Chapitre 2: L'inconnu

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Assise sur les rochers aussi tranchants que des lames de rasoir, je contemple l'océan, je me perds dans ce bleu. C'est plus fort que moi de raviver les anciennes blessures du passé. Sans crier gare je commence à m'écorcher les doigts avec les bouts les plus tranchants, du sang  écarlate perle mes doigts et commence à couler le long des mes doigts, une légère odeur de fer s'élève dans l'air. 

Je n'ai pas mal. Depuis ce jour j'ai acceptée la neutralité de mon âme, je ne ressens plus les émotions, je suis la définition parfaite d'une coquille vide .Je ne sais pas à quand remonte la dernière fois que j'ai souri sincèrement et rigoler jusqu'à en avoir mal au ventre.

"Ton sourire pourrait faire tomber la lune"

Soudain comme un sixième sens, je sens une présence derrière moi. Je me sens épiée et oppressée comme si quelqu'un appuyé sur ma trachée et aspirait mon âme. Je décide de tourner la tête lentement et de voir à qui j'ai à faire espérant le prendre la main dans le sac de m'avoir épiée ainsi.

J'avais raison : c'est un homme qui vient d'émerger du bassin dans lequel je patauge. Sans doute le plus beau que j'ai jamais vue, à s'y méprendre on aurait dit qu'il sort tout droit d'un conte de fées. La première chose que je remarque chez cette étrange étranger ce sont ses yeux: aussi bleu que l'océan qui est en face de moi, je pourrai m'y perdre dedans. Ses cheveux aussi noir que l'ébène volent dans tous les sens autour de son visage à cause du vent. Son teint blanc comme la neige ne porte aucune trace d'imperfection. Je n'aperçois que son visage et son torse, le reste est dissimulé dans l'eau salée.

Je le dévisage pendant un long moment. Il me regarde comme si j'étais l'une des sept merveilles du monde. On dirait presque qu'il est ... émeut de me voir? Jamais un homme ne m'avait regardé ainsi. Il finit par rompre le silence:

- Par le Saint esprit... jamais je n'aurais cru qu'une femme pouvait être aussi belle.

- Qui êtes vous?

Ma voix a retentit comme un coup de fouet le faisant tressaillir. Je n'avais pas prévue de me montrer aussi froide et dénuée d'émotions; mais vu les circonstances je préfère montrer mes dents étant donné qu' il n'y a personne aux alentours. Il se rapproche dangereusement de moi. Je décide de me lever, instinctivement je fais un pas en arrière. Son regard devient celui d'un chien battu. Il lève les deux mains en l'air en signe d'apaisement pour me montrer qu'il est inoffensif.

- Je m'appel  Azariel. Si vous saviez comment je suis heureux de vous rencontrer enfin. Je vous ai cherché pendant des années.

Mais qu'est ce qu'il raconte? Je dois avoir affaire à un fou qui s'est échappé d'un hôpital psychiatrique; soit j'ai affaire à une tentative de séduction complètement ratée. Peu importe il faut que je parte vite de cette maudite plage.

-Emma, murmure -t- il dans un faible murmure à peine perceptible.

- Co... comment connaissez vous mon prénom? 

- Je ne me suis pas échappé d'un hôpital psychiatrique je...

- Laissez là! ordonne une voix qui m'est étrangement familière.

Derrière lui se trouve Paul mon ami qui est dans le même cours que moi en anglais. Qu'est ce qu'il fait ici ? comment il m'a retrouvée ?

-Je ne faisais rien de mal ... je ... je voulais juste lui parler, bafouille l'inconnu.

-Elle ne veux pas parler avec toi va - t- en! ordonne Paul.

L'inconnu semble chagriné, il me regarde une dernière fois et me tourne le dos.

-Emma ça va? me demande Paul en prenant place à côté de moi, visiblement inquiet posant ses mains calleuses et chaudes sur mes maigres épaules.

J'acquiesce.

-Il ne t'a pas touché? 

 Son regard se fait plus insistant. Je secoue la tête en guise de réponse, je garde la tête baissée et contemple mes pieds.

-Viens, dit- il en me tendant sa main. Je te ramène chez toi.

Je lui prends la main sans hésiter. Il me regarde comme si j'allais m'évaporer d'une seconde à l'autre ou que j'allais fondre à chaudes larmes, comme une gamine à qui on venait de lui arracher son jouet préféré.

Je ne suis pas faible!  avais-je envie de lui crier à la figure.

Nous arpentons la rue déserte toujours main dans la main. Ce geste n'avait rien d'un sentiment amoureux ou de domination. C'était plutôt sa façon à lui de me montrer que j'étais en sécurité avec lui et de me transmettre sa force.



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