Chapitre 20 : Une lueur d'espoir

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   J'erre toujours dans cette forêt comme un fantôme vivant. Je me suis remise de ses émotions. Ma robe ressemble à une longue trainée  blanche derrière moi. Je suis obligée de la tenir pour pas qu'elle traine par terre, et se prenne dans les branches. Qu'est ce que je fais ici?

   La nuit va bientôt tombée, les lueurs du soleil faiblissent petit à petit. Le ciel ressemble au déluge de mes émotions brossé dans un tableau, soit : le rose pour mon charme et ma jeunesse. Le bleu pour la mélancolie qui me traverse. L'orange pour la communication que j'essaye désespérément de tenter en vain, et le violet pour la solitude qui s'accroit de plus en plus dans cette foret. 

    J'ai froid. Mes pieds sont gelés et mes membres sont frigorifiés. Je suis affamée, il n'y a rien à se mettre sous la dent dans cette cage. Je sens que j'ai perdue du poids, mes maux de têtes se font à intervalle régulier, et de légers tremblements courent dans mes jambes quand je marche. Est- ce là mon châtiment, à errer dans cette foret insonorisé jusqu'à ce que les ténèbres m'emportent dans le bas fond des enfers? Le jour décuple, la nuit se fait reine. Les étoiles me surveillent de là-haut. Certaines brillent si fort qu'elles éclipsent les autre. Mais je sais que là-haut, entre la lumière des étoiles, mes parents ne m'oublieront jamais de sitôt. Les étoiles sont là pour nous guider dans l'obscurité et éclairé notre chemin n'est ce pas? Je ne suis pas seul.

   Je chercherai quelque chose à me mettre sous la dent plus tard. Il faut que je trouve un abri sûr avant que je serve de dîner aux ours. Après tout, la loi du plus fort l'emporte toujours : les plus forts dévorent les faibles. Et, vu mon gabarie je ne suis pas en état de me battre ou de me défendre. Je me sens tellement minable et faible. La solitude est le plus pire des poisons. Il ne faut pas que je la laisse me consumer et me dévorer de l'intérieur. Je suis plus forte que cela.

   Je décide de me coucher derrière un rocher. Seul. Je me recroqueville sur moi même pour émettre dans la chaleur. Je tremble comme une feuille en pleine tempête. Je me sens tellement seul. J'entends des bruits étrange qui parcourent mes oreilles. J'espère qu'il n'y a pas de bête sauvage qui rodent dans les parages.

   Avant de dormir dans les bras de morphée, j'ai cru entendre deux voix différentes, une plutôt chantante et épanoui, et l'autre aussi sèche que du papier de verre. Un peu comme une braise qui s'éteint dans la cheminée, à la chaleur étouffante : 

   Quelle belle robe.

   Quelle jolie petite fleur.

   Hélas, la vieillesse la rattrapera et sa beauté flétrira  : ses cheveux blanchiront, ses dents jauniront, ses seins tomberont, des rident prendront place sur sa peau délicate et ses cernes pourraient servir de poche aux malfrats. Un véritable gâchis. 

   L'éternité n'est pas à une minute près.

   La perpétuité parce qu'elle a voulut sauver ce triton? encore une vie de perdue, et tout ça pour cet homme.

                                                          *                                *                                 * 

   Je me réveille avec pour compagnie les rayons du soleil. Sous le soleil, le monde paraît mille fois plus beau. Je suis encore vivante, je n'ai pas été dévorée au cœur de la nuit. Ma robe est souillé et va bientôt tombée en lambeau à ce stade. 

  Battement...

Rien

Rien

Battement...

Rien

Rien

   Mon cœur n'a jamais été aussi lent. Mon heure a sonné, je me trouve sur le bord de l'abysse. Je vais m'évaporer d'une seconde à l'autre dans cette  maudite forêt.

  Tous ce vert commence à me monter à la tête. Je vois de nouveau flou.

   Je tente désespérément d'émettre un signe de vie. Mes mains me servent de porte voix :

  -Ohé? Il y a quelqu'un?

-Sil vous plaît aidez moi ! je suis coincée dans cette forêt.

   J'entends un craquement de branche derrière moi. Je fais volte face, mes cheveux me fouettent le visage. Un homme se trouve derrière moi: plutôt grand, je dirais dans les un mètre quatre vingt, il doit avoir dans la quarantaine à cause de ses cheveux poivre-sel et dans sa façon de se tenir. Il a des rides et possède des yeux aussi verts que le feuillage qui m'entoure. Pourquoi est ce que j'ai l'impression d'avoir déjà vue cet homme? Ni l'un ni l'autre osons rompre le silence. Nous nous dévisageons en silence. Je discerne dans ses prunelles une lueur de mélancolie et de profonde tristesse. Ses lèvres ne forment plus qu'une fine ligne. Dois-je fuir? Ce visage m'est tellement familier. Il ressemble tellement à... papa? 

    Je décide de tenter ma chance : 

-Papa?

   Une larme coule du coin de son œil.

-Ma fille...

   Aucun doute, cet homme est mon père. Comme une enfant, je cours et me jette dans ses bras. J'ai plus l'impression d'étreindre un mur de brique. A mon contact il se raidit.

-Emma, tu vas bien, tu n'es pas blessé? s'enquit-t-il.

-Non, non je vais bien. Où est maman?

   Je crois que c'est la première fois que son regard me rend aussi mal à l'aise. Il me prend par les épaules, puis me caresse la joue.

-Comme tu es belle, élude-t-il.

   Je comprends enfin pourquoi il me jauge de cette manière : je ne suis plus la fille minable et médiocre qu'il a élevé. Non. J'ai grandit, je prends soin de mon apparence, je me suis mise au sport et j'ai pris confiance en moi. Je ne me dévalorise plus, et quand je me regarde dans le miroir je suis fier de la jeune femme que je suis devenue.

  -Emma, regarde-moi. Il faut faire vite on a pas beaucoup de temps, me presse-t-il.

-Papa...

-Ma chérie il faut que tu ouvres les yeux et que tu te réveilles.

   Son sourire ressemble drôlement à la lune qui flotte au dessus de nos têtes, alors qu'il fait encore jour. Quelque chose de mauvais ne va pas tarder à arriver.





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