Chapitre 39

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Point de vue de Darla :

-Matilde se sent toujours coupable lorsqu'elle est en retard, même si cela arrive fréquemment. Le jour de son mariage, elle est même arrivée trois heures après le début de la cérémonie, tu imagines ?"

-J'ai l'impression qu'elle s'excusait pour autre chose," me répond-il.

-Pour quoi, par exemple ?"

-Je ne sais pas, mais son regard en disait long. Ce ne pouvait pas être juste pour un retard."

Lorsque nos deux voitures se garent devant l'hôtel, deux bagagistes nous accueillent. Ils prennent nos valises et les chargent dans le coffre d'un autre véhicule. Notre vol pour Cannes n'est prévu que dans deux jours, alors pourquoi partent-ils maintenant ?

-Matilde !" l'appelai-je en essayant de la rattraper.

Mais à ce moment-là, un troisième agent s'approche de moi.

-Madame Harris, votre cadeau est prêt. On vous attend à la réception."

Oh non, comment ai-je pu oublier ? Le cadeau de ma belle-mère ! Elle va penser que je me moque d'elle. Elle est du genre à attendre des remerciements minutieusement formulés... Quelle corvée.

Je me dirige rapidement vers la réception, le cœur légèrement serré. Un cadeau de sa part ne peut que m'irriter.

"Madame Harris," me salue le réceptionniste derrière son comptoir. "J'ai reçu plusieurs appels du propriétaire de votre cadeau."

Plusieurs appels pour vérifier... Rien d'étonnant !

Il me tend une petite boîte délicatement ornée d'un papier cadeau.

"Par ici," me dit-il avec un geste courtois pour me suivre.

Devant la porte, il attend patiemment que j'ouvre la boîte. Que peut bien cacher un si petit coffret ? Habituellement, ma belle-mère m'offre des pièces d'exception, en or ou en diamants. Aurait-elle demandé aux agents de filmer ma réaction cette fois-ci ?

Certes, ses cadeaux m'ont toujours fascinée, mais je n'ai jamais réellement ressenti de joie en les portant. Pourquoi tient-elle tant à ce que j'ouvre cette boîte devant lui ? Iram, toujours à mes côtés, reste silencieux. Un silence chargé de mille pensées.

Je finis par ouvrir la boîte : des clés de voiture.

Et merde !

"Tweet tweet" : une Maserati Levante hybride de luxe clignote au loin. Un gris métallique, reflétant les lumières comme un miroir. Ébahie, je m'approche du véhicule. Pourquoi une Maserati, et pourquoi ce modèle en particulier ? Ma belle-mère ne fait jamais rien au hasard. Tout ce qui vient d'elle a un sens caché. L'agent, sans se soucier de mon étonnement, se lance dans une explication sur les caractéristiques du moteur et les options. Je ne l'écoute même pas, perdue dans mes pensées.

"Un petit essai, peut-être ?" me propose-t-il.

"Ah, oui... bien sûr."

Je monte à contrecœur. Je n'ai aucune envie de partager ce moment avec lui. Heureusement, Iram lit parfaitement sur mon visage et parvient à l'écarter avec une habileté qui me sauve.

Assise dans la voiture, je prends une quinzaine de minutes pour observer l'intérieur. Pourtant, ma berline me suffisait largement. Je me sens presque coupable de la trahir en conduisant un autre véhicule. J'ai bien sûr d'autres voitures, mais je les utilise rarement. Je n'aime pas afficher mon luxe à l'université. Je refuse d'attirer les curieux, ces "mouches" qui gravitent autour de ce qui brille sans se soucier du fond. Les étudiants éblouis par les marques, ou les collègues qui cherchent à s'associer à moi pour booster leur propre prestige, m'irritent profondément. Leur présence me dérange. C'est pour cette raison que je ne me donne jamais en spectacle avec une voiture luxueuse ou des bijoux ostentatoires. Une simple berline et quelques accessoires sobres font l'affaire. Hors de ce monde superficiel, je m'autorise à être moi-même.

Miss DarlaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant