Chapitre 33 : A la renverse

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   La chaleur est suffocante aujourd'hui, je me rends à l'aquarium, à pied comme d'habitude. Les placards sont presque vides, et avec le misérable salaire que détient grand-père à la retraite, je vais bientôt me retrouver à la rue.

   Je n'ai pas du tout envie de me rendre là bas, au vu de une personne spécifique que je pourrai possiblement croiser : Killian. Prononcé son nom s'apparente à un goût cendreux sur ma langue, pour moi il n'existe plus, il est définitivement mort. Mais je n'ai pas le choix. J'espère juste que si par malheur nos regards se croisent, il ne m'adressera pas la parole et fera comme si il ne s'était rien passé. Il devrait s'estimer heureux que je ne porte pas plainte. Il mériterai tellement de croupir derrière les barreaux comme le rat qu'il ait pour manipulation mentale et tentative de viol envers mineurs.

   Arrivé à mon lieu de travail, les touristes se font de plus en plus nombreux. Je dois me frayer un chemin dans le foule dense, et au regard de ma petite taille ça n'arrange rien.

   Au passage je me fais siffler par deux hommes, plutôt grands et jeunes, ils se retournent et me regardent de hautes en bas comme si j'étais une poupée dans une vitrine. Non mais j'hallucine, ils croient que je suis leur chien ou quoi? j'ai envie de riposter, mais je sais d'avance que ça ne servira à rien. En plus, je ne sais même pas si ils parlent ma langue.

   Je poursuis mon chemin et me rend à l'accueil comme d'habitude.

-Bonjour Emma, me salue Perséphone.

-Bonjour comment tu vas aujourd'hui?

 -Je vais très bien merci. Tu es toujours aussi souriante de ce que je vois, ça fait plaisir.

   Son regard se dirige vers mon cou, merde j'aurais du camoufler les bleus. Sans qu'elle est le temps de me questionner à ce sujet, je prends les devants : 

-Oh, ne t'inquiète pas c'est rien, c'est juste que mon adversaire de boxe a un peu trop forcé avant-hier. Mais rien de grave.

   Elle ne me pose pas plus de questions, et me gratifie d'un nouveau sourire. Bien que, derrière cette marque d'affection, je distingue dans son regard une note de curiosité et d'inquiétude.

-Comment pourrai-je m'être utile aujourd'hui?

-Tu peux aller nourrir les dauphins dans le grand bassin si tu veux. Sois prudente, enfile un maillot de bain et met des gants au cas où.

Parfait.

   Je me rends dans les vestiaires et enfile mon maillot de bain deux pièces entièrement blanc. La pureté de cette couleur, fait ressortir ma couleur de peau couleur caramel. Je laisse mes cheveux retomber en cascade sur mes épaules. Je garde mon short au cas ou. J'ai vraiment perdue toute ma musculature.

   J'entends un bruit de casier dans mon dos. Il ne faut pas oublier que les vestiaires sont mixtes. De base, je n'ai jamais eu de problèmes avec les hommes ici dans les vestiaires, mais là je redoute qui se trouve derrière se sinistre claquement de porte. 

   Ma tête valse de droite à gauche. Je prends mon courage à deux mains, marche sur la pointe des pieds et...

-Aaaaaaaaaah !

-Wowww, wowww Emma Emma, tout va bien. Je suis désolé je ne voulais pas te faire peur.

   Par bleue, j'ai crue que j'allais avoir une crise cardiaque. C'est juste Matthieu, un collègue. Il est gentil lui. J'ai paniqué pour un rien.

-T'inquiète pas c'est rien.

   Je n'ajoute rien de plus, le contourne et part prendre à manger pour les dauphins. J'ai criée tellement fort que ma gorge me gratte. Quelle idiote ! 

Le NaufrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant