Boreo

45 5 0
                                    


Le pirate

°°°


La lecture est pour Théodore un moyen de fuir le monde, de voyager au delà des limites que la Terre lui donne. C'est pour ça que la bibliothèque du palais est le meilleur endroit pour qu'il se retrouve seul à seul avec lui-même. Le silence qui englobe cette pièce lui fait le plus grand bien. Ces derniers jours, les devoirs royaux se sont accumulés dangereusement et sa vie privée n'existait plus.

Cependant le calme ne dure jamais très longtemps, on toque à la porte. D'une voix peu expressive, il donne son accord à la personne d'entrer. L'intrus ne met pas beaucoup de temps à actionner la poignée, le blond ne prend même pas la peine de relever la tête de son livre, cela doit être Boris qui vient de finir sa réunion.

- Votre majesté, je dois vous escorter dans un endroit sûr pour votre sécurité. Un groupe de protestants est aux portes du palais et nous ne savons pas encore leurs intentions, annonce-t-il d'une voix posée.

Il daigne enfin relever le regard de son roman afin de le poser directement sur le garde qui se tient à sa gauche.

C'est étrange, il a déjà eu des alertes comme celle-ci, afin de l'entraîner à une soudaine attaque quelconque, ce qui n'est arrivé qu'une seule fois depuis que Théo est né. Pourtant il y a toujours un protocole de sécurité à respecter : au moins cinq gardes doivent l'escorter pour plus de protection. Des bruits de balles se font souvent entendre qu'il soit dans n'importe quelle pièce du château afin de le plonger dans une ambiance pesante. Et pourtant, aujourd'hui, il a beau mettre tous ses sens en alerte, il ne perçoit aucun son, ni hurlement de peur, ni le fracas des talons sur le marbre. Rien.

Durant une dizaine de secondes, Decker dévisage intensément le garde comme pour lire dans ses pensées, néanmoins, il ne décèle pas le moindre mensonge, juste un éclat de peur dans ses yeux.

- Bien, je vous suis, répond-il après un long moment de silence.

Son interlocuteur pousse un petit soupir de soulagement et lui montre la porte d'un geste fluide. Il faut avouer qu'il est curieux au sujet de cette intervention insensée, mais l'habitude de ce genre de pratiques ne le chagrine pas plus que ça, du moins, pour le moment.

Le soldat ne semble pas du tout paniqué, il se tient droit et avance d'un pas silencieux.

Quand les deux hommes se retrouvent dans le couloir, un silence de mort lui donne la chair de poule. Tout semble étrange, comme si un danger arrivait droit sur eux. L'homme devant le blond l'aurait prévenu de toute façon. Pourtant un sentiment de méfiance lui prend soudainement le cœur. Il ne semble pas suspect, il l'a déjà vu parcourir ces longs couloirs et il n'a jamais eu de comportement étrange.

Une question brûle la gorge du prince :

- Pourquoi est-ce aussi tranquille ? Où sont les autres gardes ?

Une goutte de sueur roule le long du front du jeune guerrier, répondant à sa question par la même occasion. Il continue sa route comme si de rien n'était. Son ton se fait plus dur :

- Répondez moi !

- Je n'ai pas le droit de vous dire quoi que ce soit votre altesse.

Sa voix est neutre mais trahit une impatience qui grandie de minute en minute. Le blond se fiche pas mal de son état, il est peut-être en danger et cette situation ne lui plaît pas du tout. D'un pas décidé, il pose une main sur son épaule de sorte qu'il se tourne vers lui mais un bruit d'explosion retentit au loin.

Love in SocietyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant