Chapitre 16 : Peur bleue

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   Je rentre chez moi aux alentours de dix- sept heures trente, après avoir passé l'après -midi a lézarder et à embrassé Azariel. J'ai les lèvres gonflées dues aux baisers échangés, mais mon Dieu qu'est- ce qu'il embrasse bien! J'ai même eu le droit à une petite démonstration de pouvoir sous mon pouvoir ébahi, il maîtrise parfaitement  la capacité à manipuler la glace. En revanche, il maîtrise beaucoup moins l'aptitude à manœuvrer le feu. Assurément il ne peut produire que des petites étincelles au bout de ses doigts et peut éventuellement faire jaillir au creux de sa paume une petite flamme anodine. Il m'a expliqué qu'il est encore en plein apprentissage pour espérer un jour, faire jaillir de ses doigts des flammes comparables à celles des enfers.

   Je me dirige dans ma chambre, troque mon maillot de bain contre une longue chemise  blanche altéré de mon grand-père qui m'arrive jusqu'au genoux. Je laisse mes jambes nues, après tout grand père n'est pas là et ne risque pas d'houspiller à la vue de mes jambes nues.

   Je me prépare à composer un goûter copieux, soit : des sablés bretons et une pomme verte classique que je découpe en fines lamelles. Sans oublier l'inéluctable jus d'orange pressé. Je commence à fourrer un sablé dans ma bouche quand je suis interrompu par une série de frissons qui courent dans le bas de mon dos. J'ai appris à mes dépens que cette sensation désagréable soit-elle signifie que je ne suis pas seul. Je ne pense pas que ce soit Azariel, les frissons se déclarent plus haut et se font plus insistants lorsqu'il est là. 

  Je sors à l'affût de la maison et me dirige vers la plage à la recherche de cet étrange étranger. Au cas où, je prend avec mon poing américain que papa m'avait donné. Je risque plus de me faire arrêter qu'autre chose si quelqu'un me voyait dans cette tenue et avec cette arme dans les mains. Je ne sais pas vraiment m'en servir ni ou chercher, mais pour lui faire peur ça peut être une bonne alternative.

Je me rends vers le bord de mer. L'océan est agité aujourd'hui, je vois à l'horizon une épaisse couche de nuages grisâtres qui commencent à se former . Le vent se lève et ébouriffe mes cheveux, coiffés en une queue -de -cheval relevée. C'est si calme. Trop calme. Il y a quelque chose qui cloche, je crois que quelque chose ne devrait pas se trouver dans le paysage.

Je tourne instinctivement la tête sur ma droite, j'aperçois au loin, derrière un rocher noir d'encre et distingue malgré ma piètre vision une forme difforme grise, Intriguée je me rends sur mes gardes vers cette chose. De plus près, il me semble que c'est une nageoire. Un triton ce serait -t-il échoué inconsciemment sur le rivage? Peu importe, il faut que je lui vienne en aide. Une fois au pied de cet individu, je constate effectivement que c'est un triton. Il est à plat ventre, je ne distingue pas son visage. Pas le choix, je m'accroupis en prenant garde à ses griffes et le tourne avec mal sur le dos. Sa nageoire est tellement lourde. Par tous les saints! c'est Nalu! mais qu'est ce qu'il fait ici, échoué? et seul. Je ne distingue aucune odeur de sang, c'est déjà ça il est pas blessé. Il faut que je me dépêche, il s'est échoué sur le rivage et ses écailles commencent à se dessécher. Sa peau est toute desséché et cuite par le soleil. Qu'est ce que je dois faire? 

 Pas le choix il faut que je le ramène dans l'eau. Je réfléchi à comment je vais m'y prendre. Je ne vais pas le tirer par la nageoire ça risquerait de le faire trop mal. Je le contourne et m'empresse de le tirer par les deux bras, sa nageoire glisse sur le sable fin et laisse une longue trainée d'empreinte derrière lui, ça marche. Je parviens à mettre son immense corps dans l'eau salée. Je le lâche et m'écroule épuisée dans l'eau. Temps pis pour la chemise de grand-père, je masse mes poignets endoloris. Nalu est toujours plongé dans son intégralité dans l'eau. Il respire de nouveau normalement c'est déjà ça. Je sens sa caudale m'effleurer subtilement la cheville. Je regarde aux alentours et distingue un bateau de croisière qui est drôlement prête de la côte. 

 Nalu émerge aussitôt de l'eau, je sursaute violemment, il se met à recracher toute l'eau qu'il a incurvée. Je pose mes deux mains sur ses épaules, il est toujours prit d'une violente quinte de toux.

-Nalu, Nalu respire par tous les saints! je ne veux pas ramasser tes restes à la petite cuillère.

  Super, il rigole ce qui a pour but de le refaire tousser de nouveau. Je sens que je vais l'étrangler celui-là.

  Je lui donne une tape dans le dos, mais pour lui ce geste doit plus ressembler à une caresse qu'autre chose. Il se tourne vers moi. Je suis son regard qui s'attarde sur mes jambes nues et sur ma chemise trempée qui épouse parfaitement mes formes, bien qu'elles soient discrètes. Merde! j'avais oubliée que la chemise était complètement blanche et que je ne porte pas de soutien-gorge dessous. Pas étonnant que son regard se fait si insistant, on voit tout! Gênée je m'empresse de couvrir ma poitrine et ramène mes jambes contre moi. En pleine action, j'ai perdu mon poing américain.

  Nalu glousse.

  -Qu'est ce qui te fait rire? ça te fait marrer de me savoir si vulnérable?

   -Non pas du tout, enfin... je veux dire, tu n'as pas à être gênée d'être à moitié nu, j'ai l'habitude tu sais. Et puis tu viens de me sauver le vie.

 -En parlant de ça qu'est ce que tu faisais échouer sur le sable, tu as perdu la tête? j'ai cru que tu étais mort, j'ai dû te trainer comme une pauvre désespéré dans l'eau. J'ai super mal au dos par ta faute! grondai-je.

 Emma tu veux bien te tourner s'il te plaît et mettre ton dos en évidence.

Après un regard perplexe je me tourne et lui offre mon dos.

Il pose ses deux mains dans le bas de mon dos. Je tressaille.

-Qu'est ce que tu fais?

-Fais moi confiance.

   Une étrange chaleur s'étale dans  l'intégralité de mon dos. Je ferme paisiblement les yeux, je sens son souffle  doux dans mon cou. Après ce qui m'a paru être une éternité j'ouvre les yeux, la lumière m'aveugle, je n'ai plus mal. Je me tourne vers lui et passe les bras autour de son cou et le serre de toutes mes forces.

-Toi aussi tu m'as manqué, dit-il en me rendant mon étreinte.

-Qu'est ce qui t'a pris de venir ici, tu es devenu fou? soufflai-je

-Je suis désolé je ne voulais pas te faire peur, c'est juste que... tu me manquais trop et j'avais envie de venir te voir. Seulement je ne savais pas où tu habitais, et je n'ai aucun moyen de venir te voir sur terre.

-Hé, ne t'inquiète pas, personne ne t'en veux. Tu es sain et sauf c'est tout ce qui compte désormais.

Nous restons encore de longue minutes bras dans les bras. Je sens des bulles d'eau tourbillonner autour de nos deux êtres entremêlés.

-Nalu?

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Le NaufrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant