Existence - Tome 1 [TERMINEE]

Chapitre 58 Big Apple

 7:00 p.m

- Te voilà chez toi.

- Oui. Ça y est...

Nous restons sur son palier, à nous regarder pendant ce qui semble être des heures. Je me dandine sur moi même, essayant de trouver quelque chose à dire ou à faire. Mais rien ne vient. Son attitude, similaire à la mienne, paraît bien représenter notre appréhension. Plus d'une semaine à vivre ensemble, que toutes les deux. Arriverai-je à vivre sans elle ? C'est un peu comme si nous nous séparions. Personne n'aime les divorces.

- Tu promets de m'appeler si tu as besoin ? Même si c'est en pleine nuit d'accord, peu importe l'heure ?

- Je te le promet Jamee.

L'émotion me gagne tellement rapidement que je ne me vois pas la prendre dans mes bras et pourtant, c'est quand je sens ses petits bras autour de mon cou que je réalise. Elle va me manquer, c'est une certitude. Je me sens un peu bête parce que nous vivons dans la même ville. Mais après toutes les frasques qu'elle nous a fait vivre à Boston, je suis contente de l'avoir convaincu de rentrer elle aussi afin d'avoir un œil sur elle.

Je la sens me serrer un peu plus fort avant de me relâcher. Personne ne dit rien. A quoi bon ? Nous savons que ce n'est pas une fin. Ce que nous avons construit jusqu'à présent n'a fait que renforcer notre amitié. Alors maintenant, plus que jamais, je serais là.

Je lui embrasse doucement la joue avant de descendre les escaliers de son immeuble. Quand l'air frais s'abat sur moi, j'ai enfin l'impression de pouvoir respirer. C'était la partie la plus difficile, maintenant je n'ai plus qu'à retrouver ma place auprès de mes amis.

- Tu es prête ?

J'hoche la tête et souris à mes colocataires. Il est temps de rentrer. Je monte dans la voiture à côté d'Amery et attends qu'elle démarre. J'ai une boule à l'estomac qui ne veut pas me quitter, entre l'excitation et l'appréhension je ne sais plus vers quelle émotion tendre. J'ai tout laissé en plan, est-il possible de tout récupérer en l'état ?

- Ça va bien se passer Jamee. Ta chambre n'a pas bougé d'un poil et ce soir pour faire honneur à ton retour nous avons décidé de commander des sushis ! S'exclame Adena.

- C'est gentil Ade, mais ne vous donnez pas autant de mal. Je suis prête à affronter mes erreurs.

- Au fait, demain nous avons rendez-vous avec ma maison d'édition. Ils ont besoin de te rencontrer avant de te prendre.

- Quoi ? Mais je croyais que c'était acté ! M'insurge.

- Presque, se racle-t-il la gorge.

En réalité, je comprends. J'aurai dû m'en douter, on n'embauche pas quelqu'un comme ça sans la connaître mais je crois que j'espérais. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur dire ? Je n'ai aucune compétence là-dedans. Je ne suis jamais allée à la fac. Je suis certaine que beaucoup d'autres personnes adoreraient avoir ce poste et sont bien plus qualifiées que moi. La revoilà.

La boule dans l'estomac.

- Nous sommes arrivés !

J'hoche la tête et la tourne vers l'immeuble. Il paraît différent et en même temps, complètement le même. Pourquoi tout me paraît nouveau alors que je ne me suis absentée que quelques jours ?

J'inspire. 1, 2, 3. J'expire. Je réitère deux, trois fois puis me décide à ouvrir la portière. Il fait beau et New York est magnifique à travers les rayons du soleil. Nous nous rapprochons de l'été et la ville à une autre saveur à cette saison. Un peu comme une odeur de vacances. Mais si j'ai cette sensation ici, à Boston et à Lake Placid.., où est ma maison ?