Sur un coup de tête - Avatar (Neteyam) [𝐄𝐍 𝐏𝐀𝐔𝐒𝐄]

13 - Étrange intuition

Neteyam. Voici donc celui qui manque à l'appel dans la famille Sully. Un garçon de mon âge protecteur, aimable et courageux. Un être au grand cœur, toujours là pour ses frères et sœurs, et prêt à aider en cas de besoin.

C'est ainsi que me le décrit Jake, alors qui me relate le désastre qui a ravagé sa famille, plus d'un an auparavant. Les siens ont perdu un guerrier et futur Olo'eyktan, mais encore plus, un fils, une personne chère à leurs yeux. Quelqu'un qui ne reviendra jamais. Un trou dans leur âme. Un vide qui ne se comblera pas.

Je reçois cette histoire de plein fouet. Je comprends mieux la réaction de Neytiri à mon encontre, même si sa menace de mort me reste en travers de la gorge. D'après le fils cadet, Lo'ak, des Avatars leur auraient tiré dessus. Neteyam s'est fait abattre d'une balle en plein cœur par un ancien marine de la RDA.

Choquée par ce récit, je laisse Jake me faire part de leurs pires craintes concernant leur avenir et encore plus celui de leurs enfants. Tout ce qu'ils veulent, c'est les mettre à l'abris de tout danger et les protéger au maximum de la RDA. C'est ce pour quoi ils ont fui la forêt en premier lieu, après tout. Mais on n'échappe pas à son destin. Jake l'a bien compris.

— Désormais nous ferons face à l'adversité, dit-il. J'éliminerai Quaritch et tous ceux qui oseront s'en prendre à ma famille et aux Metkayinas. Je ne reculerai plus. J'ai déjà perdu un fils, je ne peux pas me permettre de supporter la mort d'un deuxième enfant. Je n'y survivrai pas, et Neytiri non plus. La douleur est toujours vive, bien présente, et j'ai beau avancer dans la vie, j'ai perdu une énorme partie de moi, quand mon fils est parti. Je me sens vide, perdu.

Attristée, je baisse la tête. Je n'ose imaginer le mal-être qu'ils doivent couver au quotidien.

Lief'aa et Ma'rou ne semblent pas en revenir. Ils ont connu ce garçon, ça doit leur faire énormément de peine d'apprendre ça.

— Toutes nos condoléances, souffle mon amie. Neteyam était vraiment quelqu'un de bien.

Jake la remercie avant de se redresser. Nous le regardons s'avancer vers l'entrée de l'habitat, puis se tourner vers nous.

— Nous allons nous concerter, Neytiri, Tonowari, Ronal et moi. À cette issue, nous vous ferons savoir si vous pouvez rester ici ou non.

Nous acquièsçons sans rien dire et nous levons à notre tour. Jake nous laisse sortir.

— Attendez-nous sur la plage, nous vous rejoindrons quand nous aurons terminé.

— D'accord, réponds-je.

Nous sortons alors de la maison et démabulons sur les ponts en tissus solide qui sont reliés entre chaque habitations. Des Metkayinas, enfants et adultes, qui se trouvent sur le passage, s'écartent en vitesse de moi et d'autres sortent de chez eux pour nous observer passer. J'ai la nausée tellement je ne me sens pas acceptée ici. Je serre les dents et finis par atteindre la plage, Ma'rou et Lief'aa sur mes talons.

L'estomac en compote, je me laisse tomber sur le sable tiède et lâche un long soupir. J'entoure mes genoux de mes bras, pose le menton sur mes mains croisées et fixe l'horizon, contrariée.

J'ai un peu de mal à respirer, alors je fais le vide dans ma tête, pour ne pas me focaliser sur la situation actuelle. Mo'at m'a appris à me concentrer sur absolument rien et à me créer une bulle dans laquelle détendre mon esprit. Je m'y attèle d'urgence pour ne pas paniquer.

Lief'aa se place à ma droite et Ma'rou à côté d'elle, tourné vers moi. Aucun des deux ne m'interrompt, me laissant petit à petit reprendre mon calme.

Je laisse mes yeux se poser sur la vie qui m'entoure, sur les étranges créatures marines montées par quelques Metkayinas, par des pêcheurs, par des enfants jouant insouciemment et joyeusement dans l'eau. Leur rire et leur jeu me tirent un sourire. Ce tableau heureux m'aide à retrouver un semblant de sérénité.