4. Le château en danger

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Roderick se réveilla ce matin-là avec une étrange sensation au niveau des jambes. Il papillonna des yeux, encore à moitié endormi, et souleva sa couverture pour constater avec honte qu'il avait fait pipi dessus pendant la nuit. Il jeta aussitôt un regard vers le lit jumeau à côté de lui, mais à son grand soulagement, sa petite sœur de huit ans, Flora, était déjà levée et ne pourrait pas le surprendre.

Il retira son pyjama dans son lit et étendit soigneusement la couverture, avant de placer son oreiller au niveau de la tache de mouillé. Rouge de honte, il contempla la trace de son forfait avec une certaine stupéfaction tout de même : cela faisait des années qu'il n'avait plus mouillé son lit. La dernière fois avait été un accident lorsqu'il avait sept ans, mais Xavier et Trevor, ses deux frères aînés, s'étaient tant moqué de lui qu'il avait tout fait pour que cela ne se reproduisît jamais.

Par Merlin, songea-t-il avec effroi, comment allait-il faire pour nettoyer cela en cachette ? Il était hors de question d'en parler à qui que ce fût, ni à son père, ni à sa mère - et certainement pas à sa soeur ! Il était grand, ce n'était pas censé arriver ... L'année prochaine, il devait entrer à Poudlard. La boule au ventre, il se jura de ne jamais plus boire d'eau passé midi, afin d'être bien sûr d'avoir la vessie vide au moment de se coucher.

Il ravala la forte envie de pleurer qui lui obstruait la gorge et rejoignit la cuisine où sa famille prenait son petit-déjeuner. Il tenta de se composer un visage neutre, mais tremblait de peur à l'idée que quelqu'un devine ce qui s'était passé. Il n'y avait pas d'odeur, quand même ? Il renifla discrètement mais ne sentit rien de particulier.

« Assieds-toi, lui lança sa mère, Enid. Tu veux du jus d'orange ? »

Roderick acquiesça et tira la chaise à côté de Flora. Il se servit de porridge et de toasts, et commença à manger en lançant des regards à la dérobée à ses parents, son père à sa droite qui lisait le journal en fumant la pipe, et sa mère en face de lui qui faisait les comptes.

« Tu as bien dormi, Roderick ? finit par demander Enid au bout du sixième regard en coin de son fils.

-Oui, oui, ça va, marmonna Roderick.

-Tu as fait un cauchemar, cette nuit. Je t'ai entendu crier dans ton sommeil », déclara alors Flora très tranquillement, entre deux gorgées de lait au chocolat.

Enid lui jeta un regard surpris, Marcus baissa son journal pour observer ses enfants, et Roderick hurla :

« C'est même pas vrai ! T'es qu'une menteuse, espèce de sale débile ! »

Flora plissa les yeux et lui pinça la main fort, avec ses ongles. Roderick lui tira les cheveux, avant de se sentir projeté en arrière et plaqué au mur, les pieds à trente centimètres du sol. A côté de lui, sa sœur avait subi le même sort. Leur mère s'était levée et leur adressait à tous les deux un regard flamboyant, la baguette en l'air à cause du sort qu'elle venait de leur lancer.

« Enid, repose-les ! s'exclama alors Marcus en se levant à son tour. Pas de sorts !

-C'est fini, tous les deux ! aboya Enid à l'adresse de ses enfants, en ignorant royalement son mari. Non mais ça ne va pas de vous battre comme des sauvageons ! On dirait des Sang-de-Bourbe ! Je vous ai mieux éduqués que ça ! Roderick, tu vas finir ton petit-déjeuner dans ta chambre, et Flora à la cuisine ! »

Elle les libéra d'un mouvement de baguette, et les deux enfants filèrent sans demander leur reste. Ils connaissaient leur mère, et savaient quand il était inutile d'argumenter - les moments où elle levait la baguette sur eux entrant définitivement dans cette dernière catégorie. Roderick attrapa son assiette et son verre et partit dans sa chambre, tremblant de rage.

La guerre aux yeux gelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant