3 - Mission impossible

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Le mois est passé à une vitesse folle, et pourtant, c'est comme s'il s'en était écoulé trois. L'attente jusqu'au jour du voyage fut longue et éprouvante. J'ai dû user de mes piètres talents d'actrice pour amadouer Alan et lui faire croire que j'ai définitivement lâché l'affaire. Autant vous dire que c'était chaud. Il a appris à me connaître, et je suis sûre de très mal mentir.

C'est donc sans savoir si le plan va fonctionner que je me prépare à quitter la base militaire de la RDA. Demain, c'est le grand départ. J'ignore si la joie l'emporte sur la peur, ou inversement. Je flippe de me laisser congeler la gueule pendant un an, mais je me dis que c'est toujours mieux que d'attendre deux ans avant de me lancer et ensuite d'y passer six ans. Si je reste sur Terrapolis, je ne verrai Pandora que dans huit ans. Et autant être claire, je n'attendrai pas autant de temps. Plutôt mourir. Le pari en vaut la peine.

Je ne prends pas grand chose avec moi. Un sac de vêtements à la fois adapté à mon corps Na'vi, et humain. Ainsi que mon petit album photo. Là où sont renfermés les seuls clichés de mes parents et de moi-même. Il y a trois photos. Une de mes parents avant ma naissance, une de moi bébé dans les bras de ma mère, elle-même allongée dans ce que je suppose être un lit d'hôpital. Et enfin, la dernière, c'est moi à six ans environ, au moment où j'ai été sortie de la rue pour être recueillie à l'orphelinat. Sale époque.

Je soupire en me remémorant contre mon gré de cette horrible période de ma vie, et m'efforce de chasser les images qui ont traumatisé mon enfance.

À quoi bon ressasser le passé ? Le mien est aussi merdique que celui de milliers d'autres gamins. Je n'avancerai à rien en me plaignant d'avoir manqué une vie heureuse.

Je pose mon petit sac sur mon bureau et pars m'assoir sur mon lit, le souffle court. Ma main se pose naturellement sur mon cœur, et je prends de grandes inspirations pour me calmer. Pas moyen que je laisse mes craintes me gâcher cette opportunité. Je partirai, coûte que coûte.

Avec Marvin, Ludivine, et d'autres amis en qui je peux normalement avoir une grande confiance, il a été convenu que je me ferai passer pour un agent de contrôle de la centrale basée sur Pandora. Apparemment, l'une des femmes de l'équipe est tombée enceinte, et une personne doit la remplacer par conséquent. Le but c'est que je me fasse passer pour elle. Sauf que ce n'est pas tout.

Mon Avatar doit aussi faire le voyage avec moi. Et le camoufler ne sera pas une mince affaire.

Je pose mes coudes sur mes genoux et me saisis la tête entre les mains. Comment je vais réussir à faire ça ? Même aidée ça va être compliqué. Et de surcroît, je mettrai plein de gens dans la merde. Je m'en voudrai tellement si cela leur cause du tort.

Un plainte énervée s'échappe de ma gorge et je me laisse tomber en arrière, abattue par l'ampleur des risques que je m'apprête à prendre.

Pourtant il le faut bien. Alors plus aucun retour en arrière n'est envisageable désormais. Ma décision est prise depuis si longtemps, il n'y a pas moyen que je renonce si proche du but, avec autant de soutien à mes côtés. Une chance m'est offerte sur un plateau d'argent, je ne serai pas idiote au point de lui tourner le dos. Certainement pas.

Tout à coup, trois coups portés à ma porte me font me relever en sursaut, et je saute de mon lit pour fourrer mon sac de voyage dessous, bien au fond tapis dans l'ombre.

Je me redresse pour ouvrir la porte, et tombe nez à nez avec Alan. Je soupire intèrieurement en l'avisant devant l'encadrement, et ne cache pas mon agacement.

- Alors comme ça on ne dit pas bonjour à son militaire préféré ? m'apostrophe-t-il en s'avançant vers moi dans le but de me faire dégager du passage.

Sur un coup de tête - Avatar (Neteyam) [𝐄𝐍 𝐏𝐀𝐔𝐒𝐄]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant