(30 ans plus tôt, Forêt Enchantée)
Le Chasseur quitta la chambre de la reine du pas le plus rapide qu'il pouvait, la tête baissée pour éviter les regards des gardes qu'il croisait, alors qu'il se dirigeait vers sa chambre pour un bain.
Il n'avait pas souvent pris de bain quand il vivait dans la forêt, se baignant seulement parfois dans la rivière quand le besoin se faisait ressentir. Mais maintenant, se laver était devenue une de ses habitudes dès que la reine en avait fini avec lui...
Qu'importe qu'il soit réellement sale ou non, il voulait juste se débarrasser de son odeur nauséabonde et de la puanteur du sexe au plus vite. Sa seule manière de se sentir un peu mieux après...
Certains soldats le regardaient quand il s'éloigna de la chambre. Quelques-uns étaient parfois jaloux de l'importance qu'il avait dans l'entourage de la reine. Il était devenu un de ses généraux après tout (pas qu'il s'en soucie), bien qu'elle ne le laissait pas sortir du château. Mais d'autres regards, il le savait, n'étaient que moqueurs. Car ils savaient très bien ce qu'il était vraiment.
L'animal de compagnie de Regina.
Il devrait être habitué maintenant à tout ça. Aux regards méprisants, aux moqueries d'une partie des soldats, à cette vie en cage, à souhaiter être mort à chaque fois que la reine demandait ses « services » dans sa chambre... Et pourtant, d'une manière ou d'une autre, il y avait toujours quelques éclats de honte qui le traversaient encore à chaque fois qu'il repartait, une fois la reine satisfaite.
Le Chasseur se demandait parfois comment il pouvait encore ressentir des choses comme la honte et le dégoût de soi, alors qu'il n'avait plus de cœur. Il ignorait comment la magie noire de la reine lui permettait d'arracher le cœur d'une personne sans le tuer et le forcer à faire tout ce qu'elle lui dit juste en parlant près de son cœur... Mais il savait néanmoins que cela avait affecté ses émotions et sentiments.
Il ressentait encore des choses, la preuve. Cependant, il est vrai que toute émotion qu'il ressentait était souvent fugace, disparaissant rapidement même s'il savait que certaines reviendraient vite (dès que la reine lui demanderait à nouveau de la rejoindre dans sa chambre...). Et il ne pouvait plus ressentir d'émotions ou sentiments forts, quel qu'ils soient. Probablement l'amour en particulier, même s'il n'avait jamais ressenti cette émotion particulière. A part peut-être pour sa meute et son ami à l'œil rouge.
Il était au moins reconnaissant que la reine ignore son existence. Il était en sécurité, dans les bois, là où était sa place. Pas enfermé avec simplement l'illusion de liberté, comme lui.
Il lui avait rendu visite de temps en temps, depuis son emprisonnement, mais le Chasseur s'assurait que ses visites soient brèves, pour sa protection. Regina lui avait interdit de quitter son château, sauf sur ordre contraire de sa part. C'était l'une des premières commandes qu'elle avait placé sur lui, son cœur entre ses griffes...
Il avait néanmoins pu établir, en testant cette limite, qu'il pouvait sortir à l'extérieur, tant qu'il n'allait pas plus loin qu'à quelques mètres de l'enceinte du palais. Et c'était donc là qu'il arrivait parfois à croiser son ami loup.
Le Chasseur atteignit enfin sa chambre, se rendit jusqu'au bassin et ne perdit pas de temps à se déshabiller et à entrer dans l'eau fraîche. Il frotta son corps distraitement, à un rythme lent, guidé plus par l'habitude qu'autre chose. Le sentiment de honte commençait déjà à disparaître, remplacé par cette sorte...d'engourdissement, qu'il ressentait de façon quasi permanente, depuis que son cœur lui avait été arraché de la poitrine. Bien qu'il s'était déjà demandé si cela était vraiment l'effet uniquement de ne plus avoir de cœur, ou si la honte était devenue si habituelle, qu'elle ne lui faisait plus beaucoup d'effet...
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Once Upon a Time : La Rose de Storybrooke
Hayran KurguIl était une fois, une forêt enchantée où vivait tous les personnages de contes. Nous les connaissons bien, ou du moins, nous le croyons. Un jour, ils se trouvèrent piégés dans un monde où les fins heureuses n'existaient plus. Notre monde. La Méchan...