Miss Darla

Chapitre 12

PDV d'Iram :

Une semaine plus tard :

Après une semaine d'absence à Paris, Darla reprend le travail dès son retour. Quant à moi, je me plie aux exigences de la faculté. Lucas m'aide à faire de nouvelles connaissances et Noah me fait découvrir les bienfaits de l’alcool. Les liqueurs que j'avais goutées durant la réunion du SME avaient un autre goût ! Je pense que ces breuvages ne donnent leur meilleur effet qu'en présence d’une bonne compagnie. Au sein de toutes les addictions, le coup de foudre reste le plus euphorique...

Durant son absence, Darla m’est dévoilée à travers les petites rumeurs qui circulent dans la faculté. Je dévore presque tous les articles qui parlent d'elle, de sa jeunesse, et de sa famille.

10 : 30 :

Lucas écrase sa clope. J'ai l'impression que le temps passe au ralenti.

– Tu ne veux pas fumer ?

– Non merci ! Allez, on y va ? Répondis-je

Je veux être présentable, sans sentir le tabac. Hier Olivia nous avait informés de la réunion qui se tiendrait aujourd'hui à dix heures trente.

– Allons-y Lucas ! Je ne veux pas avoir du retard.

– Tu es plutôt impatient de voir la prof !

Je grogne devant sa remarque et me précipite vers son bureau. Lucas croit toujours avoir la science infuse en matière de séduction.

– Eh mon pote, si tu aimes les sugar mummies, je connais un bon bar aux alentours.

– Cherches-en pour toi Lucas.

– Ah non, moi les femmes mûres j’en raffole pas. Je préfère mater les jeunes filles à la buvette !

Il lit dans mes pensées ce petit Lucas. Je crains que j’aie bien hâte de la revoir en effet.

11 :20

Chaque pas qui résonne dans les couloirs me donne un faux espoir. Darla n'est pas encore venue, et Olivia a eu la gentillesse de nous présenter le travail demandé. Le nombre d'objectifs à valider est massif et la durée est très courte.

•《Je passe te voir à 12h ! J'ai besoin de toi.》

Je me libère dans quelques minutes. Fais signe quand tu débarques !

Parfait ! Dans ce cas je serai là dans quelques secondes ! C'est urgent !

Je connais parfaitement les urgences de Noah : un choix de parfum de femme, le béguin du moment. Un rendez-vous avec une parfaite inconnue, un choix de tenue pour s'infiltrer dans une soirée de lycéennes ! C'est un homme qui croque la vie à pleines dents.

– Quelle corvée ! Ce n'est que la deuxième semaine ! Elle va nous achever, lance Lucas en dévalant les escaliers.

– Je pense qu'elle organise un évènement de taille.

Au parking Noah m'attend impatiemment, je m’installe. Il démarre en vitesse. D'après ses vêtements je devine qu'il s'agit bien d'une femme.

– Elle s'appelle comment ? Dis-je, curieux.

– Tu ne la connais pas ? C'est La bohème de Charles Aznavour.

– Je ne parle pas de la chanson Noah. Ne fais pas l'innocent.

– Matilde !

– Elle est italienne elle aussi ?

Noah adore les Italiennes, et je ne pense pas que c'est pour les spaghettis.

– Non, Française. C'est une ancienne cliente. Comme j'ai enregistré mon taxi dans les services VIP, je fais des courses spéciales pour certains clients qui paient en ligne. Elle est venue la semaine dernière.

– Tu n'es pas inscrit dans d'autres services par hasard ?

– Si, je peux faire le guide touristique selon la demande du client, exclusivement pendant la journée.

– Non, je parlais des services nocturnes, dis-je d'un air amusé.

11 :50

Cela fait un bon moment que nous attendons dans une salle VIP à l'aéroport. Une vaste salle, luxueuse et bien chauffée. Noah sirote son café crème en lisant un journal parisien. Il a même commandé une pipe. Le beau spectacle !

– Tu peux commander tout ce que tu veux mon enfant. C’est l'agence qui paye, c’est inclus dans le tarif de la clientèle, annonce-t-il.

Sans même m'accorder du temps pour assimiler ses phrases, il fait signe au serveur, puis commande deux bières et une assiette de charcuterie.

Après un long moment de silence, je décide finalement de couper sa lecture.

– Merci vraiment pour tout ce que tu fais pour...

– Ne commence pas Iram ! Tu interromps mes fantasmes !

– Elle est jeune ? Blonde ? Taille 36 ?

– Tu as un point sur trois ! Pour la taille oui, mais elle a la cinquantaine avec des cheveux châtains.

– Lucas sera heureux de t'intégrer dans son club !

– Quel club ? demande-t-il en fronçant ses sourcils.

– Le club des hommes tarés, qui cherchent les sugar mummies !

– Écoute mon enfant, les femmes sont comme les fruits. Plus elles mûrissent plus elles deviennent savoureuses !

J’en suis à ma troisième bière. Une sensation de brûlure m’agrippe à la gorge. J’aurais aimé entamer une quatrième mais ce n’est pas l’endroit adéquat.

Je pense encore à ces cinquante dollars trouvés dans mon portefeuille le lendemain du diner avec Darla. Ce n'était pas Noah, il l'a bien juré ! Ça ne pourrait être qu'elle. J’aimerais les rendre. Me défaire de ce genre de charité.

Le serveur me ramène à la réalité en annonçant que l’avion de la cliente vient d’atterrir. Noah se précipite pour récupérer ses bagages et les déposer dans le coffre.

La salle VIP se remplit soudain. Il y'a même des politiciens et des personnes bien escortées.

Une femme vêtue d'une jupe noire moulante s'approche de nous. J'ai l'impression de l'avoir vue quelque part. Noah se transforme soudain en un nounours très galant. Il embrasse sa main en soulevant son gant noir. Il pense que ce contact direct avec sa peau la séduira.

J’écarquille les yeux soudain. C'est bel et bien Matilde, la présidente de la SME. La même qui avait invité Darla à diner avec eux !

– prête Madame ? Dit Noah.

– J'attends une amie. Elle ne va pas tarder. Elle doit récupérer ses valises, répond-elle calmement.

Elle n'a pas l'air de me reconnaitre, heureusement !

– Iram va l'aider à les récupérer, lance Noah en me faisant un geste de la tête.

Il compte se débarrasser de moi pour s'occuper de sa protégée. Je me mets à l’écart, la bière me fait tourner la tête.

– Ah Darla ma chérie ! Mon chauffeur te conduira à la maison.

– Merci ma chère, ma voiture est parquée dehors.

Nos yeux se croisent. Mon cœur s’emballe.

– Bien. Dans ce cas, fais appel à ce charmant Monsieur pour t'aider avec les bagages, dit Matilde en me désignant de la main.

– Merci d’avoir pris la peine de venir. Comment s’est passée la réunion ce matin ?

Arrivés devant sa voiture, elle m'invite à monter. Nous nous séparonsmonde.pet moi, très bien escortés.

J’ignore où Miss Darla daigne m’emmener. Je me laisse faire. Prêt à la suivre au bout du monde.