Chapitre 61 La Princesse de Clèves

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3:00 p.m

Je veux que nous deux ne soit plus qu'un instant. Je veux que nous deux ne soit plus qu'un instant.

J'ai beau me répéter cette pensée inlassablement, elle ne fait plus sens aujourd'hui. C'était une erreur. Il me l'a avoué. Non. Il l'a clamé haut et fort. Ce n'était qu'une erreur.

Je ne veux pas que nous deux ne soit plus qu'une erreur. Je ne veux pas que nous deux ne soit plus qu'une erreur.

Je souffle et pose mon livre à côté de ma tête. Ça ne sert à rien. Je n'ai pas la tête à lire. Est-ce grave docteur ? Pourquoi est-ce que ça me fait aussi mal ? Ça ne devrait pas. Je suis revenue, pleine de bonne résolution, je ne dois pas le laisser tout détruire. J'en ai fait du chemin. Je n'ai pas besoin de lui pour avancer. Je n'ai besoin que de moi. Et ça doit le rester.

J'attrape à nouveau mon téléphone pour vérifier mes messages mais toujours rien. Je ne peux pas rester comme ça. C'est puéril. Nous sommes des adultes après tout. On devrait pouvoir s'expliquer sans se bouffer le nez. On devrait pouvoir mettre les choses à plat de façon civilisée. C'est décidé, j'y vais !

Je me lève, plus sûr que moi à cet instant, c'est impossible. Je suis remontée à bloc. Je regarde par la fenêtre. Il pleut. C'est une blague ! Je souffle et enfile un gros pull rouge et mon manteau. Je vais mettre une plombe en transport et ma boule dans l'estomac n'arrête pas de grandir. Ce pressentiment, toujours. Je sors de ma chambre et regarde dans l'entrée.

Non, ce n'est pas une bonne idée. Mais c'est une urgence ! Non ? Je me mords la lèvre inférieure, pesant le pour et le contre. En voiture j'en ai pour quinze minutes. En transport, j'en ai pour presque une heure. Le choix devrait être vite fait. Je tangue sur une jambe, puis sur l'autre. Si je me fais arrêter, c'est foutu. Au pire il m'arrive quoi ? Une amende ? Je peux la payer. On ne met pas les gens en prison pour si peu, si ?

Qu'est-ce que tu fais ?

Je sursaute et me tourne vers le salon. Le boxeur s'est levé du canapé et me regarde avec les sourcils froncés. C'est vrai que j'ai l'air coupable dans cette entrée à me dandiner comme une gamine sur le point de faire une bêtise. Est-ce que c'est ce que je suis sur le point de faire ? Une bêtise ?

J'ai une urgence !

Je réponds rapidement. Nous nous fixons pendant ce qui semble une éternité. Il épie mes moindres faits et gestes, prêt à bondir en cas de problème. Je tente un sourire hypocrite et attrape rapidement les clés de la voiture d'Amery. Les yeux du boxeur semblent être devenus deux billes bien rondes. Je ne lui laisse pas le temps de plus réfléchir que je descends en trombe les escaliers.

Quand j'arrive au deuxième étage, j'entends la porte de notre appartement claquer et des pas lourds descendre les escaliers. Merde ! Je tape le plus gros sprint de ma vie pour rejoindre la voiture. Une fois à l'intérieur, je ferme les portes à clé et prends une grande inspiration. Aller Jamee, tu l'as déjà fait, à Boston. Sauf que c'était en pleine nuit et qu'il n'y avait personne. Aujourd'hui c'est en plein milieu de l'après-midi, il pleut et je suis dans la ville la plus peuplée des Etats-Unis !

Un coup retentit contre ma vitre me faisant sursauter. Je tourne la tête et constate que c'est Nolan. Il abat ses poings contre la vitre avec une force folle. Il a l'air en colère, très en colère en fait.

Sors de cette voiture Jameelyne !

- Je suis désolée, comme je t'ai dis c'est une urgence.

Je lui fais ma moue la plus convaincante possible et allume le moteur.

Je vais te faire la peau si tu conduis cette voiture !

Existence - Tome 1 [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant