1 - Envie de grandeurs

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1 an plus tôt - 2170

- Allez Marvin, dépêche toi !

Mon compagnon de galère peine à suivre ma cadence, et je ris à gorge déployée quand j'avise sa dégaine dépareillée et sa tête de mal réveillé. Je retourne sur mes pas et l'attrape par le bras avec force pour le tirer avec moi. Mon ami réajuste ses lunettes et tripote sa cravate avant de serrer sa malette en cuir contre lui.

- Tu ne fais vraiment aucun effort ma parole, me plains-je en levant les yeux au ciel.

- Je n'ai pas ton endurance Revna, gromelle-t-il en se détachant de ma poigne.

Je gonfle les joues, désabusée, et continue de trottiner devant un Marvin épuisé par notre petit footing improvisé dans les locaux de la RDA.

- Quelle veine, quand même, que je sois tombée sur le petit génie de l'orphelinat ! m'extasié-je en tapant dans mes mains. Tu te rends compte ? Grâce à toi... ma vie va changer.

Marvin râle dans sa barbe et je ralentis ma course pour le laisser remonter à ma hauteur.

- Quoi ? m'enquis-je en levant un sourcil.

- Tu n'es même pas sûre de pouvoir parvenir à tes fins. Tu as besoin d'un suivi, d'une capsule de transfert, d'une place pour le prochain voyage, d'une préparation neuronale au point et-

Cette fois, c'est à mon tour de grogner.

- Tu m'enquiquine, Marvin. Tu passes ton temps à briser mes espérances.

- C'est pour toi que je dis ça. Tu veux subir un court-circuit mortel ?

- Non, bien évidemment.

- Alors tu vas attentivement suivre mes instructions au lieu de te précipiter.

Je souffle du nez et lève les bras.

- Soit, abdiqué-je. C'est toi le pro.

Marvin me sourit d'un air satisfait et je grimace devant son expression suffisante.

Je le laisse me guider dans ce qui est devenu son principal lieu de vie depuis que les professeurs de l'orphelinat on décelé chez lui un haut potentiel intellectuel, il y a maintenant deux ans de ça. Une aubaine que je sois devenue amie avec lui. Je passais mon temps à le défendre, lors des temps de pause qui nous étaient accordés à l'internat. Il se faisait constamment harceler par les brutes de l'établissement, et j'ai pas mal de fois dû mettre mes propres peurs de côté pour lui venir en aide.

Il m'est en quelque sorte redevable. Et je le suis en retour.

Il y a quatre ans, j'ai commis l'irréparable, et ai incorporé mon ADN à celui d'un embryon destiné à la poubelle. Je n'ai pas immédiatement saisi la portée de mon geste, et ce que cela allait engendrer par la suite.

J'ai poursuivi le cours de ma petite vie de merde sans trop me soucier de l'embryon, tandis que celui se développait avec mon ADN dans ses propres gênes.

Ce n'est que presque quatre mois plus tard que j'en ai a nouveau entendu parler.

Le docteur, a qui j'avais subtilisé la carte d'accès au laboratoire, a organisé une réunion d'urgence avec ses équipes et les militaires pour lancer l'alerte.

L'embryon n°58-3 avait disparu.

Apparemment les personnes en charge de la suppression des défaillances biologiques s'étaient trompées de destination, ainsi que de capsule. Mon Avatar en pleine croissance s'est alors retrouvé dans une autre unité du laboratoire, dans la nurserie. Il s'est alors fondu parmi les autres fœtus à ce stade, et a été laissé là durant tout ce temps. Comme on n'est pas censés intervenir dans les premiers mois afin de laisser les futurs bébés sous couveuse et cyano-luminescence, aucune intervention n'a eu lieu.

Sur un coup de tête - Avatar (Neteyam) [𝐄𝐍 𝐏𝐀𝐔𝐒𝐄]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant