avec ce chapitre qui aurait été le dernier s'il n'y avait pas eu de tome 2 ! Bonne lecture !


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Ce matin de début mai 1998, Rebecca, Valerian et la vieille se levèrent avant l'aube. Leur vente de baguettes magiques fleurissait, et ils avaient rendez-vous avec trois personnes différentes pour leur en fournir. Avec un peu de chance, ils pourraient gagner une trentaine de Gallions.

L'une des trois, bois de poirier et essence de dictame, avait été entièrement taillée par Rebecca, et la petite fille en éprouvait la plus grande fierté. Elle se découvrait une véritable passion pour les baguettes magiques, et la vieille faisait preuve de suffisamment de patience pour lui apprendre les rudiments de leur fabrication. Elle était étonnante, cette vieille du rez-de-chaussée, qui croupissait dans son appartement, sentait mauvais, mais connaissait tellement de choses et était capable d'inventer des recettes à une vitesse fulgurante.

Pour ne pas se faire prendre par les services de police du Ministère de la magie, la vieille donnait toujours rendez-vous à ses clients à des endroits différents, généralement éloignés des centres de vie sorciers. Aujourd'hui, c'était dans une vieille gare à moitié désaffectée de l'est londonien. Dès qu'ils arrivèrent, les enfants filèrent aussitôt se cacher, habitués maintenant au petit manège de la vieille. Celle-ci sortit sa baguette et s'appuya nonchalamment contre un poteau.

Le soleil se levait peu à peu, emplissant le hall de gare d'une lumière dorée dans laquelle volaient des particules de poussière. Le rendez-vous était à six heures et demie, et il apparut rapidement que le client serait en retard. Ils attendirent vingt bonnes minutes, immobiles, tandis que des voyageurs matinaux arrivaient dans la gare pour prendre le train jusqu'à Londres. Rebecca, tapie derrière une barrière métallique avec son petit frère, observait la vieille dont le visage devenait de plus en plus sombre à mesure que les minutes s'écoulaient. Finalement, elle se redressa et sortit de la gare en faisant signe aux enfants. Ceux-ci comprirent immédiatement le message et la rejoignirent à l'extérieur en rasant les murs.

« Il viendra pas, maugréa la vieille dès que les enfants furent à proximité. Pour ce genre de rendez-vous, on n'est jamais en retard, et si c'est le cas ça veut rien dire de bon. Venez, on s'en va. »

Heureusement, ils eurent plus de chance pour leur deuxième et leur troisième client, qui étaient tous les deux à l'heure et payèrent dûment leurs baguettes. Puis, comme d'habitude, ils rejoignirent l'allée des Embrumes où la vieille et Valerian installèrent leur étal, tandis que Rebecca filait vers le Chemin de Traverse pour dénicher de nouveaux clients. Elle commençait à être connue, et n'avait plus vraiment besoin de déployer des trésors d'imagination pour faire venir les gens à elle.

Mais ce matin-là n'était pas comme les autres. Après des mois à agir dans l'ombre et surveiller ses arrières, Rebecca remarqua immédiatement qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. Les Nés-Moldus privés de baguette se tenaient d'ordinaire en retrait, vivant dans des cartons ou sous des tôles de fer. Mais aujourd'hui, ils n'avaient plus aucune discrétion : des groupes s'étaient formés et discutaient avec animation, et Rebecca remarqua avec surprise que des sorciers à l'apparence soignée, qui n'avaient pas du tout l'air de vivre dans la rue, s'étaient mêlés aux Nés-Moldus.

La guerre aux yeux gelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant