51 - Uniltaron

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- Tu m'as manqué Revna'te.

*

Les jours qui ont suivi les paroles de Neteyam, je n'ai eu de cesse de ressasser ces paroles. En les entendant, je me suis d'abord figée, avant de lui répondre au bout de ce qui m'a semblé être une éternité.

«- Toi aussi.

- Je-»

C'est là qu'il a été interrompu par l'arrivée de mes amis. En voyant Neteyam assis par terre, la main enlacée à la mienne, Ca'horan et Lief'aa nous ont demandé ce que nous faisions, d'un air suspicieux.

Neteyam s'est vainement justifié, avant de se lever et de lâcher ma main. J'en ai ressenti un manque affreux.

Son doux toucher m'a paru essentiel à cet instant. Et j'ai pris sur moi pour ne pas ouvrir le pan de la hutte et me jeter dans ses bras.

J'aurais pu.

J'aurais dû.

Mais je me suis rappelée à l'ordre. Lui et sa famille m'ont abandonnée. Il n'a juste pas envie de garder le poids de mes blessures sur la conscience.

C'est forcément ça.

Après cette entrevue, Neteyam n'est pas revenu aussi souvent, apparemment. D'après Tahina, s'être assuré de ma présence lui a momentanément suffi. Il avait l'air apaisé en partant. Du moins, plus qu'auparavant.

Ronal est revenue elle aussi pour continuer de me prodiguer des soins. Mais force est de constater que bien des blessures lui sont impossible à correctement soigner. Et l'urgence d'un retour à la forêt se fait de plus en plus sentir.

- Je ne comprends pas pourquoi mes crèmes ne fonctionnent pas efficacement, déplore Ronal en attrapant l'un de mes bras, pour l'examiner après avoir retiré le bandage végétal provisoire qu'elle a enroulé autour la veille au soir.

En effet, de larges croûtes suintent encore sur ma peau, impossibles à cicatriser. Je les fixe avec dépit et dégoût.

- Il y a des plaies que les moyens Na'vis ne peuvent refermer, dis-je simplement. Je vais devoir partir et retourner à Hell's Gate si je veux avoir une chance de me rétablir correctement.

La tsahìk soupire.

- Jake et Tonowari ne te laisseront pas partir, objecte-t-elle doucement.

Je hausse les épaules.

- Comme si j'avais besoin de leur accord, répliqué-je avec lassitude.

La Metkayina me contemple.

- Ils ne voudront pas car ils s'en veulent. Ils s'imaginent que te laisser retourner chez les Omatikayas signifiera ne plus jamais te revoir. Et moi aussi, ça m'inquiète.

- Je ne suis qu'un boulet pour vous, Ronal. Vous ne devez pas ressentir ce genre de chose à mon égard, alors qu'aucun de vous ne m'a jamais appréciée.

Ronal baisse légèrement la tête.

- Tu te fourvoies.

- Je ne pense pas, non. Je ne me sens pas aimée et acceptée dans ce village. Et ce ne sera jamais le contraire. Ne faites pas semblant je vous en prie.

La gorge serrée, je déglutis et baisse les yeux sur mes cuisses striées. Ronal relève mon menton pour me reconcentrer sur elle.

- Nous ne faisons pas semblant, mon enfant.

Un silence plane. Le cœur serré, je fixe cette Na'vi impérieuse. Ronal est fière, sûre d'elle et maîtrise bien ses émotions la plupart du temps. Mais là...

Sur un coup de tête - Avatar (Neteyam) [𝐄𝐍 𝐏𝐀𝐔𝐒𝐄]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant