PDV D'Iram
J’accède à une vaste pièce décorée avec goût. Derrière cette porte capitonnée, un espace paradisiaque. Je suis ébahi.
Je respire avec délectation une senteur florale mêlée de roses et d’iris. Une sensation de légèreté envahit mes poumons. Mon encadrante est sur le point de m’accueillir et déjà je sens cette touche féminine très subtile. Tous mes sens s’éveillent à cette atmosphère sublime.Cette odeur éveille en moi un souvenir opaque. Elle m’est presque familière. Où l’avais-je sentie ?
Je pénètre dans la pièce en faisant quelques pas, en face un bureau blanc immaculé, rangé à la perfection, un clavier et un écran large y sont installés. Mon regard se pose avec admiration sur une statuette faite en marbre, représentant Aphrodite dressée sur un podium où l’on peut lire le nom Darla Harris inscrit en lettres dorées.
Le blanc domine dans l’immense pièce, des baies vitrées en forment la ceinture. Une luminosité accrue par les rayons du soleil, donne une touche éclatante faisant contraste avec le marbre, matériau incontournable. Le tout est d’un raffinement merveilleux., une première pour moi.
– Il est là pour la miss, dit la femme en s'adressant à un groupe de cinq personnes réunies au salon.
Au même moment, une jeune femme entre dans la salle sur mes talons et avance vers moi :– Mr Al Andaloussi ?
– Oui Madame.
Je l’avais entraperçue à la sortie de l’ascenseur au deuxième étage, accueillant l’étudiante qui s’était évanouie dans mes bras.
Elle doit avoir la trentaine. Un teint ébène, une peau brillante, des cheveux lissés, bien coiffés, de gros yeux noirs sereins, une bouche pulpeuse maquillée en rose qui arbore un sourire éblouissant.
– Appelez-moi Olivia. Je vous ai contacté le matin pour votre inscription sur la plate-forme. Avez-vous reçu le courriel de confirmation ?
– Je n’en suis pas sûr, dis-je perplexe. Je m’en occupe ce soir.
– On doit confirmer votre identité aujourd'hui pour la présentation de la cérémonie.
– Comment faire ?
– Il faut télécharger la plate-forme GWU, ça vous facilitera la tâche.
– Ah oui la plate-forme. Méthode innovatrice ! Bravo à monsieur Shi qui nous a simplifié les choses, on a vite les pieds dans le plat ! Rétorque la femme qui m'a accueilli à la porte.
– Je pense que c'est monsieur Lee qui l'a lancée, répond une voix de loin.
– Bah à la base c'était l'idée de Shi, professeur Lee l'a juste aidé à affiner quelques détails. Mais bon ça reste toujours un travail d'équipe.
– Quand les asiatiques mettent leur touche, ils sont impressionnants !
Alors que Olivia fouille dans une chemise sur le bureau, je me contente d'ouvrir mon cartable pour extraire mes papiers.
– Votre téléphone Monsieur Al Andaloussi, s'il vous plait, je vais vous montrer l'application.
Dans la vie quotidienne, mon téléphone ne sert que d'une lampe, d'un jeu de Snake pour Lonar et d'une liste de contacts avec un tout petit écran presque invisible.
Je suis honteux.– Ce ne sera pas possible Madame, dis-je en lui tendant tout de même mon téléphone, je vais trouver un cybercafé.
– Voilà un bonhomme qui a le profil d’un entrepreneur, lance la sexagénaire qui suit la conversation de près.
Elle saisit mon téléphone entre ses mains et l'examine comme une pièce d'or.
– Voilà quelqu'un qui respecte son temps et sa santé mentale. C'est fou cette addiction qu’ont les jeunes à l'égard des écrans. J’en sais quelque chose avec mes enfants. Une vie sédentaire et virtuelle.
Mon téléphone de misère redore du coup mon blason.
Tout le monde se met à examiner mon appareil avec curiosité.
Un homme à l’allure élégante le prend dans sa main et, sans faire attention enclenche la torche.– Tu nous filmais jeune homme ?
Intimidé par sa remarque je m’empresse de tout éteindre.
– Tu es bon en matière d'affaires ? Me demande-t-il
– Pas trop, je suis sociologue.
– Intéressant. Tu étudies en quelque sorte la psychologie des peuples !
– Oui, en quelque sorte.
– On peut faire un marché ! Alors je suis un touriste, comment vas-tu me convaincre d’acheter cet objet avec un prix bien élevé ?
Tous les regards me dévisagent, je suis confus. Un long silence s’installe, l’auditoire attend ma réponse.
– Bah, peu importe le prix que vous lui accorderez, dans quelques années cet objet fera partie de l'histoire de la high-tech. Si vous parvenez à le protéger efficacement et à le conserver longtemps, vous pourrez le vendre à un musée à une somme très intéressante, spéculé-je.
– En espérant que les détenteurs du même appareil ne fassent pas la même transaction. Aucune plus-value dans ce cas !
– Ceux qui possèdent ce modèle aujourd’hui, ne pensent pas à l'histoire. Ils ne pensent qu'à leur pain quotidien.
– Ce n'est pas pour rien qu'il figure sur la liste de Darla, répond une femme blonde assise face à notre homme.
Le regard de mon interlocuteur se métamorphose. Il est admiratif.– Marché conclu ! Tu me le vends bonhomme ?
– Je vous l'offre Monsieur.
Il se met à le scruter de près, je me demande s’il est vraiment sur le point de l’acheter.
– Laisse tomber Darla et ses articles. Tu feras mieux de travailler avec moi. Je te confie la gestion de l'une de mes entreprises de ventes, lance t-il.
– Ah ! Tu comptes voler le petit bijou de la miss. Je ne tarderai pas à lui dire. Confirme la blonde.
Une femme ne m'a pas quitté des yeux, dès l’instant où je suis entré dans la pièce.– Kevin Anderson, homme d'affaire, dit-il en me tendant la main.
– Enchanté Monsieur, Iram Al Andaloussi, étudiant en master. Je lui serre la main.
Je fais un signe aux personnes présentes. Une dame cependant me lance un regard pervers. Elle me fixe intensément en feignant un sourire langoureux :
– Voyons donc les hommes hors pairs de Darla.
Elle ne lâche pas ma main, voulant à tout prix me faire entrer dans son jeu.
Je ne réagis pas à ses compliments et recule doucement. Mes joues s'enflamment.
Elle ouvre son cartable posé sur la table et me tend un paquet enroulé dans un papier cadeau déchiré.
– Ma petite-fille l'a refusé ce matin avec une crise de pleure. Servez-vous-en !
Perplexe je retourne le cadeau sur le côté face. Un téléphone portable Samsung S9.
– Excusez-moi Madame je ne peux pas accepter un tel cadeau, j’ai...
– Olivia, tu l’aides à s'inscrire sur la plate-forme ! Dit-elle d'un ton sec. Une voix confiante et ferme à la fois.
Elle me fait un geste de la tête m'ordonnant à rejoindre Olivia, tout en gardant un regard ambigu sur moi.
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Miss Darla
RomanceIram Al Andaloussi, issu d'une famille de paysans, remporte un prix pour sa thèse en sociologie, une réussite qui lui ouvre les portes de la faculté de Washington, un rêve enfin exaucé. Privilège accordé, on l'intègre à Miss Darla pour passer son st...