Chapitre 32 :

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Point de vue de Ladona :

- Agent CEA, votre invitée est avec nous pour l'instant. On la conduit par la porte d'arrière comme prévu. Personne ne se doutera de son absence. Une autre femme a occupé immédiatement sa place.

- Localisation ?

- Vous n'avez pas besoin de parler, n'oubliez pas que vous êtes sous écoute là où vous êtes. Dans huit minutes elle sera à l'hôtel. Actuellement elle est en route, bien escortée.

- Bien reçu.

Je vérifie mon téléphone, bizarre ! Elle ne m'a pas recontactée. Elle doit avoir peur, sûrement.

- Agent CEA, nous avons exaucé toutes vos demandes. C'est à vous de jouer maintenant.

- Oui, répondis-je tout simplement.

Trois minutes après :



- Colonel, ici agent CEA, nous avons besoin de renfort. Envoyez-nous un groupe formé de dix tigres noirs, à la moyenne de deux par agent.

- C'est impossible !

- Ici agent A, je confirme. Nous avons besoin de renfort, dans la demi-heure qui vient.

- Entendu, Tigres noirs préparez-vous ! Allez.

Un moment de silence suit ce tourbillon. Les secondes les plus longues de ma vie. Je respire à un rythme saccadé avant de réaliser que mon souffle s'alourdit. S'ils découvrent notre petit jeu, ils n'hésiteront pas à nous tuer.

Sinon nous aurons une chance de sortir d'ici vivants.

Nous étions cinq agents sous terre et une centaine d'hommes au-dessus du sol. Ceux qui sont dans les tunnels présenteront une grande perte pour le corps militaire s'ils meurent.

De toute façon, agent A nous a fait gagner une demi-heure salutaire.

Soudain, le bip sonore s'arrête. J'hallucine ? Je coupe ma respiration pour bien entendre.

Bingoooo !

Ils sont tombés dans le piège. Ils ont désactivé les bombes numériques. Ceci confirme quatre faits : Ils nous regardent, ils nous écoutent, le bouton de bombardement est bien à portée de leur main et ils veulent tuer le plus possible de personnes.

Je ferme mes yeux de nouveau, le bipe n'existe plus. Oui maintenant j'en suis sûre.

J'ouvre mon talkie et je tousse !

Ceci est le signal !

- Ici le colonel, je m'adresse à mes agents sous terre : Vous êtes entrés cinq et vous sortirez les cinq sains et saufs.

Sa voix a changé de ton, je sentais déjà sa colère, son avidité à gagner la guerre. Il est bien pris au piège, je pense que ça lui fera un sale coup dans sa carrière. Il a risqué d'enterrer cinq commandants y compris moi.

- Plan A en exécution, dit-il.

J'entends les pieds des tigres noires tapotant au-dessus de ma tête.


Notre plan consiste à faire semblant de renforcer les tunnels par d'autres agents. Les terroristes auront la chance de tuer quinze personnes au lieu de cinq. Ils penseront donc à changer leur plan puisque le sang est leur liqueur préférée. En plus ça sera un coup de chance pour eux.

Mais habibi, celui qui change son plan à la dernière minute risque de perdre tout le contrôle.

Ils ont garni l'entrée des tunnels par une caméra en infrarouge. Si quelqu'un sort ou entre contre leur gré ils tueront tout le monde. Nous aussi nous sommes pris au piège. Mais le fait de désactiver les bombes est une réussite. N'empêche, ils peuvent les réactiver à tout moment.

Quelques minutes après :

Les machines de forage résonnent sur nos têtes, causant un petit séisme. Le colonel a donc passé pour le deuxième plan : On fera semblant de creuser pour élargir les tunnels. Nous n'avons qu'un seul objectif : Causer un petit séisme. À la suite de ce séisme certaines caméras seront arrêtées. Comme ça les terroristes ne se douteront pas que nous sommes au courant de leur équipement, ils penseront tout simplement que c'est un problème causé par les grandes machines.

Nous n'allons pas couper toutes leurs caméras non ! Nous ne couperons que celles le long de mon tunnel. Les autres resteront fonctionnelles ! Au moindre doute, ces vilains enverraient tout le monde au paradis. Leur objectif est d'attirer le plus grand nombre possible d'agents sous terre, notre objectif c'est de gagner du temps.

- Colonel, ici l'équipe informatique, j'ai accédé à leur système informatique. Il y a cinquante caméras en tout.

Cinquante ? Je n'ai pas l'impression que nous avons affaire à des terroristes ! Non ! Ces derniers exécutent en se sacrifiant, par des fusillades ou des bombes. Ceci est un plan tricoté aux moindres détails par un organisme particulier.

- Continuez !

- Trente-huit caméras bordent les tunnels, les autres se trouvent dans la grande salle de l'Opéra, dans les trois grandes sorties, en direction de la grande rue et espionnant votre voiture.


Je m'éclate de rire en écoutant cette nouvelle. Alors le colonel qui se cache quelque part est toujours sous leurs yeux. C'est vraiment drôle ! J'imagine déjà sa tête ce c o l o n e l.

- A l'ordre, tu désactives les caméras des tunnels menant aux toilettes, puis tu mets un ancien enregistrement vidéo de notre agent CEA en train de bouger.
Ils vont croire que le problème est résolu. Ainsi elle pourra se déplacer tranquillement.

- Entendu !

- Ici le colonel, faites reculer la chargeuse en arrière et provoquez un petit séisme, faites attention à ne pas altérer l'infrastructure. Nous ne voulons pas enterrer nos hommes par inadvertance.

- Entendu colonel, les ingénieurs ont bien localisé le lieu de forage.

Quelques minutes après :

- Agent CEA, tu peux bouger, personne ne t'écoute et personne ne t'observe.

- Ah enfin, ma voix me manque ! répondis-je.

Je suis les sutures du contre-plaqué avec mon téléphone jusqu'à un lieu où l'humidité s'élève.

- Le plan architectural que vous tenez en main n'est pas détaillé ! dis-je.

- Quoi ? Que voulez vous dire ?

- Peux-tu me passer l'architecte de cet établissement ?

- L'architecte ?

- Ne me repose plus mes questions ! soufflé-je.

- On ne pourra pas faire un appel au ciel ! Ce bâtiment est plus âgé que toi et moi réunis. Son inventeur est bien mort !

- Passez-moi n'importe quel architecte.

...

- Oui madame, je suis Armin Dupain, comment pourrais-je vous aider ?

- Quand on coopère avec la police on ne s'adresse pas aux agents selon leur sexe et on ne dévoile pas son identité ! A part ces fautes j'aimerais bien savoir où on peut creuser une autre route sans faire crouler ou enterrer le canal !

- Agent CEA que voulez-vous dire ? intervient le chef.

- Il y a une humidité horrible, la terre est glaciale et garde toujours son odeur fraîche, ce qui confirme l'hypothèse qu'ils ont dû creuser une autre piste.

- Madame ! Ils ne peuvent que creuser en direction de l'est. C'est le seul endroit bâti par des pierres, assez robuste pour ne pas s'écrouler.

- J'allais vous féliciter pour votre rapidité si vous n'aviez pas encore mentionné mon sexe. Guidez-moi, je vous en prie !

- Quinze pas tout droit devant vous. Avant la fin du tunnel, passez à droite.

J'avance en sentant l'odeur de la terre de plus en plus. BINGO !

- Il y a un trou ! je dois creuser pour le réouvrir.

Entre temps la police continue ses recherches et se faufile entre les invités à la recherche du moindre indice.

- Colonel, nous avons repéré un sniper sur le bâtiment juste en face.

- Arrêtez-le sans bruit, il peut nous être utile !

- Entendu !

C'est une organisation autre que des terroristes ! Avec le sniper et cet équipement de haute performance, l'hypothèse ne peut être que confirmée !

- Oh bordel ! Colonel, localisez-moi sur votre carte !

- Vous êtes directement sous la salle du grand spectacle !

- Oui je suis passée par le trou, ils ont planté une centaine de bombes explosives toutes désactivées pour l'instant !

- Commencez votre travail ! ordonne-t-il

Son passage du tutoiement au vouvoiement s'annonce mal.

- Non ! Ça prendra des heures. Inutiles. Ils ont pris en considération notre éventuelle arrivée ! Il faut faire évacuer toute la salle !

- On ne peut pas, l'État compte sur nous.

- Si tu ne veux pas assister au plus grand feu d'artifice humain évacue la salle tout de suite, crié-je.

- Colonel, intercède une autre voix ! Le sniper est sous notre prise !

- Passez au questionnaire ! Choc électrique !

- Déjà fait. Ils attendent l'arrivée de Mikahel Mélo pour bombarder la salle !

- Annulez son arrivée ! Répond le colonel.

- Non, dis-je. Au contraire, quelqu'un doit aller sur scène et dire qu'on doit attendre Mikhael qui viendra avec tout son bureau avec un retard de deux heures. Ils vont l'attendre. C'est leur première victime !

- Entendu !

- Entre temps, faites sortir le public par groupes de dix, par la porte du toit. Toutes les autres portes sont sous leur contrôle. Le public ne doit pas se lever en même temps ! Tachez que ce soient des groupes de dix. Commencez par l'endroit qui n'est pas sous l'angle de leur observation. Si la salle se vide devant leurs yeux ils ne tarderont pas à bombarder !

- Equipe informatique, ici le colonel. Vous devez avoir accès à leurs système explosif. Entre temps, l'équipe du forage, commencez votre travail à partir de la salle de cinéma, vous devez creuser une piste sauve pour les cinq agents dans les tunnels. Ils sortiront par là. Agent A en premier, C en second lieu, D puis B, agent CEA en dernier !

- Agent CEA, essayez d'identifier les types de bombes. Ajoute t-il.

- Entendu.

Une heure après :

- Agent CEA, tout le monde a quitté. C'est à votre tour.

Enfin !

Je commence ma marche doucement, il me faudra quatre minutes vingt secondes pour arriver à la salle de cinéma.

Soudain le bipe sonore retentit !

- Ils ont activé les bombes ! Crié-je.

- Equipe technique, combien de temps avant l'explosion ?

- Quarante secondes, trente-neuf, trente-huit, trente-sept...

- Vite agent CEA ! Crie le chef.

- C'est inutile, dis-je, je n'y arriverai jamais.


Miss DarlaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant