Sur un coup de tête - Avatar (Neteyam) [𝐄𝐍 𝐏𝐀𝐔𝐒𝐄]

42 - Deuil et culpabilité

Je sens mon cœur s'arrêter de battre alors que j'arrive tout près du corps étalé au sol. Je marque une pause, ne pouvant pas y croire. Ma gorge s'assèche, mon pouls repars au galop, ma respiration s'emballe, je suffoque. L'air me manque soudainement, et je hoquète à la recherche d'air.

Je lâche mon arc, qui s'échoue au sol dans un bruit lointain. Les sons me semblent disparaître les uns après les autres, les cris, la guerre qui prend fin, les volutes de fumée qui emplissent l'atmosphère et les tornades de feu qui naissent des carcasses des robots et des kunsìp.

Je n'entends plus que mon souffle. Le sang qui bat à mes tempes, les battements irréguliers de mon cœur, mon souffle court qui résonne à mes oreilles, comme si je me trouvais enfermée dans une pièce insonorisée.

J'étouffe. Je tremble.

Je ne réalise pas. Je ne peux pas.

C'est impossible.

Ce que je vois ne peut pas être réel.

Je me penche vers ce corps. Ce visage si familier tordu dans une grimace de douleur.

Mes lèvres tremblent.

Non...

Non...

Non...

Non.

Pas lui.

Pas Marvin.

Pas mon meilleur ami.

Mon soutien.

Celui sans qui je n'aurais rien pu faire.

Pas celui que j'avais fini par considérer comme un frère, comme une famille, un pillier, une maison, une sécurité.

Un confident.

Un être sensible qui n'aspirait qu'au meilleur de ce monde.

Je tremble. Mes bras, mes jambes qui flagellent, me font tomber à genoux près de lui. Je lève les mains, prise de spasmes, en lévitation au-dessus de son torse. J'effleure ses cheveux, prend son visage en coupe, tapote doucement ses joues.

Il va se réveiller.

Il doit se réveiller.

Il ne peut pas me faire ça.

Il ne s'agit que d'une blague...

... n'est-ce pas ?

- Marvin...

Pas de réponse.

Ses lèvres demeurent scellées, ses paupières, désespéremment closes.

- Marvin, hey...

Je t'en supplie.

- Réveille-toi, allez...

Je penche ma tête pour coller mon oreille à sa poitrine, à la recherche consciemment naïve d'un pouls, même léger, faible.

Pourtant je sais déjà. Que tout est trop tard, je ne suis pas arrivée à temps. J'aurais pu le sauver. Je suis sûre que j'aurais pu le sauver. J'aurais dû le sauver.

Putain !

Je tape du poing sur le sol. Les petits cailloux me rentrent dans la chair, entaillent ma peau.

- Marvin...

C'est fini.

Tout est de ma faute.

- Marvin !

Il est trop tard.

- Marvin ! hurlé-je derechef.

Je l'appelle dans le néant, je le secoue par les épaules, des gouttes d'eau salée tombent sur ses joues, comme s'il pleurait avec moi, dans son trépas.