Existence - Tome 1 [TERMINEE]

Chapitre 14 Du même sang

 10 a.m

- Il y a quelque chose qui cloche.

- Je ne sais pas, elle a peut-être ses règles.

- Que je t'entende plus jamais dire ça !

- Aïe ! Mais tu m'as fait trop mal !

- T'as qu'à garder tes blagues misogynes pour toi.

Ça doit faire un quart d'heure que je suis assise dans le couloir à écouter mes colocataires parler de moi. Je sais, c'est mal ce que je fais mais quand j'ai entendu mon prénom fuiter, je n'ai pas pu résister. Mais maintenant.. Maintenant je me dis que j'aurai préféré rester dans l'ignorance. Eux aussi pensent que je suis folle.

- Qu'est-tu fais ?

Je relève la tête doucement, le corps crispé à l'entente de la voix de mon colocataire. Nolan me surplombe de sa hauteur avec un petit air moqueur sur le visage.

- Rien du tout !

- Rien du tout ? Pourtant ça ressemble pas mal à de l'espionnage.

- De l'espionnage ? Ma voix part dans les aigües malgré moi et je pouffe, non.. non. T'as pas dû voir beaucoup de films sur le sujet.

- Si tu le dis.

Il ne perd pas plus de temps et rejoint nos colocataires dans la cuisine. Je lâche un énorme soupir et reprends mon activité. Je joins mes jambes croisées en position du lotus. Depuis hier soir, j'ai du mal à regarder Nolan dans les yeux. Cette pitié.. Je n'ai plus jamais envie de la voir et encore moins dans ses iris.

- Tout ce que je dis c'est qu'elle agit comme une folle depuis quelque jours. Quelque chose ne va pas, c'est sûr.

Uppercut dans l'estomac. Je ne l'avais pas vu venir celle-là. Je ne pensais pas qu'Adena pouvait dire ça de moi. En même temps, je ne la connais pas et vice versa.

- Peut-être qu'elle s'est échappée d'un asile ou un truc du genre.

Marlon en rajoute comme à son habitude mais cette fois-ci sa remarque me blesse. J'en viens à me demander ce que je fous encore ici. Je pourrais rentrer chez moi, dire à mes parents que j'ai raté comme ils l'avaient prédit, que j'ai besoin d'être suivi.

- Peut-être que c'est juste une femme hyper-sensible !

Je sursaute en entendant la voix de Nolan tonner plus fort que les autres. J'approche mon oreille un peu plus pour mieux entendre. Je ne m'attendais pas à ça, Nolan qui prend ma défense. Est-ce qu'il y croit vraiment ? Je revois la pitié dans ses yeux, hier soir. Non, certainement qu'il n'y croit pas mais qu'il voulait simplement écourter la conversation.

- Peut-être qu'elle est malade... reprend Amery. La Suisse cet homme.

- Et peut-être que vous devriez arrêter vos conneries. Et peut-être même qu'elle vous écoute cachées dans le couloir !

Le traitre ! Je coupe ma respiration et attends. Il n'y a plus aucun bruit. Mince, je fais quoi maintenant ? Je regarde mes mains abimées une seconde ou peut-être deux. Je mâche machinalement l'intérieur de ma joue jusqu'à sentir le gout du fer se propager dans ma bouche. Je peux me lever et leur faire face un par un, leur balancer leur quatre vérités et partir en claquant la porte magistralement. Mais je serais décrédibilisée à l'instant où il faudra que je revienne pour récupérer mes affaires. Deuxième option, faire comme si de rien n'était, me servir un café et retourner dans ma chambre lire un bon livre. Elle me semble être l'option la plus intelligente.