Les jours qui suivirent, mon moral tendait à être positif, et ce, malgré les journées froides et humides de cette fin d'octobre. Maman ne manqua pas de le relever, par ailleurs : elle s'étonnait de mon entrée plutôt chaleureuse, et elle n'était pas la seule. J'étais moi-même surpris de supporter si bien les huit heures de cours.
Huit heures certes, mais huit heures en compagnie de mes amis qui étaient logés à la même enseigne, dont Ezra, avec qui les séances de sport constituaient une des raisons pour lesquelles je me levais le matin avec enthousiasme. Durant chaque instant à ses côtés, il m'était difficile de ne pas le regarder. J'aimais inlassablement observer son visage fin, son nez droit qui lui conférait un charme méditerranéen, ses yeux d'un noir perçant qui contrastaient avec sa peau lumineuse, mais surtout, surtout, ses ondulations qui se glissaient sur son front et derrière ses oreilles.
— Gabriel, t'as pas oublié pour ce soir ?
La voix de Vick s'éleva faiblement à ma droite, tandis que nous entamions notre dernière heure de cours.
— Hein ?
— L'anniv' de Charlie, trouduc !
Soudain, tout me revint. Lundi, Charlie était venu nous voir à la cafétéria pour nous convier à son anniversaire. Et au vu des détails qu'il nous avait présentés, j'ignorais comment une telle information avait pu m'échapper : ses parents nous laissaient la maison.
L'idée de devoir sortir par ce temps pluvieux ne m'enchantait guère, mais je ne pouvais me résoudre à manquer une soirée avec autant de potentielle que celle-ci. Il était rare que nous puissions nous retrouver seuls quelque part et Charlie nous avait tous invités, et tous, excepté Ezra « qui devait réfléchir », avaient répondu instantanément présent.
— Nan, t'inquiète, j'ai pas oublié, répondis-je.
— Viens me récupérer chez moi et on y va ensemble.
Sans écouter davantage les instructions de Vick, je me tournai vers Ezra qui se situait sur la rangé de gauche, une table devant nous.
— Oh, Ezra, lui lançai-je.
Il pivota vers moi, l'expression perplexe. Il était rare que je l'interpelle en classe, conscient que lui parler durant un cours le dérangeait fortement.
— Tu vas chez Charlie ce soir ? chuchotai-je suffisamment fort pour qu'il m'entende malgré la faible distance qui nous séparait.
Il fronça les sourcils et je devinai un « quoi ? » se dessiner sur ses lèvres silencieuses. Anthony, assis à ses côtés, avait visiblement suivi la discussion puisqu'il lui chuchota quelque chose à l'oreille ; à la suite de quoi, Ezra me fit non de la tête. Je lui esquissai un sourire en guise de réponse.
Tant pis.
— Y aura Thalia, en plus, m'informa Vick avec un clin d'œil.
— J'ai une copine, frérot.
— Oh, c'est bon. Tu la vois une fois par an, ta copine, depuis qu'elle est partie à l'étranger.
— On a pas tous pour vocation d'être un gros charo comme t...
Soudain, sans répondre, il tourna la tête vers le tableau, l'air inquiet. Je suivis son regard.
Le prof nous fixait depuis un moment. Le silence anormal qui planait depuis quelques secondes et les regards rivés vers nous auraient pu nous alerter plus tôt.
— Bien. Nous pouvons reprendre maintenant que les deux du fond se sont enfin tus.
Je ravalais avec difficulté un rire, et, ignorant aussitôt le rappel à l'ordre, je me penchai discrètement vers Vick afin d'élever la voix le moins possible.
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Ezra et Gabriel - TOME 1 (BxB)
Teen FictionGabriel a tout pour être heureux : il est populaire, a un fidèle groupe d'amis, sans oublier sa petite amie Ivanie. Pourtant, ce bonheur manifeste, ce garçon de seize ans peine à l'atteindre : il déteste la ville où il habite et se rendre au lycée e...