11:45 a.m
Je longe le long corridor, essayant de ne pas me faire remarquer par toutes les personnes qui me fixent. L'homme devant moi, bien qu'il soit très grand, ne me cache pas des yeux avides nous entourant. Au contraire, c'est plutôt sa présence qui attire l'attention de tout le monde sur nous. J'ai beau énumérer des titres de livre que je connais, au bout du centième, ma gêne n'a toujours pas décidé de me quitter.
Ma lèvre est meurtrie par mes dents que je ne cesse d'enfoncer dans la chair, je garde mes mains au fond de mes poches pour paraître sûr de moi. Pourtant, je sais que je ne trompe personne. Les cauchemars récurrents de mes nuits m'ont creusé les joues, noircis le dessous des yeux et ont fait un carnage dans mes cheveux. Je décide tout de même de garder la tête haute, quand bien même elle peut chavirer et tournoyer à une allure trop rapide pour mon estomac, je ne lâche pas.
L'homme s'arrête brutalement devant une cellule et fait signe à tous les détenus de se taire. Je frissonne sachant pertinemment que je n'ai aucun droit d'être ici et que c'est grâce au père d'Amery que je m'y tiens. L'armoire à glace tapote les barreaux avec sa lampe torche pour réveiller la petite brune à l'intérieur.
Mon cœur s'affole quand je vois mon ancienne collègue se lever difficilement et dans un état beaucoup plus affligeant que le mien. Elle semble même blessée, je veux dire, physiquement. Son regard se pose sur moi et elle m'offre un demi sourire. L'homme me glisse que nous n'avons que dix minutes et s'en va un peu plus loin.
J'enfonce durement mes ongles dans la paume de mes mains et me laisse tomber au sol. Ma colocataire se rapproche difficilement et prend appuie contre un banc en pierre aménageant sa "chambre". J'avale une boule amer. Ils la traitent comme une criminelle alors qu'il s'agissait que de pure défense. A nouveau, je sens une bulle de haine éclater dans mon estomac.
- Salut.
Je me punis mentalement pour ce simple "salut" stupide pour les circonstances. Alix quant à elle ne paraît pas voir le problème, en fait, elle paraît ne pas me voir non plus.
- Je suis désolée, je n'ai pas pu venir avant.
Ses yeux sombres se lèvent enfin vers moi et son demi-sourire disparaît aussitôt. Je me laisse foudroyer sur place quand je constate qu'en effet, elle est belle et bien blessée. Mais ça ne peut pas être des "restes" de l'autre soir, cela semble récent. Je me mords la langue pour ne pas dire de bêtise et me traîne jusqu'aux barreaux.
- Qui t'as fait ça Alix ?
- Des meufs qui se prennent pour les reines de la cour de récré.
Je pourrais croire que c'est une blague, ça sonne comme quelque chose d'amusant, mais je ravale rapidement mon rire quand je ne la vois pas sourire et emprunter un air très sérieux.
- Tu as prévenu quelqu'un ?!
- Oui bien sûr, j'ai appelé mon papa et ma maman et ils vont venir me chercher.
A nouveau je pourrais croire que c'est une blague amusante mais en y repensant, ses parents l'ont abandonné à l'âge de six ans, donc ce n'est vraiment pas sujet à rire. Je grimace et lui fais un sourire peiné.
- Je préviendrais le père d'Amery pour que quelqu'un ai un œil sur elles.
- Si tu le dis. Elle roule des yeux.
- Je.., je bégaie, je ne comprends pas, ça ne va pas, Alix ?
- Un rire amer s'empare de sa cellule tandis que ses yeux ne laissent ressortir aucune émotion. Je suis en prison.
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Existence - Tome 1 [TERMINEE]
RomanceJameelyne, jeune femme de 26 ans, quitte sa campagne natale pour vivre à New York dans une colocation de cinq personnes. Perdue et brisée, elle va chercher à définir son Existence. Elle va tomber et se relever, se découvrir et se perdre. Dans cette...