Chapitre 28

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PDV D'Iram

Un rayon de soleil réussit finalement à s'infiltrer à travers l'épaisse couche des nuages. Le ciel est tantôt gris, tantôt ensoleillé. Le vent caresse Paris. Il crée sa propre symphonie à travers le fracas des branches. Il ouvre les rideaux sur sa scène, en poussant les nuages loin du soleil. Ce dernier généreux autant qu'il peut, caresse la terre avec une chaleur acceptable. Les oiseaux gazouillent, chantent la liberté de ce rayon qui s'échappe de l’emprise de l'hiver. L'hiver qui s'impose avec les nuages, comme des gendarmes.

Et l'Homme semble passif dans ce tableau. L'homme qui croit toujours contrôler la nature s’avère contrôlé par la nature. Comme une victime de guerre entre deux saisons, il est empoigné entre l'automne qui veut prolonger son séjour et l'hiver qui attend sur le seuil. L'un veut quitter plus tard et l'autre veut s’installer plus tôt.

La suite est coiffée d'un balcon qui donne vue sur les ruelles de Paris. A gauche la tour Eiffel s’élançant du mieux qu’elle peut vers le ciel, à droite les immeubles typiques de Paris avec la verdure des terrasses, les murs jaunâtres et les portes noires. Les piétons sont emballés dans ce jeu. Ils frissonnent aux caresses du vent et suent en s'exposant au soleil. Tantôt ils ferment leurs manteaux et tantôt ils s’en débarrassent.

Darla, à mes côtés, semble admirer le paysage. Elle dépose son manteau sur ses épaules au-dessus de sa robe beige. En préparant la table, elle s’assure de son exposition optimale au soleil. Elle ne mange plus, se contente de siroter son thé aromatisé en contemplant la vue. Impossible de cerner son regard caché sous ses lunettes en verres jaunes qui reflètent le soleil. Les rayons qui apparaissent chaque trois minutes balaient son corps et son teint clair.

Une fois éclairée j'ai l'impression de voir ses artères sous sa peau. Ses cheveux trop fins, blonds ou marron je ne sais plus, miroitent au gré de l'éclairage. Ils s'envolent sous la prise du vent pour finir par se calmer sur ses épaules. Une mèche rebelle s'installe sur son visage et se repose sur ses lèvres, s’y collant par son rouge à lèvres : Un rose marron. La même couleur tracée sur sa tasse de thé. Ces mèches rebelles la poussent à sortir ses mains de leurs logettes et à les coiffer en arrière.

Elle est belle comme Paris !

– Un bon plan, dis-je en posant ma serviette sur la table.

Darla n'a pas pu bien manger, comme d'habitude, mais la vue améliore son appétit.

– C'était au hasard ?

– Non Saja connait le traiteur !

– Vous vous entendez bien avec Saja ?

– Elle a l'air sympathique. Elle est venue ce matin à Paris. Je pense qu'elle réside au Lancaster.

– Oui, je l'ai attendue à l'aéroport et je l'ai déposée dans la salle de réunion parce que j'avais un appel en urgence. Ce soir elle viendra ici.

Darla a accueilli Saja ? Elle me raconte tout ce qui concerne le travail et le groupe. Quand elle va attribuer une tâche à l'un de ses thésards, elle m'en informe et demande mon avis à chaque mouvement. Après le malentendu j'ai l'impression qu'elle a changé.

– J'allais déjeuner avec elle aujourd'hui mais j'ai annulé à la dernière minute. J'étais trop fatiguée.

Ah oui ! Je me souviens de la scène avant de sortir de la salle. Saja s'est retirée en arrière pour passer un coup de téléphone, puis elle est revenue en disant : « My date est annulée, on peut aller ensemble. »

Date ?

Je me sens un peu perplexe. J'ai cru être le seul à avoir une telle place et puis Darla n'est pas le genre qui chérit tout le monde.

Miss DarlaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant