Reddie

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ATTENTION : évocation du deuil. Suicide.


Veux-tu m'épouser ?

°°°


« Rue des trois frères » de Fabrizio Paterlini.

Cela fait trois ans aujourd'hui qu'il ne ressent plus rien. Il a tenté en vain d'aller mieux, mais il n'a jamais réussi. La perte de son ami a été difficile pour tout le monde, pourtant, c'est lui qui dépose des fleurs sur sa tombe tous les jours depuis trois ans. Il passe des heures à lui parler de tout et de rien, de sa nouvelle vie, de son job d'humoriste. Il sauve les autres mais lui, qui le sauve ?

Les larmes lui montent aux yeux. Placé devant son miroir, il place sa cravate avec minutie. Il déteste son reflet, s'il le pouvait, il aurait défiguré tous les miroirs à sa portée. Il prend ses lunettes, les mêmes qui ont une petite tâche rouge sur le coin de la monture, il doit changer ses lunettes, mais les souvenirs qui les entourent lui font trop mal au cœur. Il accroche ses derniers boutons de manchettes, il est enfin prêt. C'est dans un dernier soupir à l'attention de son reflet qu'il part rejoindre sa voiture. Son cœur est vide depuis cet événement, il a perdu une partie de lui-même, il a perdu son âme sœur. Les jours passent et la douleur est toujours aussi présente, elle grossit de minutes en minutes. Le vide, c'est ce qui résume la tête de Richie, le vide de tout sentiment, le vide de toute pensée. Il est une coquille vide qui tente de survivre dans un monde cruel.

Après une heure de route, il met un pied à terre. Il respire une grande bouffée d'air, la voiture commençait à l'étouffer. Il pousse la grille de ses deux mains, son groupe d'amis est présent, la colère monte en lui et sa gorge se noue.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? crache-t-il à leur intention.

C'est Beverly qui répond :

- Nous sommes venus rendre un dernier hommage à notre ami.

- C'est il y a trois ans qu'il fallait faire ça.

Les mots font l'effet d'un venin au groupe, ils baissent tous la tête.

- Nous sommes désolés de ne pas t'avoir soutenu comme il le fallait, s'excuse Bill en s'avançant d'un pas.

Richie recule.

- Vos excuses de valent rien, donc je vous prierai de partir d'ici.

Beverly a les larmes aux yeux. Elle sanglote dans les bras de Ben avant de déposer une fleur sur la tombe de son ami.

- Je suis désolée, murmure Beverly à son niveau.

Richie accepte son étreinte amicale.

- Je te pardonne, avoue-t-il en fixant la rousse.

Les pleurs de la femme redoubles sur l'épaule de Richie avant de soudainement s'arrêter.

Le groupe part en laissant derrière eux, une âme brisée. Richie se laisse tomber sur les genoux devant la pierre tombale. Des larmes roulent sur ses joues, il respire fort. Soudainement, deux bras entourent ses épaules. D'abord surpris, il ne comprend pas ce qu'il se passe et commence à paniquer. Mais lorsqu'il voit une tignasse rousse, il se détend instantanément. Ben, Bill, Beverly et Mike s'unissent pour lui offrir une grande étreinte. Richie fond en larmes dans leurs bras, le groupe l'accompagne dans ses sanglots.

- Eddie est mort, il est parti, hurle-t-il dans un cri désespéré.

- Non il n'est pas parti, il est encore là Rich, il est là, rassure la rousse en regardant tristesse la plaque où il est écrit : "à mon premier amour".

Une fissure éclate dans son cœur.

Richie hoche frénétiquement la tête.

- Oui il est là, je le ressens, affirme-t-il.

Beverly caresse gentiment son dos, cela a pour effet d'apaiser les pleurs de Richie, et ça fonctionne.

Richie se dégage gentiment de l'étreinte, il met un genoux à terre. Tout le monde est surpris.

- Je n'ai pas eu le temps de te poser la question que tu attendais le plus. Edward Kaspbrak veux-tu m'épouser ?

Des sanglots étouffés parviennent aux oreilles de Richie. Tozier dépose la boîtier avec le bijou sur la tombe d'Eddie. Richie recule d'un pas et part avec les autres du cimetière. Le silence englobe le petit groupe.

Ce soir sera sa dernière tentative. La deuxième alliance trônera sur la pierre tombale de « l'amant merveilleux ».


Love in SocietyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant