* Chapitre 4 - Esmeralda *

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Esmeralda

Comme c'est beau de rêver.

De s'imaginer la vie qu'on pourrait avoir, ou la vie qu'on aurait eu.

Je me réveille dans cette chambre, la fenêtre sur une vue de tout New-York. J'observe les gens marcher, le sourire aux lèvres. Je vois les couples, main dans la main et les familles heureuses d'habiter ici ou de visiter.

Une petite voix dans ma tête me dit qu'en ce dimanche matin, peut-être, je serais au parc avec ma fille et peut-être avec un chien, parce que j'adore les chiens.

Et bien sûr, je serais main dans la main avec Adam, on regarderait notre fille courir partout et sans doute, je lui dirais de faire attention, parce que si elle a le même caractère que moi petite, ça doit être un petit diable.

On achèterait une glace ou un gâteau, parce que je suis très gourmande et après, on profiterait de notre dimanche en famille, on regarderait une série, et Adam jouerait avec mes cheveux, parce qu'il adorait ça.

Et puis comme si quelqu'un avait éclaté la bulle dans laquelle j'étais, mon cerveau se remet en marche et tous mes rêves s'effacent, parce que cette vie, ce ne sera jamais la mienne...

L'espoir, dit mon cœur.

Chut, dit ma conscience.

C'est facile de s'imaginer la vie de rêve, mais ce n'est pas facile de l'accomplir.

J'ai grandi dans une famille de mafieux et ce n'était pas facile parce qu'il fallait jouer un rôle, être sans cœur. Voilà ce qu'on devait être, pour être respecté.

Ma mère est morte quand j'avais sept ans, elle est morte pour rien...

C'était une vengeance, mon père a fait une erreur et son erreur a coûté la vie de ma mère.

Haïr mon père était la façon facile de faire mon deuil, remettre la faute sur les autres, c'est toujours plus facile. Mais ça, c'est facile quand on a sept ans et qu'on vient de perdre sa mère, mais quand on a dix-huit et qu'on est sur le point de mourir ?

On regrette, je regrette d'avoir perdu des années de ma vie à haïr mon père au lieu de profiter et comprendre son mal-être, parce que personne ne le sait, mais moi, je l'ai entendu pleurer le soir de la mort de ma mère.

Je l'ai entendu supplier le bon Dieu pour lui ramener sa femme...

" Prenez-moi, je vous supplie. Emmenez-moi en enfer si vous le voulez, mais prenez-moi et ramenez sa mère à ma fille."

Je l'ai entendu dans son moment de faiblesse, c'est d'ailleurs la seule fois où je l'ai senti... Où je l'ai senti humain.

Humain avec des faiblesses et des fragilités...

À l'instant, où j'ai senti cette balle traverser mon corps, je sentais que c'était la fin. Je pensais que pour retrouver ma mère, je devais laisser ma fille.

Pour la première fois de ma vie, je ne voulais pas retrouver ma mère, je voulais serrer ma fille dans les bras et lui chanter une chanson parce qu'à chaque fois que je chantais, elle souriait. Et pour faire rire ma fille, je pourrais chanter à en perdre les cordes vocales.

Même si j'ai détesté mon père, un jour, je lui dirais merci. Merci de m'avoir sauvé la vie, quand je pensais que j'étais déjà morte.

Merci de m'avoir protégé, et même si tu ne le diras jamais au fond, je sais a qu'elle point tu aimes prendre soin de ta famille.

𝑯𝒆𝒂𝒓𝒕𝒍𝒆𝒔𝒔 | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant