* Chapitre 21 - Esmeralda *

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Esmeralda

Seule.

Je suis seule, et je n'exagère pas, je suis vraiment seule. Les jours passent et quelque chose se brise un peu plus chaque jour. Cinq jours se sont écoulés, cinq très longues journées. J'ai eu le temps de travailler, de pleurer, et même de culpabiliser.

C'est facile de jouer un rôle pendant les huit heures de travail, mais en rentrant ? Le masque tombe et la solitude m'assassine. On dit souvent qu'on se rend compte de la valeur des choses une fois qu'on les a perdues. Aujourd'hui, je me suis rendu compte à quel point Selena était importante dans ma vie.

Je n'ai pas le droit de me plaindre, je suis parti quatre ans après tout. Isabella était avec son père toute la semaine et comme j'ai évité son père comme la peste, c'était alors difficile de lui demander de l'avoir. Je ne voulais avoir aucun contact avec Adam. C'est mieux ainsi.

Je me réveille ce matin avec un objectif : passer à autre chose. Selena a tous les droits de vouloir s'éloigner, mais c'est un peu frustrant d'être voisine, parce que je pourrai très bien sonner et lui dire tout ce que j'ai sur le cœur, mais je m'abstiens. Elle a raison, j'ai mal agi et je suis revenu comme ça, sans jamais prendre en compte sa vie à elle.

Mais au fond de moi, je culpabilise parce qu'elle a vécu beaucoup de choses seules. Je ne peux pas me permettre de me plaindre avec elle, mais... Mais j'ai tenu ma promesse, non ? Je suis parti, mais je suis revenu...

J'entends mon téléphone vibrer et je saute presque dessus, quand je le prends, je vois que c'est un numéro inconnu. Je sais déjà qui c'est, il n'y a que lui qui change de numéro tous les deux jours.

– Allô, dis-je après avoir décroché.

– Enfin, tu réponds, ça fait deux jours, je t'appelle, j'ai bien cru que tu étais morte, dit-il.

Je me raidis d'un coup, alors je ne réponds rien.

– Oups, mauvais jeu de mots, dit-il en rigolant.

– Je vais raccrocher dans trente secondes, alors parle vite, très vite même, dis-je énervé qu'il continue de dire des choses ainsi.

– Écoute, je te téléphone, tu ne réponds pas. Et si j'ai la chance que tu répondes, tu trouves tout le temps une excuse pour raccrocher.

– Bien vu Sherlock, tu t'es pas dit que quand les gens font ça, ça veut dire qu'il est préférable de ne plus appeler ?

– Je n'abandonne jamais, dit-il en souriant, je l'entends au son de sa voix.

– Il serait peut-être temps de comprendre que je ne t'aime pas.

– Bonne nouvelle ça fait vingt-deux ans, alors ça ne change pas de d'habitude. Mais aujourd'hui, tu as l'air encore plus irrité que d'habitude.

– Bonne journée, dis-je sur le point de raccrocher.

– Non, attends, dit-il, je suis ton père, tu dois me respecter, cesses de faire la gamine.

– La gamine ?! Tu as gâché ma vie, et je me trouve vachement gentil avec toi, alors cesse de m'appeler parce que la prochaine fois, je te fais la promesse de ne plus répondre.

– Je l'ai fait pour ton bien, dit-il en soufflant, j'étais obligé.

– Adieu, dis-je en raccrochant.

Il a le don de m'énerver en un rien de temps, c'est incroyable.

Je finis de me préparer en vitesse, et je sors à la hâte, en fermant ma porte, j'entends du bruit dans mon dos, je sais qui c'est. Selena. C'est la première fois que je la croise, je peux deviner qu'elle a été chez son copain.

𝑯𝒆𝒂𝒓𝒕𝒍𝒆𝒔𝒔 | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant