Existence - Tome 1 [TERMINEE]

Chapitre 13 La folie est l'art discret de l'audace

11:59 p.m

Je tourne la tête dans tous les sens pour repérer d'où vient le cri mais ne vois rien. La foule s'active et se bouscule dans un brouhaha tonitruant. Je sens mon corps se soulever puis descendre rapidement jusqu'à ce que mes pieds touchent le sol. Je suis obligée de me maintenir au biceps de mon inconnu pour rester debout. Tout le monde se bouscule dans la panique. Une jeune fille tombe au sol à côté de nous et manque de se faire piétiner à plusieurs reprises. J'enlève ma main et court vers elle pour l'aider à se relever. Tant bien que mal, je la hisse sur ses deux pieds jusqu'à ce qu'elle ai retrouvé l'équilibre. Une fois fait, elle ne me jette même pas un regard qu'elle part vers la sortie.

Je pousse un long soupir mais ne me prend pas plus la tête. Cette gamine devait être mineure et je n'imagine pas ce qu'il lui arrivera si elle se fait attraper par les flics. Les flics ! Je me tord le cou dans tous les sens pour retrouver mon armure humaine mais il a disparu dans la foule. J'essaie d'apercevoir Nolan dans la foule mais rien n'y fait, je ne le trouve pas. Je prends plusieurs coups d'épaules me déstabilisant. Je sens ma respiration s'amenuiser à mesure que l'angoisse me gagne. J'essaie de prendre plusieurs grande respiration mais je m'entends faire un bruit haché, presque asthmatique. Je panique encore plus.

J'essaie d'avancer tant bien que mal vers une quelconque sortie mais je ne vois rien. Ma vue commence à se troubler et je ne suis même plus certaine d'entendre le vacarme ambiant. Un bruit sourd bourdonne dans mes oreilles, mes mains tremblent et je crois que des larmes ont décidé de couler sans que je puisse les contrôler. Le sol n'arrête pas de bouger, j'ai l'impression de marcher dans des sables mouvants. C'est impossible ! Je suis sure qu'il était stable tout à l'heure. Les murs autour de moi décident de jouer eux aussi et s'approchent vicieusement de moi, m'entourant, m'empêchant de faire un pas de plus. Je sens mes yeux partir en arrière et mon corps basculer en avant.

Je n'atteins pas le sol, une grande goulée d'air s'empresse d'accéder à mes poumons quand je sens une main me rattraper avant l'impact. Je tourne la tête rapidement pour remercier mon "sauveur" et je vois son visage. Mes poumons décident de reprendre leur fonction première et acceptent enfin l'air qui me comprimait la poitrine. Mon colocataire passe une main sur mon visage puis mes yeux. Il tapote légèrement ma joue pour me ramener à la réalité. Le son accède à nouveau à mes oreilles et la foule autour de moi reprend forme. L'entrepôt, le combat, les flics. Je cligne plusieurs fois des yeux et hoche la tête pour montrer que j'ai repris mes esprits.

Mon colocataire n'attend pas plus, il glisse sa main dans la mienne et me tire dans la foule. On slalome entre les gens, je me cogne à plusieurs personnes mais ne dis rien. Aucun son ne veut sortir de ma bouche. Je n'essaie pas de comprendre ce qu'il se passe autour de moi et me concentre sur le dos devant moi. Ses muscles se meuvent au fil de la course à travers son tee-shirt, me mimant un mouvement relaxant, un peu comme une brise. Oui une brise sur l'océan, calme et rassurante à la fois.

- Mec par là !

Je cligne des yeux pour regarder à nouveau autour de moi. Nous nous sommes un peu éloignés de la foule, on se retrouve derrière le ring dans une sorte de couloir sombre donnant sur une porte de secours. L'ami de Nolan nous tient la porte en nous faisant des signes pour le rejoindre. Mon colocataire ne se laisse pas prier et me tire un peu plus fort pour passer l'encadrement de la porte et rejoindre l'extérieur.

Essoufflée de cette course sans queue ni tête, je plis les genoux et appuie mes mains sur ces derniers. Je crache mes poumons pendant ce qui me semble une éternité et relève la tête. Les deux hommes qui m'ont sauvé la vie me regardent étrangement me mettant mal à l'aise. Je me redresse doucement et tousse comme une cancéreuse. Si je voulais garder un peu de crédibilité, c'est raté.