Existence - Tome 1 [TERMINEE]

Chapitre 59 Mon amie

4:00 p.m

Le mois de mai pointe le bout de son nez, nous réchauffant de ses rayons. Voilà plusieurs semaines maintenant que je suis rentrée. Plusieurs semaines que nous prenons soin de nous éviter avec Nolan. Quand je suis à la maison, il est dehors à faire Dieu sait quoi et quand lui est à la maison, c'est moi qui sort errer dans les rues de New York. Nous ne nous sommes pas échangés un seul mot et évitons les contacts visuels. Je crois que c'est mieux ainsi. Même être amis nous n'avons jamais réussi à l'être.

Je donne beaucoup pour mon nouvel emploi et ça occupe pas mal mes journées. J'ai réussi à convaincre la maison d'édition d'Amery de me prendre à l'essaie et je crois que pour l'instant, ça se passe bien. Le livre de mon ami est incroyable et relate bien nos vies à quelques détails prêt. Il y a beaucoup de mystère autour de mon personnage, on ne le comprend pas vraiment. Je ne sais pas si c'est voulu de la part de mon colocataire ou si c'est une réalité pour lui. Dans tous les cas, je n'ose pas lui en parler non pas par peur de le blesser mais plutôt par peur de sa réponse.

Depuis mon retour, j'ai appris à garder mes questionnements pour moi et à ne plus m'en soucier. Je les range tous dans les tiroirs de mon esprit et m'assure de jeter la clé à chaque fois. Je crois que je vis mieux comme ça. J'appréhende mieux la vie en tout cas et c'est largement suffisant pour moi.

Mes nuits, je les passe avec Rory. Nous écumons les bars de la ville comme nous avions l'habitude de le faire à Boston. Plusieurs fois, des amies mannequins se sont jointes à nous. Je ne suis pas sûr d'apprécier leur présence, elles ont un pouvoir étrange sur mon amie et lui donne beaucoup de drogue. J'arrive à en intercepter pour diminuer les dégâts, malheureusement je ne peux pas toujours être là. C'est pourquoi, tous les soirs je ramène la mannequin chez elle et la regarde dormir pour m'assurer que tout va bien. La plupart de ses sommeils sont paisibles mais certains sont ponctués de cauchemars et de sursauts. Ceux-là sont les pires et la mettent dans tous ses états.

En bref, la vie à New York est devenue mon plus gros paradoxe. Tout est revenu à sa place, nos complicités ne sont jamais parties avec mes amis et je m'efforce à trouver un objectif dans ma vie. En parallèle de tout ça, je n'ai plus d'interaction avec le boxeur, j'ai un nouvel emploi qui me demande beaucoup et je garde un œil sur ma nouvelle amie jour après jour.

A la fois tout est à sa place et tout à changé.

- Tu as lu le dernier chapitre ?

Je relève la tête vers mon ami et fais une moue. J'allonge mes jambes contre son lit et pose la liasse de feuilles à côté de moi.

- Pardon ?

- Est-ce que tu as fini le dernier chapitre ? Ça fait une heure que tu regardes les pages.

- Je, hum, non désolée.

- Bah qu'est-ce que tu faisais ?

- J'étais ailleurs désolée.

Amery me regarde attendri et s'accroupit devant le lit. Je le fixe sans savoir quoi ajouter. Lui expliquer ce qu'il se passe dans ma tête serait beaucoup trop compliqué alors à quoi bon ? Je fais une moue et croise mes mains ensemble pour commencer un combat de pouce.

- Tu veux en parler ?

- De quoi ?

- De ce qui te tracasse.

- Je crois que non.

Je baisse la tête et regarde mes doigts. Si j'avais un souhait à formuler à l'heure actuelle je n'y arriverai pas. J'ai un boulot qui me plait, un bel appartement et des amis présents. Sur le papier, je ne peux rêver de mieux. Pourtant, il manque toujours quelque chose. Malheureusement, je ne sais pas quoi.