Love in Society

Boreo

L'anniversaire

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« The Story » de Conan Gray.

Aujourd'hui est un jour important pour le jeune Théodore. Nous sommes le vingt juin et un évènement majeur se produit chaque année à cette même date.

L'anniversaire de Boris.

Et cette année il a décidé d'offrir un cadeau qui lui tient réellement à cœur : un binder. Ce terme anglais désigne une brassière compressive pour les personnes qui souhaitent aplatir leur poitrine pour donner l'effet d'un torse plat. Il a fait des recherches et c'est les homme transgenres qui portent très souvent ça même si c'est accessible à tout le monde ce qui est très utile. Théo en a tout de suite commandé une pour son ami. Boris utilise de longues bandes blanches pour écraser sa petite poitrine et donner l'illusion qu'il n'en a pas. Malheureusement, cette technique oppresse ses poumons ce qui l'empêche de respirer convenablement. Et parfois, des bleus apparaissent sur sa peau et diverses autres blessures le torturent tous les jours. Le blond s'est donc attelé à la tache qu'est d'abréger ses souffrances avec un outil plus confortable. Néanmoins, le binder présente lui aussi des risques, une trop longue utilisation peut présenter de graves problèmes au dos ou une déformation de la poitrine. Les effets les plus graves sont le déchirement de la peau et le risque de côtes fêlées. Des frissons de terreur ont parcouru l'échine de Théo.

- Je détiens une arme de destruction, dit-il à son reflet.

Théodore se contente d'enfiler une chemise blanche trop longue et un pantalon noir. Les températures sont plutôt chaudes en cette période de fin de printemps. Il replace une mèche rebelle avec ses doigts puis il recule d'un pas pour s'admirer devant le miroir. Il affiche un sourire fier, il s'attendait à un résultat pire, il se sent beau, c'est le principal.

Le jeune garçon a donné rendez-vous à son ami au parc qui est assez reculé de la ville, les deux amis se retrouvent souvent aux balançoires pour se défoncer avec toutes sortes de drogues et d'alcool. Mais aujourd'hui il prend l'initiative de venir dessoûler, encore heureux.

Il sort de chez lui et rejoint la route rapidement. Son cadeau emballé approximativement pend dans sa main droite, un sourire niais est accroché à ses lèvres, il a l'air d'un parfait imbécile. Il a hâte de voir la réaction de son ami, il a mis des semaines à trouver ce trésor. Il sait à quel point Boris souffre, il est né dans le mauvais corps, ça doit être terrible à vivre tous les jours. Boris lui a annoncé être un homme transgenre il y a déjà un an, c'était lors d'un jour de pluie intense, ils étaient allongés tous les deux dans le lit. Pavlikovsky a commencé à se tortiller de douleur. Inquiet, le blond a tenté de le toucher mais Boris s'est écarté violemment. Il s'est effondré en larmes, la douleur était trop puissante pour rester insensible. Théo l'avait alors écouté, il l'a rassuré immédiatement en lui promettant de ne jamais le juger. Le garçon aux lunettes a tout fait pour que Boris soit le plus à l'aise avec son corps, c'est encore très difficile, de nombreuses fois Boris s'est effondré en pleurs dans ses bras, mais à chaque fois Théo était là pour le rassurer et calmer ses sanglots. Leur amitié s'est d'autant plus renforcée depuis ce jour, pour le plus grand bonheur de Decker.

Arrivé à l'endroit du rendez-vous, Théo se pose sur une des balançoires, attendant son ami qui le rejoint peu après.

- Pourquoi tu m'as donné rendez-vous ici ? lance l'ukrainien en s'asseyant à côté de lui.

Le blond ne répond pas tout de suite, il sort d'abord le cadeau de derrière son dos. Boris fronce les sourcils, la perplexité se lit sur ses traits.

- C'est un gamin de quatre ans qui l'a emballé ? lance-t-il en riant.

Théo affiche une expression faussement vexée. Sa remarque est une flèche aiguisée qui vient se planter directement dans le cœur du blond.

- Je t'emmerde connard. J'ai même plus envie de te dire mon speech, tiens. Et joyeux anniversaire crétin, marmonne Decker en balançant le paquet dans les mains de Boris.

Le concerné appuie avec méfiance sur le papier cadeau, il est mou. Pavlikovsky lance un regard intrigué à son ami.

- C'est pas une bombe, ouvre.

Poussé par sa curiosité, le noiraud déchire les bouts de scotchs avec délicatesse. Théo ne comprend pas.

- Je tiens à garder ce papier cadeau en souvenir, il est si laid, explique le noiraud en riant.

Decker marmonne des insultes à son attention ce qui a le don de redoubler les rires de Boris. Il ouvre ensuite plus rapidement le paquet, il en sort une brassière de couleur beige. Sa tête dérive violemment vers son ami qui affiche un sourire timide.

- Un soutif ? T'es con ou tu le fais exprès ?! s'écrie-t-il en lançant le bout de tissu sur Théo.

- Non ! C'est un binder, c'est une brassière qui aplatie la poitrine ! Jamais je me permettrai de faire ce genre de blagues déplacées voyons !

Boris écarquille les yeux en ramassant la brassière, des larmes bordent ses yeux. Ce cadeau est merveilleux.

- Ça fait trop longtemps que tu souffres en silence, tes bandes blanches et tes pansements détruisent ton corps de jours en jours et ça me tue de voir ton dos aussi meurtri par ces armes de torture. Ce binder a aussi des risques comme la déformation du dos et j'en passe, mais c'est seulement si tu dépasses les sept heures prescrites. On arrive en été et tu portes encore ses gros pulls qui te gâchent la vie, j'ai pensé que ce binder pouvait t'aider à porter plus souvent des t-shirts et alléger un peu ta peur des regards des autres. Tu te caches derrière des vêtements larges, tu t'autodétruis continuellement et ça me tue de voir ça. Tu mérites d'être toi-même sans vivre pour les autres, tu as le droit au bonheur Boris. Je t'aime comme tu es, avoue Théo en triturant ses mains par peur de la réaction de son ami.

Quelle surprise quand il sent deux bras entourer sa nuque. Son nez atterrit dans l'épaule de Boris, celui-ci pleure à chaudes larmes ce qui fait trembler son corps. Théo caresse gentiment son dos pour apaiser ses tourments.

- Merci Potter, murmure-t-il dans un souffle.

Un petit sourire déforme les lèvres du blond, il est heureux d'avoir pu aider. L'étreinte dure plusieurs secondes dans lesquelles les sanglots de Boris cassent le silence apaisant qui s'est créé.

Lorsqu'ils se séparent, le noiraud part en direction de sa maison.

- Je vais l'essayer ! crie-t-il en souriant jusqu'aux oreilles.

Sa joie est contagieuse car Théo sourit à son tour.

Boris ressort après cinq minutes de préparation, il arrive en trottinant au niveau de son meilleur ami. Ses yeux pétillent de bonheur, une chaleur se propage dans le cœur de Decker, il est fier de lui. Fier du jeune garçon qui porte pour la première fois depuis longtemps un t-shirt à manches courtes. Un courant d'air glisse sur la peau nue de Boris, il respire un grand coup, ressentir ces choses est tout nouveau pour lui, cela fait une éternité qu'il n'avait pas senti le vent sur sa peau. L'immense sourire sur ses lèvres témoigne de son bonheur d'être enfin lui. Théo le regarde amoureusement, une étincelle de fierté brille dans ses iris, des larmes bordent ses yeux.

Pavlikovsky s'approche de lui et prend son visage en coupe. D'abord surpris, Théo se laisse faire. Les lèvres de Boris se posent fougueusement sur les siennes, une explosion de papillons se répand dans son estomac. Son cœur déborde de bonheur.

- Ce t-shirt te va très bien, chuchote le blond contre ses lèvres.

Un rire franc passe la barrière de ses lèvres. Boris dépose plusieurs baisers sur le visage de Théo, provoquant des éclats de rire de la part de Decker.

C'est le meilleur anniversaire qu'il n'a jamais eu. Vivement l'année prochaine.

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Ce chapitre me tient particulièrement à cœur car il touche un sujet encore tabou aujourd'hui : la transidentité. J'espère n'avoir blessé personne, je peux être maladroite et si c'est le cas n'hésitez pas à m'envoyer un message pour que je rectifie l'erreur. Et si vous avez besoin de parler sachez que je suis ouverte à toute discussion ! ❤️

Zoubie