Chapitre 17

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PDV Darla :

Mon mari, toujours interloqué par ma présence dans son lit , me harcèle pour avoir de mes nouvelles. Sa face de vainqueur m'use moralement. Il a tourné la situation à son avantage pour aveugler l'un de mes hommes avec sa richesse. Pourquoi tout cette devotion envers le maire ? Et ce manque de respect quant à mes décisions ?

Quel est cet intérêt particulier pour cette faculté ? Qu'il aille verser sa pourriture dans un autre établissement.

_Madame ? insiste-t elle. Laissez le entrer, il veut personnellement vous expliquer la situation.

La voix suppliante d’Olivia ne change rien quant à ma frustration

_Quoi encore ? Toujours ce discours de pauvreté et de victimes ? Jusqu'à quand les gens  justifient-ils leur trahison par l’absence de moyens ? Ils renoncent à leur dignité, leurs carrières, leur pays au profit des autres sous prétexte qu'il n'ont rien à avaler. J'en ai assez Olivia. Qu'il signe cette feuille et qu'il quitte mon bureau.

_Je comprends votre frustration madame mais ...

A cet instant mon téléphone sonne, le nom de l'administration de la faculté d'EMC cinéma de Paris s'affiche. La voix de la jeune secrétaire m'accueille à nouveau.

_Madame souhaitez vous reconfirmer votre nouvel emplacement au festival selon l'adresse que nous vous avons envoyée.

_Je viens de le faire, Gw Faculty. Vérifiez s'il vous plait !

_Oui Madame, suite à la dernière réunion nous avons changé certains points.

_Ah parfait, la dernière réunion vient de se terminer !

La réunion finale au Festival de Cannes est incontournable. Pendant ce temps, l'administration perfectionne la touche ultime, la sécurité et le timing. Une fois tout cela fait, nous pouvons terminer notre projet et "faire nos valises".

_D'accord madame je m'en chargerai dans quelques minutes. Dis je d'un air décontracté.

Enfin une bonne nouvelle !

Je fais un signe à Olivia de se charger des affaires administratives. Je range mes affaires dans mon sac. Mon mac toujours à la main, je me dépêche  de rassembler mon groupe. Un pincement de cœur me prend en y pensant. Normalement c'est sa tache, à lui les réunions et à moi l'administration.

La colère m’envahit! Il m'a carrément vendue  dans un marché politique. Il a occulté nos objectifs. Il aurait dû m'appeler, m'informer de tout. J'aurais aimé qu'il soit franc, qu'il me dise : Madame ils veulent m'arracher la place. J'aurais pu le protéger !

Pendant toute cette période j'étais franche avec lui. Il était mon seul confident ! Je le mérite amplement ce sale coup. Je n'aurais pas dû raccourcir les distances, je n'aurai pas dû baisser les gardes...

Je prends l'ascenseur vers le rez de chaussé , les portes s'ouvrent au premier étage sur le visage de Matilde mal accueillant. Arrivant à peine à manipuler cette boite ascendante, elle me tire du bras

_Darla, j'étais en route vers toi.

_Moi aussi, on nous a envoyé le communiqué, on doit regrouper toute la team..

_Il faut qu'on parle tout d'abord ! Viens on monte à mon bureau.

Sans attendre ma réponse elle met la cabine en marche vers le deuxième étage. La salle de réunion principale. J'étais sure qu'elle fera sa tentative pour Iram. Tout le monde est au courant de son sale coup. Je suis épuisée ! Je ne pense pas que c'est le temps de décortiquer sa situation, peu importe ce qu'il vit ! Nous devons voyager et le travail doit avancer malgré son absence.

Elle me dirige vers son bureau et non la salle de réunion, qui est vide d’ailleurs ! Ou est la foule ?

_Ecoute, Matilde s'il te plait ! Je ne veux pas parler de qui que ce soit ! Surtout de cet étudiant. Il a eu suffisamment d'attention, franchement je passe à autre chose.

_Non, c'est pas ça le problème !

Je m'installe  dans son bureau. Elle ferme la porte et allume le chauffage, tout en posant une bouteille d'eau sur la table.

_Lis le communiqué !

Je m'exécute à bout de force.

_Quoi ? criais-je

_S'il te plait calme toi ! Le doyen est déjà en train de négocier la situation. On pourra trouver une solution !

Je sais d'avance que le mal est fait. La direction cannoise ne changera rien pour personne. Une fois leur décision prise, chacun se doit d’obéir. Les Français sont toujours comme ça !

Je verse presque mon verre d'eau, en sautant de la chaise. Je cache  à peine ma colère.

_On est foutus ! Les efforts de trois ans sont tombés à l'eau.

_Nous ferons de notre mieux pour régler ça !

_Ils ne changent rien  à leur stratégie... Même pour les plus grandes stars.

D’un coup une vague de froid me prend. Je laisse couler tout mon enthousiasme envers le projet. Je n'ai plus aucune motivation.

L'administration du festival de Cannes nous relègue à la deuxième place. À cause de ces changements soudains, l'absence d'un maudit étudiant qui sert de maître de conférences, la correction des présentations en boucle.. nous avons perdu notre place au premier rang.

Cela veut dire qu'on va perdre toutes les occasions de rencontrer de grands scénaristes et surtout de filmer les œuvres en une série.

J'ouvre le deuxième mail  qui porte le nom de "réclamation".  Matilde assèche cette flaque d'eau venue sur ses papiers. Je n'ai pas pu ouvrir la bouche pour m'excuser.
La réclamation est claire, portant sur  tout le travail bâclé, les changements opérés, non prévus , malgré un excellent travail présenté au début. Le président me reproche d'avoir changé certaines parties.

L'absence d'Iram me coute très cher !

Matilde court me chercher dans les couloirs. Je ne sais pas comment j'ai récupéré mes affaires et  quitté la pièce.

Il est là devant ma voiture, je marche rapidement vers la portière. Quand il remarque ma présence, il se raidit et avance avec peur. Un simple mouvement de ma main le fige sur place. J'ouvre la porte de ma voiture en l’ignorant. Je n'entends rien de ses paroles, seule sa voix troublée touche à peine mes sens.

Je prends la direction de mon appartement, inutile de rentrer à la villa. Je risque de vider ma colère sur ma belle mère et sur cet andouille qui me sert de mari

Miss DarlaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant