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Le pinceau de fond de teint se promène inlassablement sur mon visage depuis ce qui me semble une éternité. La maquilleuse répète sans cesse que mes yeux sont incroyables, que la couleur de mes cheveux est un don de Dieu. J'ai donc décidé d'arrêter d'écouter ses inepties depuis environ trente minutes. Elle a bientôt fini de faire de mon visage un pot de peinture me rappelant que je vais bientôt me retrouver devant une quarantaine de paires d'yeux et d'un appareil photo.
Mes chiffres magiques se jouent de moi et m'empêchent de me concentrer sur ma respiration. Une boule d'angoisse grandit dans mon estomac et appuie sur mes poumons les empêchant de respirer. J'essaie de chanter en boucle Hand in my pocket, d'Alanis Morissette dans ma tête. June me la chantait souvent petite pour calmer mes crises d'angoisses.
I'm free but i'm focused
Je suis libre, mais je suis préoccupée
I'm green but i'm wise
Je suis verte, mais je suis sage
I'm hard but i'm friendly baby
Je suis dure, mais je suis amicale, bébé
I'm sad but i'm laughing
Je déprime, mais je rigole
I'm brave but i'm chicken shit
Je suis courageuse, mais je suis une poule mouillée
I'm sick but i'm pretty baby
Je suis malade, mais je suis jolie, bébé
Je me raccroche à ces idées. Je suis forte. Je suis une multitude de contradictions mais je ne veux plus qu'elles m'empêchent de vivre. Je veux pouvoir suivre les conseils de mon amie et ceux de ma sœur. Je veux faire quelque chose pour moi, même si c'est à travers un service farfelu demandé par ma colocataire.
La maquilleuse lance un "Tada !" devant le miroir pour m'inciter à me regarder. Je jette un coup d'œil à ce dernier mais n'y prête pas plus attention. Je ne veux pas m'attarder sur mon reflet. Je m'apprête à vivre certainement l'expérience la plus honteuse de ma vie et je ne suis pas certaine de vouloir être actrice ET spectatrice de ce futur désastre.
Face à mon manque d'enthousiasme, elle pose son pinceau dans un pot et me tire jusqu'à la penderie installée pour le shooting. Elle fait glisser les pendants d'une lenteur affligeante et finit par en sortir une robe blanche. Quand je vois le bout de tissu je me dis que jamais je rentrerai dedans. Je crois qu'elle a besoin de lunettes ce qui m'inquiète pour mon maquillage. Peut-être que j'aurai dû vérifier après tout.
La maquilleuse fronce les sourcils face à ma moue et me pousse dans une cabine bricolée pour que je me change. Dans les 4 mètres carrés que ces murs me laissent j'essaie d'enfiler tant bien que mal la robe. Je me cogne cinq fois le coude, trois fois la tête et une fois dans le nerf du genou me faisant pousser un râle. Je retiens ma respiration et finis de glisser le tissu sur ma peau. J'ai peur que si je respire la robe explose. Je sors rapidement de la cabine sous l'œil attentif de la mégère aux pinceaux. Je rigole devant son air ahurie et constate que la robe n'a pas bougé. Je peux respirer.
Elle me pousse à nouveau sur les écrans verts au milieu de la pièce. Tout le monde se tourne vers moi, bousculé par le bruit d'hippopotame que j'ai fait. Je sers les dents tout en comptant dans ma tête inlassablement pour garder une respiration convenable. Les mannequins passant avant moi, me lancent des regards vicieux ce qui me déstabilise énormément. Je fuis rapidement toutes ces iris qui me procurent des sueurs froides et tombe dans ceux de ma colocataire.
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Existence - Tome 1 [TERMINEE]
Roman d'amourJameelyne, jeune femme de 26 ans, quitte sa campagne natale pour vivre à New York dans une colocation de cinq personnes. Perdue et brisée, elle va chercher à définir son Existence. Elle va tomber et se relever, se découvrir et se perdre. Dans cette...