Chapitre 21 : Un secret de famille

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   Tout ça n'est qu'une illusion. Mon père n'est pas réellement là à mes côtés. Il existe, mais dans un autre univers. Sa présence est feinte, ses mains sur mes épaules qui me soutiennent et m'empêchent de m'écrouler ne sont qu'un piètre mirage -  un fantasme crée dû à l'immense solitude et le désespoir que je ressens dans cet endroit, isolé de tous. Mes émotions aussi sont feintes :  Dans l'ancien monde, si l'occasion se présentait que je voyais mon père accourir devant moi tel un super héros j'aurai sans doute versé un torrent de larmes qui auraient pu remplir un fleuve tout entier. Mais je ne suis pas dupe, il est présent mais absent. Papa est mort et les morts de ressuscitent pas? Cet homme n'est pas mon père. Il essaye de me tendre un piège pour que je tombe dans ses filets et me noie à tout jamais dans le chagrin. 

   Il doit remarquer que je ne sourie plus, et que mon regard s'est décomposé. Son sourire s'efface à son tour; l'éclat dans ses yeux disparait. Je recule d'un pas et dégage ses mains insensibles de mes frêles épaules. Son odeur corporelle a changé : il sent l'encre, les cendres et la foudre. Il ressemble à  s'y méprendre à un ange déchu, tombé du ciel, mais sans ses ailes.

   Je prends une grande inspiration pour ne pas montrer dans ma voix la peur que cet individu m'inspire.

   -Vous n'êtes pas mon père. Qui êtes vous?

Son regard  est aussi froid que la gelée du matin. Il ne sourit pas. A ses yeux, je ne suis qu'un pantin dont il suffit de tirer les ficelles pour m'enfoncer un peu plus dans le gouffre.

-Tu as deviné plus vite que je ne l'aurai cru, constate-t-il.

- Répondez à ma question.

Il n'y a pas un tremblement dans ma voix.

- Un ange.

-  L'heure n'est pas à la plaisanterie. Je ne suis pas d'humeur à joué je vous prévient.

      Il émet un rire amer.

- On m'avait prévenue que vous aviez du caractère, mais pas que vous étiez aussi jolie.

-Arrêtez votre cirque. Dites m'en en plus sur mes parents que leurs est-il arrivé? pourquoi ma mère s'est jeté à la dérive?

-Ttt, une question à la fois jeune demoiselle, me sermonne-t-il.

-Très bien. Quel est votre prix? demandai-je. Les gens comme vous en général exigent souvent une présent hors du commun.

- Oh rassuré vous, je ne vous demande pas grand chose. Je voudrai simplement acquérir un souvenir que naguère, vous aviez partagé avec votre mère. Aussi douce et sucré qu'un entremet délicat. Une perle rare sur un tas de terreau.

   Cet individu parle d'une drôle de manière. Il aime drôlement les métaphores, de ce que je vois. Il commence sérieusement à me taper sur le système.

-Un souvenir, c'est tout? c'est quoi le piège?

-Il ny en a pas, assure-t-il. Mais pour ce faire, j'aurai besoin d'une goutte de votre sang.

  Il me tend sa paume. Je me demande avec quoi il va me piquer le doigt. Il retire l'anneau qu'il a autour du cou. De plus près, je remarque que cet anneau de bronze ressemble drôlement à une couronne, ornée de petites aiguillon. Six pour être précis, ils sont de tailles variées.

   Il me regarde toujours avec ce sourire en coin, et pique mon doigt d'un coup. Aussitôt une vive émotion s'empare de moi, comme si on cherchait à séparer mon âme de mon corps. Je résiste. J'ai l'impression que ma tête est remplie de coton.

Le NaufrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant