Chapitre 11 : La grotte

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   Je me réveille avec une douleur explosive â la tête, comme si je m'étais pris un énorme coup de marteau sur la tête. Je sens une main délicate qui joue dans mes cheveux. Je ne parviens pas à distinguer son visage, je suis dans le noir total, il n'y a aucune source de lumière, je ne parviens même pas à distinguer le reflet de la lune dans le ciel. Attendez une minute, et si ce maudit triton n'avait pas tenu sa promesse et m'avait kidnapper et ligoter dans le but de m'étudier et de m'offrir à ses semblables, c'est fort possible étant donné que je suis une humaine pathétique sans défense.

   Prise de panique je me relève brusquement et flanque un coup de coude dans le flanc de mon assaillant, je l'entends émettre un grognement, j'ai touchée à un endroit sensible. Sans le laisser le temps de reprendre son souffle et de retrouver ses esprits je lui donne un coup de poing monumental  dans la mâchoire, comme me l'a appris mon père. Je ne sais pas comment j'arrive à aussi bien viser dans le noir.

-Emma, Emma ! tout va bien c'est moi Nalu.

 Je m'apprête à lui donner un deuxième coup de poing, cette fois-ci dans la cage thoracique, mais je m'arrête dans mon élan, le poing toujours en lévitation. Je le regarde avec confusion et fronce les sourcils, je dois plisser les yeux pour distinguer sa silhouette.

-Tu te souviens de moi? c'est moi ton ami, le frère de Azariel.

   Je reprends difficilement ma respiration et tente de dessiner les traits de son visage avec ma main. Je trace les contours de sa mâchoire; Nalu c'est la première fois que j'entends ce prénom, je me demande bien sa signification. La mémoire me revient, je ne vois plus flou, je distingue son visage tordu par l'inquiétude, de peur que je ne le reconnaisse pas et qu'il m'a prise au piège.

   Une note de fer s'élève dans les airs. Je remarque qu'il saigne à petite goutte dans le creux de la mâchoire. Je me rends compte de la gravité de mon acte, je l'ai donnée intentionnellement un coup de poing en plein visage, je l'ai blessé. Je m'en veux terriblement.

-Nalu dis-je entre deux sanglots, je suis tellement désolée je ne voulais pas... Pardonne moi.

Je ne sais pas quel peut être sa réaction; Je commence à reculer  avant de me prendre un coup, qui m'enverra certainement au jardin d'Eden.

-Emma ne t'excuse pas, je sais que tu ne m'a pas frappé de ton plein gré, tu avais peur c'est tout. Je n'ai jamais levé la main sur une femme tu n'as pas à t'inquiéter.

Je relève les yeux vers lui, j'ai toujours pris l'habitude de les baisser quand je me sentais menacé ou en danger, c'est instinctif. Il m'adresse un timide sourire, il est aussi gentil que son frère, moi qui croyais qu'à notre rencontre il allait me faire du mal. Je ne me suis jamais autant trompée.

Il passe une main sur le sang qui dégouline le long de sa mâchoire.

-La vache, tu es extrêmement forte petite maline, remarque-t-il

Je suppose qu'il lance cette réplique pour dissiper le malaise que j'ai préalablement installée. Ses yeux se font rieurs, signe qu'il ne m'en veut pas.

-Ne t'en veux pas, tu sais quand on est un triton, nous avons une capacité de guérison extraordinaire. Je sais ça peut paraitre dégoutant mais notre salive permet la cicatrisation.

   Sous mon regard écœuré il met deux doigts dans sa bouche et les passe dans un mouvement circulaire et mécanique sur sa blessure. Et puis, plus rien. Je me frotte les yeux pour voir si je n'ai pas rêvée, aucune trace de sang ni de blessure; c'était comme si... je ne l'avais jamais frappé. J'ai l'impression d'être dans un conte de fée.

Son regard s'attarde particulièrement sur mon corps. J'espère que ce ne sont pas mes jambes qui l'attire.

-Qu'est ce qu'il y a?

   Je suis désolé je ne voulais pas paraitre indécent, mais je me demandais comment tu peux tenir debout sur ces eux... choses.

Je ne sais pas trop quoi répondre à ça.

-Oh et bien c'est simple, on m'a initié à tenir debout sur mes jambes depuis pratiquement ma naissance. C'est un peu comme toi avec ta nageoire.

-Est ce que ça te dérange si je touche tes... jambes?

J'ai envie de refuser catégoriquement, mal à l'aise. Je ne l'appartiens pas. Mais après tout, il est simplement curieux, je ne vois pas pourquoi je refuserais. Je lui fais un signe de tête.

   Il commence délicatement à caresser ma cheville, il s'attarde particulièrement sur le petit os, je ne peux m'empêcher de sourire. Il ressemble à un enfant qui découvre son jouet tant attendu sous le sapin. Il ressemble tellement à son frère. Il me manque tant. J'ai qu'une envie c'est de le prendre dans mes bras, jouer dans ses cheveux, respirer son odeur et de poser mes lèvres rosées sur sa peau si pure.

   Nalu se met distraitement à jouer avec le bracelet de cheville que je porte, c'est ma mère qui me l'a donné. Il a beaucoup de valeur à mes yeux.  Il ne dit rien, trop occupé à découvrir la nouveauté, ça me va très bien. Après tout, je ne le connais pas très bien et je ne suis pas une grande bavarde. Après tout, qu'est ce que je pourrai lui dire: "est ce que tous les tritons ressemblent à des Dieux grecs",

   Soudain, un clapotis dans l'eau me fait lever les yeux. Nalu ne semble pas du tout inquiet. Une tête remonte à la surface de l'eau et nous surprend tous les deux dans cette position qu'on pourrait juger intime. Ces yeux, se sourire...

-Azariel!





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