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J'ouvre la bouche en grand. J'ai toujours eu ce réflexe de faire des mimiques avec mon visage. J'adorais embêter Rose quand je recopiais ce qu'elle faisait quand elle était énervée, vexée et comme un mime, je reproduisais.

~ Pas que tu te déshabilles, voyons. Mais tu en as ?

- J'en ai trois, mon chéri. Il m'envoie un clin d'œil en claquant sa langue contre le palais. Je saisis le sens de sa phrase qu'au moment où l'on se chamaille pour la salle de bain.

Par habitude, je lui parle en langue des signes. Il lève un sourcil et j'abandonne l'idée. Je me pose dans le lit en attendant. On se comprend assez bien, mais la barrière de la langue est un vrai problème au quotidien quand j'oublie que personne ne la parle.

En attendant, je traîne sur les réseaux, mais la lumière me brûle les yeux. En me frottant, je perds ma lentille et il ne trouve pas mieux que de sortir à ce moment-là.
Je la cherche avant qu'il ne me voie sans, mais c'est loupé quand, par réflexe, je lève la tête lorsqu'il m'appelle.

- Tu pourrais ne pas la porter quand on est seul ?

~ Apprends le langage des signes et peut-être que j'y penserais. Mais tu es obsédé par ça depuis que tu l'as vu, tu t'en rends compte ?

- Si je l'apprends, tu le fais vraiment ? Me demande-t-il de sa hauteur.

J'acquiesce de la tête. Je ne sais pas si je tiendrai parole, mais s'il essaie réellement, peut-être que je pourrai faire un effort.
Devant le miroir, je jette légèrement la tête en arrière. Le sérum pour les yeux me fait toujours avoir un sursaut bien que je sache la sensation que ça fait et là préparation psychologique intense de recevoir cette goutte.

- Pourquoi tu le caches ? Je fais un sursaut de tous les diables quand il me pose la question. Il est beau cet œil, tu ne devrais pas le cacher, ça fait partie de toi. Mais je ne voulais pas dire ça à l'origine.

Je le vois avec son sourire triomphant devant moi. Il gonfle exagérément le torse. Il pose trois doigts sur son menton, qu'il abaisse vers le sol. Je ris face à son geste maladroit. Je vois la déception dans son visage, mais c'est agréable de le voir dire bonjour même si ce qu'il m'a fait aurait pu être une offense.
Je lui montre le geste. Il le reproduit plusieurs fois, et son sourire s'élargit quand je le félicite en tapant dans mes mains.

Il commence à enlever son t-shirt qui lui sert pour dormir. Je me demande ce qu'il fabrique quand je vois ses tétons percés par deux barres à bijoux pointues.

Ça lui va extrêmement bien. S'il me le montre, c'est qu'il doit être résolu à ce que je tienne parole.

- Tu baves Bleu.

Mon regard descend à son entrejambe et je comprends où est le troisième.

- Je ne vais peut-être pas te montrer le troisième, à moins que ça t'intéresse ? Un PA*, oui, il est bien là où tu penses.

J'ai mal pour lui. Je ne comprends pas comment on peut aimer souffrir comme ça. Quand on m'a percé l'oreille chez ma grand-mère, je me souviens d'avoir eu extrêmement mal.
Et ça avait très mal cicatrisé, c'était devenu rouge et gonflé par la suite.

- Je t'attends dans le lit le voyeur. Il m'envoie un clin d'œil et je trouve cette demi conversation très étrange. Je pourrais me faire des films, à croire qu'il me fait du rentre-dedans, ou que c'est naturel chez lui d'avoir ce regard un peu salace.

Ma douche prise, je renifle mon odeur caramel qui me convient très bien et finit par rejoindre le blandinet, encore une fois, il a jeté la couverture de mon côté, il ne porte plus son t-shirt et il est resté sur le ventre comme la veille, la tête sur ses mains, mais le problème, c'est qu'il prend plus de la moitié du lit.
J'essaie de le décaler doucement, mais je le sens résister, je finis assis en tailleur à regarder ce dos.
Il m'impressionne.

Sans parler, On se voit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant