De point de vue de Ladona :
Mon téléphone s'allume. Heureusement que je l'ai mis au mode silencieux. La moindre vibration aurait activé les bombes explosives.
- Agent A, terminé.
- Agent A en écoute
- Agent B en écoute
- Agent D en écoute
- Agent C en écoute
Ils comptent terminer l'alphabet ? Ces français ont vraiment des méthodes étranges.
- Ici c'est le CEA, over, dis-je dans ma voix féminine.
- CIA bien reçu, terminé.
- CEA, je ferai prochainement des cours de soir en français pour améliorer ma prononciation.
Le calme résolu dans tout le système, tant mieux. Comme s'ils ajoutaient quelques choses à la mission. Ça fait une heure qu'ils font l'appel entre les agents. On dirait dans une classe, celui qui ne répond pas sera marqué absent. La police française n'est pas du tout mon genre ou plutôt mon geonghe.
- Vérification du tunnel A, emmenant directement à la salle de l'Opéra. Aucun danger détecté, terminé.
Quinze minutes après.
- Vérification du Tunnel C, menant à la salle de l'instrumentation du cinéma. Aucun danger détecté, terminé.
- La boîte électrique ne présente aucun danger. Terminé.
Ça m'a pris une heure pour glisser jusqu'au ici. Ces terroristes sont vraiment des rats de trous. D'ailleurs on ne doit pas comparer les terroristes à des rats, l'inverse leur conviendrait mieux.
Comment sont-ils parvenus à supporter cette canalisation ? Ils ont pris la peine de passer dans les tunnels, rien que pour tuer des gens ? Vraiment ? S'ils avaient déployé cet effort colossal dans les mines d'or, ils auraient été milliardaires.
Mon appareil bipe.
- Ici c'est agent CEA, aucun danger détecté le long du tunnel beta emmenant aux toilettes, et d'ailleurs pourquoi on m'a accordé les toilettes ? Terminé
- Bien, ici le colonel Bernard, quittez les lieux, ce n'est qu'une fausse alerte !
- Entendu colonel !
- Entendu colonel !
- Entendu colonel !
- Entendu, dis-je en soupirant.
Je dois marcher encore sur mes genoux dans cette crotte pour sortir de ce trou. Mon téléphone s'allume de nouveau. Darla insiste, elle doit être au courant de la candidature de son mari.Normalement, il m'est interdit de faire entrer mon téléphone dans ce genre de mission. Si le colonel découvre que je garde cet appareil sur moi, il m'enverra en prison. Je peux facilement être détectée par n'importe quel réseau et foutre en l'air cette mission secrète ! Mais je ne peux pas perdre le contact avec Darla, sinon elle se doutera de quelque chose.
Mon téléphone allume les lieux. Le tunnel parait sans fin. Je ne vais pas répondre ici quand même. J'avance rapidement, n'ayant rien à craindre après toute cette vérification.
Quelques minutes après, mon téléphone s'allume de nouveau. Sérieuse ? Elle rate la soirée de ses rêves pour une futilité. Elle s'attendait à quoi ? Ce genre d'homme obsédé par le pouvoir et l'argent ne peut que se présenter le premier aux élections. Comme si elle ne connait pas son mari ! Heureusement que j'ai pris mes précautions avec le téléphone avant d'entrer dans ce trou. S'il vibre ou sonne tout le monde me démasquera. En plus les vibrations dans cet endroit fermé pourraient être détectées par le système explosif et ça causerait notre mort.
En tout cas je n'ai rien à craindre. C'est une fausse alerte. Il n'y a aucune bombe implantée ici.
J'avance pendant cinq minutes. Darla reprend son appel, je lève mes yeux en haut, ce n'est pas normal à quel point elle peut être collante.
Putain !!! Merde !
- Ici Agent CEA. Arrêtez tout mouvement ! Tout de suite ! Halte ! Arrêtez-vous sur place.
- Ici le colonel, qu'est-ce qu'il y a ?
- Ils ont mis du contre-plaqué sur les toits. Au moindre mouvement nous mourrons tous, vérifiez vos murs.
- Aucun danger détecté, Agent A, terminé.
- Agent CEA, interpelle le chef.
J'ignore son appel. Figée sur place, je suis le contre-plaqué avec le bout de mes doigts, il y a toute une suture qui s'avance en avant puis à gauche.
- Colonel, pourriez-vous ouvrir le plan de l'infrastructure s'il vous plait.
- Entendu !
- A vingt pas devant moi et trente pas à gauche qu'aurons-nous ?
- La sortie principale.
- Je m'en doutais ! Il y a un tunnel secret récemment creusé, qui mène loin de la sortie.
- Aucun danger détecté chef, lance l'agent B en talkie-walkie.
- Oui c'est ça, la suture n'est pas détectable à la lumière bleue consacrée aux tunnels. Je l'ai vu avec la lumière de mon téléphone. Donc elle est détectée soit à la lumière blanche ou jaune. Arrêtez tout mouvement ! Il y a des bombes !
J'étais obligée de dévoiler la présence de mon appareillage. Ça me coûtera un sale coup dans mon travail mais à ce stade je ne pense qu'à nos vies : la mienne et celles des autres. Les autres agents sont sûrement choqués.
- Agent CEA vous confirmez la présence d'un téléphone portable dans votre équipement ?
- Oui.
- Connaissez-vous bien les règles ? Ça vous emmènera en prison.
- Si nous sortons d'ici d'abord. La prison sera un luxe devant cette mort qui nous guette.
Le colonel, bien au chaud dans son bureau, nous dirige à distance. S'il était enterré avec nous il aurait pensé deux fois avant d'ouvrir sa gueule.
- Ici c'est e colonel, je m'adresse à toute l'équipe. Utilisez la lumière blanche de vos casques.
- Non ! Non !
- Agent CEA, qu'est-ce qu'il y a ?
- Nous ne savons pas qui pourrait être aux proximités des bombes. La lumière blanche provoquera une explosion au moindre contact avec le gaz.
- Agent CEA, pouvez-vous décrire la suture que vous voyez ?
- Elle débute à une vingtaine de pas devant mon emplacement. C'est du contre-plaqué qui cache quelque chose, formé par un métal en...
- En ? Agent CEA répondez !
- ...
- Agent CEA vous êtes encore avec nous ? Répondez ?
- Quoi ? Tu ne me crois pas ? Comme toujours ?
- Quoi ?
- Je sais que tu essaies toujours de me rabaisser CHEF ? Tu peux oublier pour un moment que je suis ta maîtresse, et agir comme un professionnel ?
- Quoi ?
- Je n'ai pas oublié tes messages ! Les messages d'adieux que tu m'as envoyés sur mon numéro !
- De quels messages parlez-vous ? Je ne vous connais même pas !
- Bien sûr tu veux sauver ta réputation devant tes agents ! Les MESSAGES ! Une fois sortie d'ici je vais les publier à la vue de tout le monde.
Il marque une pause, je pense qu'il a bien compris le stratagème. Je veux qu'il me contacte par messagerie maintenant qu'il sait que je porte un téléphone sur moi.
Je viens de découvrir que le tunnel est équipé par des micros et des caméras infrarouges. Nous sommes tous tombés dans ce piège. Les terroristes sont en train de nous écouter et de nous voir, nous, les cinq agents sous terre. Quant au colonel il peut parler à son aise. Sa voix ne dépasse pas nos écouteurs. Nos voix, en revanche, n'échapperont pas à leurs micros d'espionnage. Ils attendent notre décision pour agir. Si nous continuions à parler dans nos talkies walkies et que nous dévoilions nos plans, ils n'auraient qu'à presser un bouton pour nous bombarder tous ! Je voudrais que le colonel communique avec moi via messagerie. C'est le seul moyen. Dieu merci j'ai pris mon téléphone avec moi.
Mon téléphone s'allume. Je me penche sur mon ventre et diminue l'éclairage au maximum.
« Oui » m'écrit-il.
« Le tunnel est équipé de micros et de caméras. Nous ne devons pas parler. Vous pouvez continuer à nous guider, ils ne captent pas votre voix dans nos écouteurs. En revanche, aucun agent ne doit parler. Donnez un ordre à l'un des agents afin de faire semblant de fouiller. Ils doivent se concentrer sur lui pour ne pas remarquer que je vous écris. Déjà ils sont au courant de la présence d'un téléphone portable. »
- Ici le colonel ! C'est un appel à toutes les cellules, internes et externes ! Nous sommes sous surveillance de micros et de caméras infrarouges. Aucun de vous, les cinq agents sous terre, ne doit transmettre des informations correctes ! Agent CEA se chargera de m'informer par écrit. Agent A, faites semblant de chercher, continuez à parler en communiquant de fausses informations.
Je souffle profondément.
- Monsieur le colonel, ici agent A, je vais fouiller dans les murs de proximité. J'ai trouvé un indice.
- Bien reçu.
Simultanément avec la réplique d'agent A, je reprends mon téléphone que je cache sous mon buste et je note un message.
« Ils ont sûrement mis un détecteur de mouvement à la sortie. Quand tous les agents arrivent à deux mètres de la sortie du tunnel les bombes explosent. Elles sont sensibles à la lumière et au mouvement. Cherchez ce détecteur ! »
- Ici le colonel, je m'adresse à l'équipe B devant les tunnels, cherchez un détecteur de mouvements, il doit être à la sortie.
- Entendu chef ! répond une voix.
Heureusement que le colonel dirige l'opération loin du terrain. Nous sommes cinq agents sous terre et plusieurs équipes au-dessus, encerclant la salle d'Opera !
- Détecteur désactivé !
- Ici agent A, je pense que je vais casser les murs.
- Moi aussi, agent B.
Ils continuent à divulguer de fausses informations pour égarer les terroristes qui nous regardent et écoutent. Je les ai sous-estimés ! Ils sont loin d'être des rats ou des bêtes. L'équipement de ce tunnel a pris au moins deux mois. Ce n'est pas un travail à la va-vite.
L'alerte a été donnée cinq minutes après l'entrée du public. Celui qui a appelé les policiers pour les informer des bombes ne peut être qu'un complice. Ils ont préparé un sacré plan. Ils veulent juste faire entrer la meilleure équipe anti explosif sous terre et le plus grand nombre du public pour bombarder tout le monde. S'ils nous voient sortir du tunnel, ils n'auront qu'à appuyer sur le bouton. Si nous arrêtons leurs caméras de surveillance ils ne tarderont pas à nous bombarder à distance.
Sacrée soirée de barbecue !
Je note un message : « Localisez l'appel d'alerte, si nous parvenons à capturer ce complice sans que les autres s'en doutent, nous pourrons comprendre leur plan. »
Vingt minutes après,
- Colonel, ici la brigade criminelle, l'appel a eu lieu à 21h 13 aux proximités de la rue Bernard. Nous avons vérifié toutes les caméras de surveillance des ruelles qui mènent à cette rue à cette heure-là. Une vingtaine de personnes utilisaient leurs téléphones en les mettant contre leurs oreilles. Il s'est avéré impossible de capturer les personnes avec des écouteurs sans fil ou masquées. Nous suspectons deux personnes : un homme qui essayait de cacher l'appareil sous son bonnet. Et un enfant de quinze ans qui s'est débarrassé de son appareil dans la poubelle. Nous allons l'arrêter. Notre équipe est déjà en route pour récupérer l'appareil.
- Non ! Ne touchez rien ! crié-je dans mon talkie.
De toute façon, les terroristes qui m'entendent ne peuvent rien comprendre.
Je note un message discrètement :
« C'est un piège ! Ils savent que vous allez chercher l'appel d'alerte. L'enfant ne fait que camoufler le passage du premier en attirant notre attention sur lui. L'appareil est sûrement muni d'un GPS. Si vous l'ouvrez, ils le sauront ! Arrêtez celui qui a caché son tel sous son bonnet à l'heure de l'appel. Assurez-vous qu'il ne transmet rien à ses amis. »
Une heure après.
Certes, la plus longue de ma vie.
- Colonel, il est entre nos mains. Selon ses dires ils attendent l'entrée de Mikhael Melo pour exécuter leur plan.
Mikhael ? C'est celui qui a proposé la loi de condamner les immigrés et de les faire comparaître devant la justice une fois arrivés sur leur territoire. C'est lui-même qui a demandé de neutraliser les immigrés clandestins car ils sont des criminels selon lui.
Oh non les immigrés !!! c'est le projet de Darla.
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Miss Darla
RomanceIram Al Andaloussi, issu d'une famille de paysans, remporte un prix pour sa thèse en sociologie, une réussite qui lui ouvre les portes de la faculté de Washington, un rêve enfin exaucé. Privilège accordé, on l'intègre à Miss Darla pour passer son st...