37 - Gouffre

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On voit un corps bleu s'écraser violemment au sol et un Ikran hurler de douleur en prenant la fuite dans le ciel gris. Les rafales de balles continuent de pleuvoir sur nous, et on se rattatine derrière les rochers pour les éviter.

Je jette un œil au corps, et reconnais celui de Lo'ak, qui se relève difficilement, avant de bondir en avant pour éviter un missile. Ses parents lui hurlent de partir sur le champ, ce qu'il fait prestement en se redressant et courant alors dans notre direction.

Les hommes armés se rapprochent d'ailleurs de notre position.

Tahina se met à pleurer de panique, Lief'aa et Ma'rou trépignent d'impatience, arc prêt à tirer, et Ca'horan me presse l'épaule.

— On doit foutre la camp d'ici, me dit-il. Tout de suite.

Il me tire par le bras et j'abdique en courant à sa suite alors qu'une pluie de mitraillette fait voler des morceaux de rochers autour de nous.

Nous prenons la fuite en file indienne alors que le chemin que nous empruntons descend brusquement dans un creu sur plusieurs dizaines de mètres.

On s'y engage malgré le manque de sûreté évident du terrain, et je glisse à plusieurs reprises sur la terre meuble et sèche qui s'effrite sous mes pieds, sans compter le sable qui ne me facilite pas la tâche. Tahina est en tête de peloton, et alors qu'elle atteignait presque la fin de la pente, une déflagration fait s'effrondrer un pan de sable et un rocher se trouvant au sommet se met à bouger, déséquilibré.

L'imposante pierre chute alors dans le vide, dévalente la côte à toute vitesse. Tahina en plein dans sa trajectoire.

Ma'rou hurle, Lief'aa crie, mais il est trop tard, Tahina se fait percuter de plein fouet par la masse. Son corps fait un vol plané et vient rouler plus bas, déclenchant mes exclamations affolées et la panique de Ca'horan.

Le guerrier lâche mon bras et se précipite vers la jeune fille.

— Tahina ! hurle-t-il.

Il dévale la pente en quatrième vitesse et mon cœur s'accélère de peur quand j'avise la silhouette inerte de mon amie allongée face contre terre.

Alors que les cris enragés des soldats de la RDA s'approchent, et que nous nous dirigeons à notre tour vers Tahina, Ca'horan lève une main.

— Non ! Ne venez pas, c'est bien trop dangereux ! s'égosille-t-il. Partez ! Je m'occupe d'elle !

Bien qu'hésitants, nous acquièsçons et alors qu'il soulève précipitamment la jeune fille évanouie dans ses bras, reprenant sa fuite, nous continuons de courir nous aussi.

J'ai la main serrée si fort autour du manche de mon arc que mes jointures blanchissent. Je suis essouflée, et perds de plus en plus de distance avec mes amis.

Je ralentis légèrement ma cadence et Lief'aa et Ma'rou se retournent vers moi.

— Qu'est-ce que tu fais ? me lance Lief'aa.

— Dépêche-toi ! me presse Ma'rou.

J'halète.

— Je vous... rappelle que je... n'ai... pas un aussi bon cardio que vous ! leur dis-je à bout de souffle.

Éreintée, je ralentis encore davantage. Nos assaillants nous couvrent toujours de balles, et j'en sens d'ailleurs une me frôler le bras, me tirant une grimace de douleur. Je plaque une main sur la petite plaie qui commence à saigner et poursuis tant bien que mal ma progression.

Mes amis décélèrent et je secoue la tête.

— Ne vous arrêtez pas ! leur crié-je. Continuez de courir, je m'en sortirai !

Sur un coup de tête - Avatar (Neteyam) [𝐄𝐍 𝐏𝐀𝐔𝐒𝐄]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant