44 - Vision morose

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Bip bip.

Un gros froid.

Puis une sensation de chaleur.

Bip bip.

Mon corps tout entier est engourdi.

Bip bip.

Le souffle de ma respiration résonne à mes oreilles comme l'écho d'une immense voûte.

Je me sens seule.

Bip bip.

J'ai de nouveau froid.

Bip bip.

La chaleur revient. Par vagues intermittentes. Telles des caresses sur mon front.

C'est agréable et rassurant.

Bip bip.

Il fait tout noir.

Est-ce donc ça, la mort ?

Le silence et le néant dont on parle si souvent ? Ce vide éternel et angoissant dans lequel notre conscience reste coincée à jamais ?

Bip bip.

J'ignorais que le repos était dérangé par des «bip» désagréables et répétitifs.

Bip bip.

Je veux boucher mes oreilles et atténuer le son qui finira par me rendre folle, mais je suis comme bloquée par une force inconnue qui cloue mes membres contre une surface.

Et il y a ces pleurs hachés, que j'entends au loin.

Intriguée, je me dirige vers la source de ces lamentations.

Bip bip.

Encore ce foutu bruit.

Je ne serais donc pas seule ici, perdue dans ces ténèbres ?

Bip bip.

Je me sens froncer des sourcils. À mesure que je me rapproche, les pleurs gagnent en intensité.

Mais qui a blessé cette personne ?

Bip bip.

Les sanglots sont bien plus clairs à présent.

Je bats des paupières.

Bip bip.

Des reniflements me parviennent. Je sens soudainement une pression sur ma main.

Mes sourcils remuent, à l'instar de mes lèvres, et je les sens se décoller.

Un souffle s'échappe de ma bouche, pâteuse.

Je déglutis.

Depuis combien de temps n'ai-je donc pas prononcé un mot ?

J'ai la sensation de revenir d'un long sommeil.

Pourtant la mort n'a pas de fin. Je me suis sentie partir.

Bip bip.

Les sanglots s'intensifient, à mesure, que les «bip» prennent de l'ampleur.

Bip bip bip bip.

Mes paupières frémissent, avant de battre frénétiquement. Puis c'est au tour de mes yeux de s'ouvrir, d'abord faiblement, puis en grand.

La machine de son s'excite tout à coup.

Une toux s'échappe de ma gorge, et alors que je souhaite placer ma main devant ma bouche, je me retrouve une fois de plus entravée par quelque chose.

Sur un coup de tête - Avatar (Neteyam) [𝐄𝐍 𝐏𝐀𝐔𝐒𝐄]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant