Darkest season. (Terminée )

3.

Chapitre 3
«... and flashback, hurts »

— Comment tu te sens ? Elle demande. Et je veux une vraie réponse.

Son habituel carnet vert à la main gauche et son stylo dans la droite, prête à noter mes moindres mots, faits et gestes.

— Épuisée.

— De quelle manière ?

— De toutes les manières possibles et imaginables.

Elle note.

— Tu peux m'en dire un peu plus ?

— Il n'y a rien à dire de plus, je lance. Les raisons n'ont pas changé. Ce sont les mêmes depuis qu'on a commencé.

Elle prend un moment puis dit :

— Tu es en colère.

Un rire nerveux s'échappe de ma bouche.

— Comment ne pas l'être ? je rétorque durement. Comment ne pas être en colère avec tout ce qui m'arrive ?

— Tu as le droit de ressentir cela, mais ce n'est pas la bonne approche.

Je la regarde.

— La colère ne résout rien, elle ne fait qu'enfouir le vrai problème, ajoute-t-elle. C'est le choix le plus simple et qui, malheureusement, n'engendre rien de bon. Être en colère contre qui et pourquoi ? Et admettons qu'il y ait une raison, ça changerait quoi à la situation ? Blâmer les autres ou soi-même empêche d'avancer.

— Alors quoi ? Dis-je. Je vais sourire à tout va et prétendre que je suis la plus heureuse de la terre ?

— Non, elle répond. Tu vas affronter la douleur. Parce que c'est généralement ce qui se cache derrière la colère.

Je secoue la tête.

— Tu dois accepter toutes les choses qui sont arrivées, peu importe que ça prenne 10 ans ou 50 ans, dit-elle.

— Et si je n'y arrive pas, hein ? Demandé-je la boule au ventre. Et si je ne veux pas l'accepter ? Je continue.

— Alors tu resteras malheureuse jusqu'à la fin, dit-elle. Je ne doute pas une seule seconde de ton mal-être. Je sais que c'est dur, mais tu ne peux pas rester les bras croisés à te morfondre. Car aussi brutal qu'elle soit, la vérité, c'est que la vie continue avec ou sans eux.

Il y a des vérités dures à supporter lorsqu'on vous les balance en pleine face.

Et là, c'en était une.

Leur mort n'avait aucun impact dans le monde. Personne n'allait prendre un moment pour pleurer leur départ. C'étaient des décès parmi tant d'autres. Le monde continuera de bouger et d'évoluer sans jamais se rappeler d'eux. Comme s'ils n'avaient jamais existé.

— Tu ne peux pas t'arrêter en plein chemin, Autumn, énonce-t-elle. Mais ce que tu peux et dois faire, c'est continuer d'avancer, peu importe les obstacles qui se tiendront face à toi. Et si tu dois tomber, alors ainsi soit-il. Tombe. Cinq fois, dix fois, cent fois, mais relève-toi et continue d'avancer.

— Je me sens étouffée, je confesse.

— Par quoi ?

Assise sur ce grand canapé face à elle, seulement en chaussettes, je rapporte mes genoux à ma poitrine.