Existence - Tome 1 [TERMINEE]

Chapitre 46 POV Nolan

5:10 p.m

Le poing de son frère s'éclate brutalement contre le mur de la pièce. Je donne tout ce que j'ai pour ne pas en faire de même, alors que je sens mon cœur se transformer en cendre. Je comprends mieux maintenant pourquoi elle ne veut plus qu'on la touche. Elle ressent encore cet enfoiré sur sa peau. Malgré moi, j'aplatis mon poing sur la table en métal dans un boucan grotesque.

- Monsieur Pierce et Monsieur Jones, si vous êtes dans l'incapacité de continuer cet entretien je vous inviterai à partir !

Sa tête de gland m'insupporte au plus haut point mais je me rétracte avant de dire une connerie. Mon dos se laisse tomber sur le dossier de la chaise me permettant de toiser l'agent. Isaac, lui, semble peser le pour et le contre tout en fixant le mur. Au bout d'une éternité, il se résigne à s'asseoir.

Jam n'a pas bougé, l'air ne semble même plus s'évacuer de sa bouche. Son attention est portée sur le thermos et ne paraît pas vouloir s'en défaire. J'aimerai pouvoir claquer des doigts et revenir en arrière, lui enlever cette peine qu'elle se traîne. Pourtant je sais, elle est comme ça, elle prend pour les autres, s'oubliant au passage et ça me tue.

- Bien. Pouvons-nous continuer ?

Nous hochons tous la tête simultanément. Je me permets de remplir à nouveau la tasse de ma colocataire et cette dernière s'empresse d'en avaler une grande quantité avant de reposer ses yeux sur le représentant de la loi.

- Que s'est-il passé ensuite Jameelyne ?

- Je.., je pensais qu'il allait me violer. Je veux dire qu'il allait aller beaucoup plus loin, mais entre temps Alix s'est réveillée. La scène s'est déroulée très vite. Mademoiselle Rivera s'est jetée sur lui et l'a poussé de toutes ses forces pour qu'il sorte d'au-dessus de moi.

- Vous m'aviez pourtant dit que Mademoiselle Rivera n'avait pas assez de force pour le repousser.

- En effet, mais j'imagine qu'avec l'adrénaline...

L'adrénaline peut nous pousser à faire des choses incroyables, ça a permis à Alix d'aider son amie mais dans un premier temps, ça a poussé la petite rouquine à se jeter dans la gueule du loup. L'adrénaline est une pute.

- Une simple chute comme celle-là n'aurait pas dû tuer monsieur King. Comment l'expliquez-vous ?

- Vous n'avez pas de légistes pour ça ? Crache Isaac.

- J'aimerai connaître l'avis de Jameelyne, le toise l'agent.

Ma colocataire semble nerveuse, ses pouces dansent entre eux, s'acharnent dans une lutte insensée au-dessous de la table. Je lève la main pour les défaire de son emprise mais me ravise. Ai-je le droit de la toucher maintenant que je sais tout ça ?

- Pour le détacher d'Alix un peu avant que je me dévoue, j'avais voulu le frapper avec la batte de baseball mais il a été plus rapide que moi. Il a fracassé la batte contre le mur à côté du lit, la réduisant en charpie. Quand il est tombé un peu plus tard, c'est sur les débris que sa tête a cogné. Elle renifle à nouveau et prend une gorgée de café. Je pense que certains morceaux étaient plus épais et pointus que d'autres. Il s'est empalé le crâne dessus.

- Il s'agit d'une bonne analyse.

Je le dévisage comme si il était con. Peut-être l'est-il. J'ai l'impression qu'il prend son pied avec ces conneries. J'ai une furieuse envie d'abattre mon poing sur sa gueule mais la dernière chose dont nous avons besoin c'est que moi aussi je me retrouve derrière les barreaux.

- Elle ne comptait pas le tuer. Elle renifle, essayant de ravaler ses larmes.

- Ca, c'est à la juge d'en décider.