Sur un coup de tête - Avatar (Neteyam) [𝐄𝐍 𝐏𝐀𝐔𝐒𝐄]

6 - Retour à la réalité

Je sens que l'on me secoue violemment.

— Elle se réveille ! dit-on fortement, tandis que j'entrouve les paupières, l'esprit ailleurs.

On m'agrippe les épaules et on me soulève, avant de me reposer sur la surface moelleuse dans laquelle je suis allongée.

— Mademoiselle Lawz ! Anabelle Lawz ! me crie-t-on dessus.

Je grogne et fronce les sourcils, dérangée par l'agitation et le bruit autour de moi. Je finis par ouvrir grand les yeux.

Une femme à la peau mate et aux cheveux frisés est penchée sur moi. Je ne la connais pas.

— Réveil difficile, n'est-ce pas ? raille-t-on, et je tourne la tête vers cette voix.

Celine.

Bras croisés et regard noir, la jeune femme me toise avec fureur, les traits tirés par la colère. Son expression fermée me fait déglutir.

Elle n'est pas seule en compagnie de la première femme. Dave, ainsi qu'Alicia et d'autres scientifiques, sont présents. Je crois même apercevoir Lary, Clémence et les autres, un peu plus loin.

C'est quoi ce délire...

Je me redresse difficilement, courbaturée sans savoir pourquoi. Ce n'est pas moi qui ai fourni les efforts, pourtant... enfin, pas cette enveloppe corporelle là.

— Je... quelle heure est-il ? bafouillé-je.

— 5h57. Vous êtes inconsciente ou quoi ? me répond-on furieusement.

Je ne dis rien, muette de honte.

— Se connecter seule et sans supervison ! Qu'aviez-vous donc dans la tête ?

— Alma...

— Non, Alicia. Cette jeune fille a pris des risques inconsidérés, je ne vais pas laisser passer ça.

Alma. C'est donc le prénom de cette inconnue.

— Je vais régler ce problème avec elle, s'obstine Alicia. Fais-moi confiance.

Mon regard semi-éteint dérive sur le visage tendu d'anxiété d'Alicia. De la déception brille dans ses yeux pâles et la culpabilité étreint ma poitrine comme dans un étau. Mais je devais le faire. Alors je ne suis pas désolée d'avoir voulu sauver ma peau. Un jour ou l'autre, ils auraient compris que mon Avatar a un problème de conception. Ils l'auraient exterminé sans préavis.

Et s'ils ne l'avaient pas fait, il aurait fini par être gardé en observation. J'aurais été fichue.

Alma ferme les yeux et finit par hocher la tête. Elle me jette néanmoins un dernier regard, accompagné de ces paroles :

— Ne croyez pas en avoir fini avec moi, dit-elle, acerbe. Nous aurons une discussion.

Je me contente de soutenir son regard tranchant avec véhémence, avant de souffler du nez.

Le silence retombe sur nous, et je me mordille la lèvre, mal à l'aise à cause des paires d'yeux qui me fixent.

— Sortez de là, assène Alicia au bout d'un court moment.

Je m'exécute sans un mot, avant de me tenir devant tout le monde, penaude.

— Suivez-moi.

La mort dans l'âme j'obéis sans broncher et passe devant mes deux acolytes. Lary m'adresse un petit sourire encourageant, que je lui rends à peine, et Clémence hoche la tête, l'air compréhensive. Néanmoins, pour leur signifier que ma mission a bien débuté, je lève discrètement mon pouce à leur intention.