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- Mais bouge tes fesses, Bleu ! On ne va jamais avoir une place de ciné sinon ! Si Nicolas me fait une réflexion, je te tabasse !

Rose est encore en colère. On s'est disputé il y a trois jours, et là, elle me tape sur le système.

~ Je te le retourne, ton Nicolas, s'il n'y a que ça. Je signe mes mots, ce qui m'oblige à m'arrêter pour que Rose me fasse face. Et d'ailleurs, je ne l'aime pas, ce type. C'est un con.

- Oh avec toi, tout le monde est un con Bleu ! Tu n'aimes personne à part moi. Les autres se foutent de ma gueule à cause de ça, limite, tu es mon mec, quoi ! La voix de ma sœur jumelle ne fait qu'augmenter dans les tons aigus. Je sais que je lui fais honte, mais quand même.

~ Oh pitié, Rose ! Il ne fallait pas me dire de venir dans ce cas. Je me barre, la honte de la famille s'en va.

Les mains dans les poches, je baisse la tête. Je me retiens d'être plus cinglant. J'aime ma sœur, mais parfois, je la déteste. Encore plus en ce moment depuis qu'elle est avec ce Nicolas. Ça fait quatre ans qu'ils sont ensemble, et ce mec sérieux me sort par les yeux. Il n'est pas tout net, ce gars. Il y a quelques choses que je n'aime pas chez lui. Comme le fait que ma Rose se maquille de plus en plus, ou que je la vois moins. Je ne l'aime vraiment pas.

Finalement, je fais demi-tour. Rose m'appelle, mais je ne veux pas l'écouter. Elle m'a bien énervé, en plus de ça, les films d'horreur, je déteste ça. Et je n'aime pas les lieux clos depuis que je suis gosse.

Maman m'appelle encore une fois. Rose a dû me balancer que je suis parti et qu'elle ne peut pas me surveiller comme le petit toutou que je suis. Au bout de trois appels en visio, je finis par poser le téléphone sur le petit mur face à moi. Ma mère commence à m'engueuler.

- Tu devais rester avec Rose ! Comment vas-tu rentrer maintenant ? Tu sais que prendre les transports, c'est toujours difficile ! Et Nicolas a le permis, c'est lui qui doit te ramener.

~ Je ne vais pas rester avec eux, puisque vous l'avez décidé, c'est bon là !

Si avant, je pensais que j'étais grand, désormais, je le suis vraiment, donc je me débrouille comme j'en ai envie. Je n'ai plus besoin de ma sœur.

Après avoir raccroché avec ma mère, je mets mes écouteurs et ma capuche. Je n'aime pas la ville, ni les gens, ni qu'on me regarde, qu'on me juge, qu'on me prenne en pitié, enfin bref, je n'aime pas la population humaine en général. Heureusement que j'ai un petit appartement pas loin. Même si ma mère est toujours sur mon dos, pour tout et n'importe quoi, j'avais besoin de m'éloigner d'elles, mais pas trop non plus.

Trouver un logement n'a pas été si compliqué. Finalement, dans le centre de la ville, les loyers n'étaient pas si chers. Un petit appartement qui ne paye pas de mine, il n'est pas très grand, mais il va très bien pour une personne. Je n'ai absolument pas à me plaindre de ce côté-là.

Je travaille dans un bureau, face à un ordinateur toute la journée. Mon poste est adapté à mes capacités. Je ne suis pas trop mauvais dans ce que je fais, et les études ont été bien plus compliquées que le travail en lui-même. Je n'ai jamais été mauvais dans ce que je fais, toujours appliqué et impliqué. Je n'ai peut-être pas eu de mention pour mes diplômes, mais au moins, j'en suis fier, car je les ai obtenus dans des écoles normales.

Je n'ai pas honte de mon parcours professionnel et étudiant. Ce sont eux qui doivent avoir honte de leurs comportements face à moi. Plus jamais on ne me rabaissera comme on l'a déjà fait, et plus jamais je ne me reposerai sur Rose pour avancer.

Mais là, maintenant, j'ai un petit souci.

C'est la ligne B ou la ligne C que je dois prendre pour rentrer à la maison ?

Sans parler, On se voit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant